Chaque matin, Adama, âgée de 11 ans, entreprend un voyage remarquable. Avec son vieux sac d’école sur l’épaule, elle se lance dans une marche de 10 kilomètres jusqu’à l’école, traversant des chemins poussiéreux et un terrain accidenté. L’histoire d’Adama illustre la résilience et la détermination ancrées dans le tissu des communautés africaines. Mais derrière sa détermination juvénile se cache une réalité criante - une réalité façonnée par les dures réalités de la pauvreté, de la faim et de la dégradation de l’environnement. La famille d’Adama, comme beaucoup d’autres en Afrique, est confrontée à d’énormes défis. Sa mère travaille comme commerçante dans l’économie informelle et son père ne parvient pas à obtenir un emploi stable, la famille peine à joindre les deux bouts. Adama elle-même va souvent se coucher le ventre vide, les repas étant rares et sous-nourris. Pourtant, malgré ces difficultés, son esprit reste intact, alimenté par l’espoir d’un lendemain meilleur.
Mais l’espoir seul ne peut surmonter le réseau complexe de défis auxquels l’Afrique est confrontée. Le changement climatique a exacerbé la situation, asséchant des sources d’eau autrefois abondantes et poussant la marche quotidienne d’Adama pour chercher de l’eau d’un simple kilomètre à un pénible sept kilomètres. À mesure que les impacts du changement climatique s’intensifient, les difficultés auxquelles est confrontée la famille d’Adama et d’innombrables autres à travers le continent s’aggravent également. Face à une telle adversité, les résultats du 10e Forum régional africain sur le développement durable (FASD-10) offrent un rayon d’espoir. Les délégués, représentant diverses parties prenantes de toute l’Afrique, se sont réunis pour tracer un chemin vers le développement durable - un chemin qui promet de transformer la réalité d’Adama et de millions d’autres comme elle.
Au cœur des délibérations du forum se trouve la reconnaissance du besoin urgent de transformation économique de l’Afrique pour s’aligner sur les objectifs ambitieux de l’Agenda 2030 et de l’Agenda 2063. La Déclaration d’Addis-Abeba, adoptée lors du forum (23-26 avril 2024), souligne l’impératif de fournir des solutions durables, résilientes et innovantes pour éradiquer la pauvreté, la faim et les inégalités sous toutes leurs formes. Les engagements énoncés dans la déclaration couvrent un large éventail de questions, du développement durable et du financement à la paix et à la sécurité internationales, à l’innovation scientifique et à la coopération numérique. Ils appellent à des actions audacieuses pour réformer les institutions financières mondiales, renforcer les cadres de gouvernance et tirer parti des technologies émergentes pour un développement inclusif.
Mais les mots seuls ne suffisent pas. Le véritable test réside dans la traduction de ces engagements en actions tangibles qui apportent un changement significatif dans la vie d’Adama et d’autres en première ligne des défis de développement de l’Afrique. C’est un test qui exige un effort collectif et un engagement inébranlable de toutes les parties prenantes - des gouvernements et des organisations internationales à la société civile et au secteur privé.
En tant que syndicats, l’Organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (ITUC-Afrique) et la Confédération syndicale internationale (CSI) ont un rôle crucial à jouer dans cette entreprise. En plaidant pour des politiques qui donnent la priorité au travail décent, à la protection sociale et à la durabilité environnementale, les syndicats peuvent amplifier les voix des travailleurs et des communautés marginalisées, faisant avancer l’agenda du développement durable.
Les délégués d’ITUC-Afrique participant au FASD-10 ont souligné la nécessité de la réalisation des Voies de Transition Juste telles qu’elles ont été convenues par les États membres africains avant la COP28. Ils ont mis en avant l’adoption révolutionnaire par la Somalie de la Transition Juste en droit en intégrant un article autonome dans la Loi sur la gestion de l’environnement, marquant ainsi la première fois en Afrique où la Transition Juste est devenue loi. Le chef de la délégation, Hod Anyigba de l’ITUC-Afrique, a également déclaré que la réalisation de la Transition Juste ne serait pas possible sans adopter une approche de dialogue social, où l’attitude de la société dans son ensemble est embrassée. Étant donné que la crise induite par le climat est une crise nationale, il a appelé les États membres africains à réaliser des Voies de Transition Juste basées sur le dialogue social.
Compte tenu de ces recommandations, les syndicats avancent les points suivants à prendre en considération : Premièrement, les syndicats plaident en faveur de la mise en œuvre d’une protection sociale universelle conforme aux normes de l’OIT. Cela implique de veiller à ce que tous les travailleurs, quel que soit leur statut d’emploi, aient accès à des mesures de protection sociale adéquates, notamment des soins de santé, des pensions et des allocations de chômage. De plus, il est impératif de protéger les segments vulnérables de la société, y compris les travailleurs informels, les femmes et les jeunes.