Réunion à Haut Niveau du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE : les syndicats demandent un rôle plus décisif pour les travailleurs dans l’élaboration des politiques de coopération au développement

Les syndicats ont participé à la réunion à haut niveau (RHN) du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, le 15 novembre, et ont exprimé leurs demandes concernant les priorités des donateurs en matière de coopération au développement pour les deux prochaines années.

Ils ont souligné l’importance d’un partenariat avec les syndicats par le biais du dialogue social et de la mobilisation des efforts visant au respect des droits de liberté syndicale, de négociation collective et d’organisation, conformément à la recommandation du CAD sur le renforcement de la société civile.

La secrétaire générale du TUAC, Veronica Nilsson, a appelé les donateurs du CAD à revoir à la hausse les fonds d’aide pour atteindre 0,7 % de leur revenu national brut (RNB). Elle a également mis en garde contre le concept « billions to trillions » (« multiplier les milliards par mille »), qui encourage le secteur privé à investir des milliards dans les pays en développement en vue de générer des milliers de milliards en capitaux privés. Elle a souligné la nécessité d’appliquer des instruments de conduite responsable des entreprises dans le cadre des relations avec le secteur privé. Elle a également souligné la nécessité d’accroître le soutien en faveur de la création d’emplois décents et respectueux du climat et de la protection sociale, en allouant 7 % de l’aide à cette priorité d’ici à 2030 et 14 % par la suite. En outre, Veronica Nilsson a proposé de travailler à l’élaboration d’une recommandation du CAD sur la protection sociale.

« Les inégalités entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci se creusent, alors que nous assistons à des revers considérables sur le plan du développement, le tout dans un contexte de fortes tensions géopolitiques, de conflits armés et de dégradation environnementale. Cette situation mine encore davantage la cohésion sociale et affaiblit les démocraties. Le dialogue social, la protection sociale et les droits fondamentaux des travailleurs doivent être au cœur de la coopération au développement, y compris en réponse au changement climatique », a-t-elle déclaré.

Dans le cadre de la discussion sur la reconstruction de l’Ukraine, les syndicats ont souligné la nécessité de respecter les droits d’organisation et de négociation collective, tout en garantissant la participation des partenaires sociaux et le dialogue social. Les droits sociaux et la participation active des syndicats, ont-ils souligné, doivent se trouver au cœur des efforts de reconstruction.

Communiqué de la RHN

Tout en notant que le communiquéadopté à l’issue de la réunion à haut niveau était loin de contenir les engagements fermes nécessaires pour relever les défis mondiaux du moment, les syndicats se sont félicités d’un certain nombre d’engagements qui ont été pris. Au premier rang de ceux-ci figuraient la réaffirmation de l’objectif de 0,7 % pour l’APD, la promesse de « prendre des mesures globales pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités, ainsi que pour lutter contre le changement climatique », l’initiative visant à travailler en dialogue avec les partenaires afin de « formuler de nouvelles orientations pour les efforts de réduction de la pauvreté et des inégalités » ainsi que les références à l’augmentation du financement de systèmes de protection sociale tenant compte de l’égalité des genres.

Les syndicats ont, par ailleurs, soutenu fermement les deux engagements suivants énoncés dans le communiqué : « Notre priorité sera [...] de renforcer la promotion et l’application des normes de l’OCDE sur la conduite responsable des entreprises dans la coopération pour le développement » et « Nous continuerons d’apporter et de mobiliser des financements à l’appui d’une transition verte et inclusive dans les pays en développement […] tout en soulignant l’importance d’une transition juste pour les travailleurs et les communautés dans chaque pays ».

L’engagement des syndicats dans les travaux du CAD au cours des deux prochaines années sera essentiel pour garantir que ces priorités deviennent une réalité et se traduisent par des progrès tangibles dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités.