Mamadou Diallo, secrétaire général adjoint de la CSI, est intervenu durant le dialogue des ministres des Finances sur le thème « Promouvoir une croissance inclusive et réduire les inégalités ». Il a appelé de ses vœux des politiques fiscales plus efficaces permettant de renforcer une croissance inclusive et de réduire les inégalités. M. Diallo a également insisté sur la nécessité de mobiliser des ressources domestiques afin de soutenir l’élargissement des systèmes nationaux de protection sociale qui assurent une couverture universelle, conformément aux normes de l’OIT.
M. Diallo a également soulevé un autre point, à savoir l’application effective de politiques fiscales équitables qui garantiront la contribution des entreprises au financement d’un emploi décent et durable. À cet égard, M. Diallo a déclaré que des efforts renforcés et des engagements assortis d’un calendrier sont fondamentaux pour lutter contre l’érosion des recettes fiscales et le transfert des bénéfices, ainsi que contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux.
Les remarques de M. Diallo sont particulièrement pressantes étant donné que bon nombre d’États ont réduit les prestations sociales et les services sociaux ces dernières années en raison de leurs coûts.
#ITUC Dpty GS Mamadou Diallo 🇸🇳 at the 4th Financing for Development Follow-Up Forum in NY today stressing importance of mobilising #domesticresources in order to support #socialprotection systems + fair fiscal contributions from #business to ensure #DecentWork #ODA #SDGs #taxes pic.twitter.com/nF4edw4VFF
— Unions4Dev (@TUDCN_rscd) April 16, 2019
Les investissements du secteur privé, les ODD et les droits humains
Leo Baunach, directeur du bureau de Washington de la CSI, et le groupe des Syndicats mondiaux ont participé à la table ronde sur les « ressources publiques nationales ». Durant son intervention, Leo Baunach a appelé à établir et à appliquer des critères de sélection afin de s’assurer que les investissements du secteur privé dans les programmes de développement soient alignés sur les principes d’efficacité du développement et les ODD.
Il a également souligné qu’avant de renforcer leur soutien à des instruments novateurs, comme le financement mixte, les donateurs devraient réunir davantage de preuves de la capacité réelle de ces instruments à lever des fonds privés à l’échelle requise pour financer un développement durable. Enfin et surtout, M. Baunach a insisté sur la nécessité de disposer de critères d’éligibilité pour les investisseurs et les entreprises privés qui prennent part à des initiatives de financement mixte et de fonder ces critères sur les droits fondamentaux de la personne et des travailleurs/euses.
Des délégués de la CSI sont également intervenus lors de réunions parallèles sur des questions en rapport avec la protection sociale et sur des problèmes systémiques. Sur ce dernier point, Leo Baunach a souligné la nécessité de mettre en place des réformes systémiques qui changent les règles de l’économie mondiale, en prévoyant un espace politique pour des politiques sectorielles et des règlements financiers durables.
On behalf of #ITUC, as part of the #CSO #FfD coalition, Leo Baunach delivered a strong message on #blendedfinance in #development @ the FfD Forum in 🇺🇸 NY, calling for alignment 2 development effectiveness principles & to the #SDGs + a fair distribution of risks #FFD2019 #Fin4Dev pic.twitter.com/GeRxpLPImb
— Unions4Dev (@TUDCN_rscd) April 18, 2019
La communauté internationale n’en fait pas suffisamment
À la question de savoir si la communauté internationale en fait suffisamment pour répondre à ces besoins financiers, la présidente de l’Assemblée générale, María Fernanda Espinosa, a déclaré que « Clairement, la réponse est non ». Jorge Moreira da Silva, directeur de la Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE, a ajouté qu’il « n’y a pas de place pour de la complaisance », tout en avertissant que le monde risquait de ne pas atteindre les objectifs du Programme à l’horizon 2030.
Malgré des signes de progrès, les investissements cruciaux pour la réalisation des ODD restent sous-financés. Le financement durable du développement suscite un intérêt croissant, mais celui-ci n’atteint pas une ampleur suffisante. Les défis sont nombreux : lutte contre les flux financiers illicites et redistribution des richesses, restrictions commerciales; augmentation des risques liés à la dette; pays enregistrant une fuite considérable des capitaux, augmentation des inégalités à l’intérieur des pays, alors que le salaire réel mondial augmente à peine (1,8 % en 2018, soit la progression la plus faible depuis 2008).
En outre, les États membres de l’OCDE sont loin de tenir leur engagement de consacrer 0,7 % de leur PIB au budget de la coopération au développement. Ainsi, en 2018, l’aide publique au développement (APD) a représenté un maigre 0,13 % du revenu national brut, bien loin du chiffre de 0,7 % convenu voici près d’un demi-siècle. En outre, les pays donateurs sont de plus en plus réticents à apporter une aide sous la forme de subventions. En revanche, ils utilisent les ressources disponibles de plus en plus limitées dans le cadre de mécanismes faisant intervenir le secteur privé, comme le financement mixte, dont l’efficacité en matière de développement doit encore être démontrée.
Pourquoi les syndicats participent-ils au Forum sur le suivi du financement du développement ?
Le Forum sur le suivi du financement du développement de l’ECOSOC est un processus intergouvernemental dont la mission consiste à examiner les résultats du Programme d’action d’Addis Abeba (2015) et d’autres outils de financement du développement qui sont essentiels à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030 et de ses Objectifs de développement durable (ODD).
Le Forum sur le suivi du financement du développement de l’ECOSOC est un espace multilatéral unique, au sein duquel des discussions sur le financement du développement peuvent avoir lieu librement, toutes les nations étant représentées sur un pied d’égalité. Pourtant, une année vient encore de s’écouler et les membres ne sont pas prêts à relever les défis que représente le financement des ODD. Avec d’autres OSC, la CSI continue de croire que ce processus peut et doit jouer un rôle déterminant dans la suppression de nombreux obstacles structurels à la transformation socioéconomique et à l’avancement des réformes systémiques des cadres économiques mondiaux afin de les réaligner sur les impératifs des droits humains, de l’emploi décent, de la justice en matière de genre et du développement durable. Toutefois, les gouvernements vont devoir faire plus que se réjouir, reconnaître ou réaffirmer des accords passés; ils vont devoir faire preuve de leadership politique, d’ambition et mener des actions pour empêcher que le Programme à l’horizon 2030 n’échoue. L’heure est venue de passer à l’action.