L’enjeu
Le modèle économique mondial n’a pas pris en compte les besoins des travailleurs et des travailleuses. Le pouvoir et la cupidité des grandes entreprises mondiales exercent une emprise sur les gouvernements, portant désormais atteinte aux droits et à la sécurité de leurs propres travailleurs et favorisant les multinationales. Dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, 94 pour cent de la main-d’œuvre est confrontée à de mauvaises conditions de travail et à l’exploitation en raison de contrats commerciaux complexes qui rendent le contrôle difficile.
Dans un monde plus prospère que jamais, 70 % des personnes sont toujours privées d’une protection sociale universelle, 84 % des citoyens estiment que le salaire minimum n’est pas suffisant pour vivre et dans 79 % des pays les violations du droit de négociation collective sont permises. Il s’agit, par nature, d’inégalités. La cupidité des entreprises renforce les inégalités, l’exclusion et le désespoir, perpétuant ainsi l’instabilité de nos communautés et de notre planète.
Il est temps d’établir un nouveau contrat social.
La solution
Un nouveau contrat social contribuerait à assurer le respect des droits, des emplois décents, accompagnés de salaires minimums vitaux et d’une négociation collective, une protection sociale universelle, une diligence raisonnable et une responsabilisation dans les activités des entreprises, ainsi qu’un dialogue social garantissant des mesures pour une transition juste en matière de climat et de technologie.
Nous rejetons l’idée selon laquelle les travailleurs sont de simples ressources de production à exploiter. Par conséquent, le nouveau contrat social s’articule autour de six piliers, définissant chacun une dimension spécifique des relations sociales dans le monde du travail et plaçant l’humain au centre du développement socioéconomique.
Emploi : les gouvernements doivent tout mettre en œuvre pour garantir le plein emploi et des emplois décents, en prenant notamment des mesures pour formaliser l’économie informelle et investir dans des emplois de qualité et respectueux du climat, soutenus par une transition juste.
Droits : les gouvernements et les employeurs doivent s’assurer du respect des droits fondamentaux du travail inscrits dans les conventions et les déclarations de l’Organisation internationale du Travail (OIT), notamment la liberté syndicale, la négociation collective, la non-discrimination, l’égalité salariale, l’abolition du travail forcé et du travail des enfants, et la santé et la sécurité au travail. Ces droits doivent s’appliquer à tous les travailleurs, quel que soit le régime sous lequel ils sont employés ou leur statut migratoire.
Salaires justes : les gouvernements doivent garantir un salaire minimum vital permettant à tous les travailleurs de vivre dignement et renforcer la négociation collective à tous les niveaux. Ils doivent garantir aux femmes et aux hommes un salaire égal pour un travail de valeur égale, ainsi que la transparence salariale.
Protection sociale : les gouvernements doivent mettre en place des systèmes de protection sociale universelle, bien financés, basés sur la primauté du droit et le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes, et garantir des services publics essentiels tels que la santé, les soins et l’éducation. Une fiscalité équitable est indispensable pour financer ces services et réduire les inégalités en termes de revenus.
Égalité : les gouvernements doivent lutter contre les inégalités entre les différents groupes en termes de revenus, de genre et de race en introduisant et en appliquant des mesures législatives fermes sur la lutte contre la discrimination. Les préjugés sexistes présents dans les lois et les politiques doivent être éliminés afin de garantir un monde du travail exempt de violence et de harcèlement fondés sur le genre, conformément à la convention 190 de l’OIT.
Inclusion : les gouvernements doivent garantir des processus de gouvernance démocratiques et un dialogue social dans le cadre des débats entourant la politique économique, afin de permettre aux travailleurs d’avoir leur mot à dire dans les décisions concernant leur vie quotidienne.