Les syndicats écrivent une page d’histoire avec l’accord sur la sécurité incendie et bâtiments

Dans la spirale infernale conditionnée par des consommateurs en quête de vêtements toujours moins chers – ce sont les travailleuses et travailleurs qui paient le prix fort. Pour l’heure, le Bangladesh fournit l’une des mains-d’œuvre les meilleurs marché du secteur textile.

C’est aussi au Bangladesh qu’est survenu tout récemment un accident tragique qui a coûté la vie à plus de 1200 personnes, suscitant l’émoi aux quatre coins du monde. Or ce drame, qui s’inscrit désormais parmi les pires accidents industriels de l’histoire, n’a aucunement surpris les professionnels du secteur textile international.

IndustriALL (qui représente les travailleuses et travailleurs du textile) et UNI Global Union (qui représente le secteur du détail) ont réussi, en partenariat avec diverses ONG et la CSI, à persuader un grand nombre de marques de prêt-à-porter à signer un accord sur la sécurité incendie et bâtiments des usines. Il s’agit d’une initiative exceptionnelle qui, on l’espère, contribuera à améliorer la situation de travailleuses et travailleurs qui comptent parmi les plus pauvres et les plus précaires au monde. Aussi, la CSI tient-elle à féliciter les FSI pour cette victoire historique.

Jyrki Raina, secrétaire général d’IndustriALL a déclaré, suite au lancement de l’accord : « Il s’agit d’améliorer les conditions de travail et de vie de travailleuses et travailleurs parmi les plus exploités à niveau mondial, qui touchent 38 dollars par mois dans des conditions dangereuses. »

Depuis de nombreuses années, les équipementiers sportifs transnationaux ont été incités à prendre des mesures à travers la campagne PlayFair. Ils adhèrent tous à l’un ou l’autre code de conduite mais laissent passer des failles qui font que les travailleurs paient encore et toujours le prix fort. Les grandes marques de prêt-à-porter n’échappent pas à cette règle.

Des enquêtes réalisées dans des usines de pays proches où les travailleurs bénéficiaient de conditions similaires (rapports PlayFair 2008 et 2012) nous permettent de voir que très souvent, les travailleurs sont prêts à risquer leur sécurité pourvu d’atteindre les quotas et de toucher suffisamment pour subvenir à leurs familles.

Nous savons aussi que les travailleuses/travailleurs ne sont pas pris au sérieux lorsqu’elles/ils portent plainte et que d’emblée, elles/ils ont généralement trop peur de se plaindre.

Les fournisseurs (propriétaires d’usines) mentent systématiquement aux vérificateurs chargés des audits sur les conditions et les normes de sécurité pour le compte des marques fabriquées dans leurs usines. Toutefois, le véritable pouvoir est entre les mains des marques de vêtements dont l’influence leur permet, en principe, d’imposer n’importe quelle condition et d’obliger les fournisseurs à s’y conformer.

La première entreprise à rallier l’accord était H&M, suivie d’Inditex, C&A, PVH, Tchibo, Tesco, Marks & Spencer, Primark, El Corte Inglés, jbc, Mango, Carrefour, KiK, Helly Hansen, G-Star, Aldi, New Look, Mothercare, Loblaws, Sainsbury’s, Benetton, N Brown Group, Stockmann, WE Europe, Esprit, Rewe, Next, Lidl, Hess Natur, Switcher, Abercrombie & Fitch, Bonmarche, John Lewis, Charles Vögele, V&D, Otto Group et s.Oliver.

Le secrétaire général d’UNI, Philip Jennings, a déclaré : « Walmart, le plus grand détaillant du monde, est en train de se fourvoyer. En refusant de signer, la marque Walmart touche à nouveau le fond. Nous irons de l’avant sans elle. »

La marque grand public étasunienne Gap s’est, elle aussi, abstenue de signer, malgré son engagement affirmé aux droits des travailleurs et la pression de ses actionnaires lors de sa récente assemblée générale annuelle.