Birmanie

Le Myanmar est l’un des 10 pires pays au monde pour les travailleurs

credits photo MARTIN KEEP / AFP

Des manifestants protestent contre le coup militaire au Myanmar en geste de solidarité durant le sommet de l’Australie-ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) tenu à Melbourne (Australie) en mars 2024.

La situation des syndicats et des travailleurs est désastreuse depuis la prise du pouvoir par les militaires en 2021 ; les syndicalistes sont constamment arrêtés, maltraités et détenus. Les membres exécutifs de la confédération syndicale du pays, la Confederation of Trade Unions Myanmar (CTUM), ont été pris pour cible, et un responsable de la fédération agricole Agricultural and Farmers Federation of Myanmar (AFFM), Moe Gyi, a été emprisonné et a subi des violences physiques.

Plus de 300 membres et militants syndicaux ont été arrêtés depuis 2021. La junte a interdit la quasi-totalité des syndicats, réduisant ainsi à néant le droit fondamental de liberté syndicale. En réaction, deux entreprises de l’UE ont annoncé qu’elles allaient quitter le Myanmar.

Les travailleurs qui ont négocié des augmentations de salaire, notamment les employés d’une grande usine qui approvisionne des marques internationales, ont fait l’objet de menaces et d’une oppression accrue, impliquant le travail forcé, des conflits sur les heures supplémentaires, le non-paiement des heures supplémentaires effectuées le week-end et le refus d’accorder les congés demandés.

Nouvelle arrestation d’un dirigeant syndical réputé

Thet Hnin Aung, secrétaire général de la fédération syndicale de l’artisanat et des services, la Myanmar Industry Crafts and Services Trade Union Federation (MICS-TUsF), avait été arrêté par les autorités militaires en juin 2021 et condamné à deux ans d’emprisonnement avec travaux forcés et à une amende. Il a été libéré le 26 juin 2023 pour être aussitôt arrêté de nouveau. Il a ensuite été enlevé et détenu au secret par les militaires pendant cinq mois. En novembre 2023, il a été condamné, sans représentation légale, à sept ans de prison avec travaux forcés pour terrorisme.

L’armée met fin à la grève dans une usine de confection

Le 14 juin 2023, cinq dirigeantes syndicales – Ma Aung Aung, Ma Thandar Aye, Ma Ayr Thandar Htay, Ma May Thu Min et Ma Thu Thu San – employées à l’usine de vêtements Hosheng (Myanmar) Garment Factory à Yangon, ont été arrêtées par le conseil militaire après avoir manifesté pour obtenir une augmentation de salaire de 800 kyats (0,38 dollars É.-U.) par jour. Les cinq dirigeantes et deux autres manifestants avaient été licenciés quelques jours avant leur arrestation pour avoir demandé cette hausse de salaire. Les 12 et 13 juin, plus de 600 travailleurs ont protesté contre le licenciement du comité exécutif de leur syndicat. Le 13 juin, des fonctionnaires et des militaires ont dit aux grévistes qu’ils pouvaient négocier avec la direction de l’usine et, suite à cette réunion, la dirigeante syndicale Ma Thu Thu San a été placée en détention, et les quatre autres dirigeantes ont été arrêtées. Aucun contact n’a été établi avec Ma Thu Thu San depuis son arrestation et l’inquiétude augmente quant à sa sécurité.