Chacune de ces études intitulées « Les ODD pour la reprise et la résilience » présente une évaluation générale de la situation dans les régions concernées, accompagnée d’une analyse détaillée d’études de cas nationales spécifiques : Kenya et Sénégal pour l’Afrique, Brésil et République dominicaine pour les Amériques et Pakistan et Népal pour l’Asie-Pacifique. Les études se referment sur une série de recommandations adressées aux gouvernements et aux donateurs de la coopération internationale.
Basées sur le suivi mondial de l’ODD 8 de la CSI, les études montrent que si le monde avait véritablement investi dans la mise en œuvre du programme 2030 et de l’ODD 8 depuis leur adoption en 2015, les conséquences de cette crise sanitaire n’auraient pas été aussi dramatiques qu’elles l’ont été et qu’elles le sont encore actuellement.
Afrique : Le continent aurait pu éviter les pires conséquences sanitaires de la pandémie de COVID-19, mais les différentes économies ont subi de plein fouet les impacts directs de cette crise, laissant les pays en proie à une inflation galopante et à une augmentation du poids de la dette. S’agissant des travailleurs, l’outil de suivi mondial de l’ODD 8 de la CSI montre que l’Afrique se voit attribuer le score le plus bas du monde pour l’indicateur composite lié à cet objectif, avec un impact plus notable encore sur les travailleuses, les jeunes et l’économie informelle.
Les syndicats demandent aux gouvernements africains d’accorder la priorité aux politiques qui contribuent à la croissance économique et à créer des emplois décents et productifs, notamment en investissant dans l’économie des soins, la numérisation et la formation professionnelle, afin de garantir des emplois décents et respectueux du climat capables d’extraire des millions de travailleurs de la pauvreté et du secteur informel. Les bailleurs de fonds internationaux doivent augmenter de toute urgence l’aide au développement à 0,7 % de leur revenu national brut et aider à la mobilisation des ressources nationales africaines au travers d’un impôt progressif et d’autres mesures pour freiner le tarissement des économies africaines, telles que la coopération internationale pour lutter contre l’évasion fiscale, les transferts de bénéfices et les flux financiers illicites.
Amérique latine et les Caraïbes : Si les politiques temporaires adoptées pour faire face à la pandémie ont permis d’atténuer ses effets, celles-ci n’ont cependant pas pu empêcher l’aggravation de problèmes structurels tels que les inégalités, la pauvreté et la pénurie d’emplois décents. La crise a également amplifié les multiples défis que doivent déjà relever les gouvernements latino-américains pour atteindre les objectifs du programme 2030, notamment l’ODD 8, particulièrement à la traîne. La région se classe au quatrième rang dans le Moniteur mondial de la CSI sur l’ODD8. Bien qu’elle obtienne de meilleurs résultats que l’Asie-Pacifique et l’Afrique, l’Amérique latine est à la traîne, notamment en termes d’inégalité des revenus et de vulnérabilité croissante en matière d’emploi.
Les syndicats appellent les gouvernements de la région à investir dans une véritable transformation socio-économique, qui soit basée sur le travail décent pour tous et des salaires minimums vitaux garantis, et accompagnée de mesures pour une transition juste et des systèmes de protection sociale universelle. Les syndicats demandent également aux donateurs internationaux d’inclure la dimension du travail dans leurs critères d’éligibilité en matière d’APD et de faire en sorte que cette dernière puisse servir à intégrer les travailleurs informels dans l’économie formelle et à renforcer les systèmes de protection sociale.
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Asie-Pacifique : La région ne s’est toujours pas relevée de la pandémie tandis que le fossé des inégalités s’est creusé au sein des pays et entre eux, dans un contexte où le travail décent vient systématiquement à manquer. Les données de l’outil de suivi de l’ODD 8 de la CSI montrent que l’Asie-Pacifique se situe en dessous de la moyenne mondiale en ce qui concerne le bien-être économique, la qualité des emplois, la vulnérabilité des travailleurs et les droits du travail. La situation des droits du travail est particulièrement alarmante puisque 21 pays sur 25 se situent en dessous de la moyenne mondiale.
Les recommandations des syndicats adressées aux gouvernements demandent notamment d’utiliser le programme 2030 comme guide pour la région, afin de garantir une reprise durable pour tous, basée sur un véritable engagement à promouvoir le dialogue social et respectueuse des droits fondamentaux du travail. Les syndicats demandent instamment aux donateurs internationaux d’accorder une place centrale à l’ODD 8 dans les politiques d’aide au développement, afin de mettre concrètement en œuvre les quatre piliers du Programme pour le travail décent – dialogue social, protection sociale, droits sur les lieux de travail et emploi.
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