La centrale syndicale vénézuélienne ASI intensifie ses efforts pour s’assurer que la voix de la classe ouvrière soit prise en compte dans les plans de développement nationaux

La centrale vénézuélienne ASI voit dans le Programme 2030 la feuille de route pour sortir le pays de la multitude de crises qui détruisent les conditions de vie et de travail de la population. Depuis 2016, l’ASI travaille d’arrache-pied pour être associée, en tant que représentante des travailleurs, à l’élaboration du Cadre de coopération pour le développement, conclu entre l’ONU et le gouvernement du Venezuela.

La centrale des travailleuses et des travailleurs ASI Venezuela cherche à établir un dialogue avec le coordonnateur résident des Nations Unies (CR) dans le pays depuis 2016, année où le gouvernement vénézuélien a présenté son premier rapport national volontaire au Forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN). Il a toutefois fallu attendre la nomination de Gianluca Rampolla del Tindaro comme nouveau coordonnateur résident en août 2021 pour que ces tentatives se concrétisent sous forme d’une réunion où l’ASI a pu exposer ses principales réalisations dans le domaine du développement, au nombre desquelles figuraient notamment ses rapports annuels sur l’avancement des Objectifs de développement durable dans le pays, publiés en 2019, 2020 et 2021. L’ASI a également fait part de son intérêt à participer à l’Analyse commune de pays, en sa qualité de représentante de la classe travailleuse.

Cette première rencontre a permis à la centrale syndicale de soumettre au Bureau du coordonnateur résident en juin 2022 – soit avant la signature du cadre de coopération 2023/2026 – un projet de programme national sur le travail décent. Bien que le document n’ait finalement pas été pris en compte dans le Cadre, il a néanmoins permis à l’ASI de renforcer son profil en tant qu’acteur du développement professionnel et sérieux au niveau national.

Ces développements ont conduit à la visite au siège de l’ASI la même année de Hélène Devaux et de Martin Carbonnell, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Les deux responsables onusiens ont été informés en détail des travaux et des contributions de la centrale.

La centrale ASI maintient depuis cette visite une communication régulière avec les responsables de l’ONU, notamment en ce qui concerne le suivi des cas de persécution et de harcèlement de syndicalistes. En particulier, celui de Gabriel Blanco, dirigeant syndical de la section de Caracas de la centrale ASI, qui est toujours en détention. Toujours par l’intermédiaire de Mme Devaux et de M. Carbonell, un atelier a été organisé à l’intention des dirigeants syndicaux sur le thème des protocoles de sécurité.

À ce propos, il est important de noter qu’à l’occasion des visites des Hauts-commissaires des Nations Unies aux droits de l’homme, tout d’abord de Michelle Bachelet du 9 au 21 juin 2019 et plus récemment de Volker Türk du 26 au 28 janvier 2023, l’ASI a été invitée à participer à la discussion sur la réalité sociale et du travail au Venezuela, plus particulièrement au regard des droits humains et du processus de dialogue social. Les contributions de l’ASI ont été reprises dans les rapports et déclarations finaux.

Le Venezuela a accueilli deux événements importants du HCDH auxquels l’ASI a participé activement et a présenté des propositions qui ont eu une incidence directe et positive sur les efforts en vue de la réalisation des ODD.

Tout d’abord, la mission d’établissement des faits, qui a rassemblé plus de 3.000 organisations non gouvernementales (ONG) et plusieurs organisations syndicales. Parmi les enjeux centraux au programme de cette mission figuraient la criminalisation de la contestation, la loi sur le contrôle des ONG et la population indigène. Et ensuite, la Commission d’enquête de l’OIT, qui a remis son rapport en 2019 et a débouché sur la création du Forum de dialogue social (2022-2023). Celui-ci bénéficie de l’assistance technique de l’OIT et porte sur le respect des conventions 26, 87 et 144. La centrale ASI Venezuela a participé activement à chacun de ces processus.

Il convient de mentionner également ici le dialogue politique de Mexico, encouragé par la Norvège et d’autres pays. Dans le cadre de celui-ci, le coordonnateur résident a été chargé d’intervenir auprès des banques et d’autres institutions pour récupérer les avoirs vénézuéliens gelés en vertu des sanctions imposées par les États-Unis. L’objectif visé serait d’utiliser ces actifs pour mettre en place un fonds fiduciaire de 3,2 milliards USD, administré par les Nations Unies et destiné aux secteurs de l’électricité, de la santé, des infrastructures et de l’aide humanitaire.

Depuis 2016, la centrale ASI a parcouru un long chemin afin d’être considérée comme un interlocuteur légitime, sérieux et de référence en ce qui concerne la réalisation des ODD dans le pays. Il subsiste néanmoins une résistance considérable à reconnaître les syndicats en tant qu’acteurs sociaux à part entière qui aient voix au chapitre dans les processus onusiens afin de pouvoir proposer et défendre des stratégies fondamentales pour les travailleurs dans le cadre de la coopération au développement durable.