Ce sont ainsi plus de trente organisations syndicales qui ont été impliquées dans les projets mis en œuvre, dans des domaines aussi variés que la formation et la structuration syndicales, la défense des droits des travailleuses et travailleurs dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, ou encore l’organisation des travailleuses et travailleurs de l’économie informelle.

Au Sénégal par exemple, une cinquantaine de femmes transformatrices de produits halieutiques ont bénéficié d’un accompagnement pluridimensionnel visant à favoriser le travail décent au sein de leurs deux groupements. Dans le cadre de ce projet, qui a été développé notamment avec l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS), elles ont suivi des formations dans différents domaines : alphabétisation, gestion de micro-entreprises, santé et sécurité au travail, nouvelles techniques de transformation des produits halieutiques, hygiène et qualité des produits, entre autres. Elles ont aussi été accompagnées pour favoriser leur accès à l’assurance maladie via leur adhésion à des mutuelles de santé.

En outre, le Bureau International du Travail de Dakar, intéressé par la démarche, a intégré la dynamique en cours et a également proposé différentes activités pour répondre aux besoins des femmes concernées. Il a par exemple animé au premier semestre 2022 des ateliers sur la société coopérative, à l’issue desquels les participantes ont choisi d’adopter ce mode d’organisation. Cela leur permet notamment de travailler davantage de façon collective, de mutualiser des dépenses et des ressources, et d’avoir ainsi accès à des produits à des prix plus avantageux.

Une démarche d’auto-évaluation de ce projet a été mise en place au cours de l’année 2023, afin de mieux comprendre ce qui a bien ou moins bien fonctionné. Si les résultats de cette auto-évaluation ne sont pas encore consolidés, les premiers témoignages des femmes font toutefois part de réels acquis dans différents domaines tels que l’alphabétisation ou la gestion de leur budget, ce qui a des répercussions positives sur leur activité économique, mais également sur leur vie familiale.

En effet, les compétences et l’assurance qu’elles ont acquises en participant aux formations influent sur les tâches qu’elles peuvent accomplir et leur positionnement au sein de leur foyer. Une telle démarche participe ainsi à leur autonomisation. Sur d’autres aspects, elles ont pu faire part de leur insatisfaction, par exemple pour ce qui concerne l’accès aux prestations de la mutuelle de santé pour l’une des deux localités du projet, ou ont déploré un accompagnement post-formation trop court pour certaines activités, telles que la santé-sécurité au travail. Ce projet illustre le fait que la coopération syndicale peut permettre de contribuer à la mise en œuvre du Programme 2030 à travers ses différents objectifs, tels que les objectifs 1- Eradication de la pauvreté, 3-Accès à la santé, 5-Egalité entre les sexes et 8-Accès à des emplois décents.

Cette expérience montre aussi que, pour obtenir des changements concrets, il est souvent nécessaire d’agir sur un temps long tout en faisant preuve d’adaptabilité. A titre d’exemple, dans le cas de ce projet qui a commencé en 2019, la raréfaction de la ressource halieutique à laquelle sont confrontés les deux groupements de femmes transformatrices de produits halieutiques oblige à mettre en place des stratégies de diversification de leur activité économique. Un travail est actuellement mené avec le Bureau International du Travail de Dakar et d’autres acteurs en ce sens.

De façon générale, les projets mis en œuvre en 2022 avec le soutien de l’Institut Belleville ont pour la plupart continué à être développés au cours de l’année 2023, avec pour perspective de mener un travail de capitalisation des expériences et des pratiques autour de certains d’entre eux. Une réflexion devra par ailleurs continuer à être menée sur le suivi des projets développés dans des zones où les conditions sécuritaires sont dégradées, comme c’est le cas par exemple en Haïti où l’Institut soutient les activités de deux organisations syndicales.

Ainsi, comme le souligne Béatrice Lestic, Présidente de l’Institut Belleville, « Dans un monde caractérisé par les interdépendances entre les différents pays et régions, mais aussi traversé par un certain nombre de conflits et de crises multidimensionnelles, il apparaît plus que jamais nécessaire d’amplifier les coopérations citoyennes, et notamment syndicales, pour mieux répondre aux préoccupations et aspirations des peuples. »

Pour obtenir des informations plus détaillées, vous pouvez télécharger le rapport d’activités et regarder la vidéo associée au rapport.