Birmanie : « Ces élections sont une mascarade » déclarent la CSI, la CES et des associations de défense des droits de l’Homme

Vendredi 5 novembre, la CSI et ses affiliés en Belgique, la Confédération européenne des syndicats, la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme), Amnesty International et Actions Birmanie, ont manifesté devant l’ambassade birmane à Bruxelles à l’occasion de la journée d’action internationale organisée avant les élections prévues ce weekend.

La délégation a dénoncé la mascarade que constituent les élections législatives qui se tiendront le dimanche 7 novembre puisqu’elles ne restaureront pas la démocratie ou le respect des droits de l’Homme du peuple birman. En effet, leur seul et unique but est de renforcer l’impunité. Les manifestants ont fermement condamné le recours permanent par la junte militaire birmane à des mesures répressives et restrictives afin de s’assurer que le pays restera sous son contrôle après les élections législatives du 7 novembre.

Pour qu’elles soient ouvertes à tous, libres et justes, il est essentiel qu’elles fassent l’objet d’une supervision internationale et soient couvertes par des médias indépendants. En septembre, la commission électorale a annulé le scrutin dans plus de 3400 villages situés dans les états de Kachin, Kayah, Kayin, Mon, et Shan. D’après les estimations, près de 1,5 million de birmans ont ainsi été privés de leur droit de vote et bien d’autres ont subi le même sort parce que les lois électorales interdisent aux partis d’opposition et aux militants pro-démocrates de participer librement à la campagne électorale et au scrutin. Plusieurs milliers de défenseurs de la démocratie et des droits de l’Homme sont toujours emprisonnées. Le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, a déclaré le 27 septembre que ces élections ne pouvaient être crédibles que si les prisonniers politiques étaient tous libérés, y compris Aung San Suu Kyi, fer de lance du mouvement pour la démocratie.

La CSI, ainsi que des associations de défense des droits de l’Homme, demande une nouvelle fois la libération immédiate des 2200 prisonniers politiques, dont les syndicalistes.

Les évènements qui feront suite aux élections sont graves. Les dispositions de la Constitution (2008) sont ne pas conformes aux principes démocratiques. Cette constitution permet de justifier juridiquement l’impunité, y compris l’impunité rétroactive, contre toutes les poursuites. La Birmanie est encore le théâtre de crimes intolérables, dont les assassinats extrajudiciaires, le travail forcé, la torture, le viol et le recrutement d’enfants soldats. Nous avons soutenu la création d’une Commission d’enquête des Nations Unies chargée d’examiner les accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés en Birmanie. Les crimes restent des crimes et les élections restent des élections. Une commission d’enquête devrait être considérée comme un processus légal et non une sanction. Quelle que soit l’issue de ces élections, le peuple doit être protégé et justice doit être rendue aux victimes de ces crimes de toute urgence.

La CSI exhorte le SPDC (State Peace and Development Council) à lever l’interdiction qui pèse sur les syndicats et à donner aux travailleurs birmans une voix, à autoriser dans la loi et dans la pratique la liberté d’association en Birmanie et à mettre un terme au travail forcé comme cela avait été promis lors de la ratification de la Convention 29 dans ce domaine puis les engagements pris auprès de l’Organisation International du Travail (OIT).
Les gouvernements et les employeurs, tout comme les syndicats à travers le monde, devraient soutenir la création d’une Commission d’enquête sur la liberté d’association en Birmanie par le Conseil d’administration de l’OIT.

La CSI exhorte la communauté internationale, par l’intermédiaire du Conseil de sécurité de l’ONU, à approuver la mise en place d’un embargo total sur les armes à destination de la Birmanie et soutient la création d’une commission d’enquête des Nations Unies dont la mission serait d’enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis dans le pays.
La CSI assure aux autorités militaires que les syndicats continueront de faire campagne pour que les droits de l’Homme du peuple birman soient enfin pleinement appliqués et respectés.

« La démocratie ne signifie rien pour la junte militaire » a déclaré Sharan Burrow, Secrétaire Générale de la CSI. « Il est urgent de prendre toutes les mesures nécessaires afin de faire pression sur le régime pour qu’il mette un terme à toutes les formes de travail forcé, qu’il libère tous les prisonniers politiques, dont les syndicalistes, et qu’il respecte les droits démocratiques du peuple birman. Une véritable justice sociale doit être instaurée en Birmanie de toute urgence. »

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