Jordanie : Atteintes graves aux droits des travailleurs

Les atteintes aux droits syndicaux et la discrimination contre les travailleuses et travailleurs migrants sont des problèmes d’actualité auxquels des solutions doivent être apportées en Jordanie, d’après la nouvelle enquête de la CSI sur les normes fondamentales du travail.

Bruxelles, le 12 novembre 2008 (CSI En Ligne) : Les atteintes aux droits syndicaux et la discrimination contre les travailleuses et travailleurs migrants sont des problèmes d’actualité auxquels des solutions doivent être apportées en Jordanie, d’après la nouvelle enquête de la CSI sur les normes fondamentales du travail.

Le rapport, dont la sortie coïncide avec l’examen de la politique commerciale de la Jordanie à l’OMC, signale qu’un grand nombre de salariés, notamment les employés du secteur public, les fonctionnaires, les migrants, les gens de maison et les ouvriers agricoles continuent d’être spoliés du droit d’organiser.

Le rapport de la CSI déplore, en particulier, le manque de progrès tangible au plan des droits des travailleurs et des conditions de travail dans les zones franches d’exportation ou « zones industrielles qualifiées » (ZIQ) en Jordanie. Les mauvais traitements sont pratique courante, y compris heures de travail à rallonge sans rémunération des heures supplémentaires, conditions abusives et violations des droits des travailleurs. Les migrants, qui représentent une part importante de la main-d’œuvre dans les QIZ, ne sont pas protégés par la législation du travail et n’ont pas le droit d’organiser.

Le rapport note également la persistance d’abus à l’encontre de travailleuses asiatiques, qui migrent en grand nombre vers la Jordanie pour travailler dans les services domestiques. Celles-ci sont soumises à des conditions s’apparentant au travail forcé : confiscation de passeports, restriction des mouvements, traitements abusifs, non-paiement des salaires, menaces et abus physiques ou sexuels, horaires à rallonge et retenues démesurées pour la nourriture et le logement.

Le rapport évoque, par ailleurs, des problèmes liés au travail des enfants, à la discrimination et au travail forcé. Il signale que le travail des enfants est répandu en Jordanie et se décline notamment sous forme de travail informel dans l’agriculture et les services domestiques, outre les enfants des rues dont le nombre ne cesse de croître. Des atteintes flagrantes sont commises contre les droits de ces enfants. Il est estimé que 70% d’entre eux perçoivent un salaire inférieur au minimum légal et que près de la moitié d’entre eux travaillent plus de neuf heures par jour. Tout en reconnaissant la présence de travail forcé à l’intérieur des zones industrielles qualifiées et dans les services domestiques, où les migrants sont majoritaires, le rapport met en exergue la traite des êtres humains liée au travail forcé comme un problème majeur. Si la discrimination dans l’emploi et la rémunération est proscrite, le rapport attire néanmoins l’attention sur certaines failles juridiques, ainsi que sur le fait que les femmes ont plus difficilement accès à l’emploi et perçoivent des salaires inférieurs, dû à la ségrégation dans l’emploi.

Dans ses conclusions, le rapport de la CSI préconise l’instauration de mécanismes d’application afférents aux droits d’organisation et de négociation collective, de même qu’une augmentation des inspections du travail dans tous les domaines. Il insiste, en particulier, sur la nécessité d’instaurer des sanctions adéquates en cas d’infraction. Le rapport préconise en outre une protection accrue pour les enfants et des mesures supplémentaires pour lutter contre le travail forcé dans les services domestiques et dans l’agriculture, ainsi que contre la traite alimentant les réseaux de travail forcé. Il appelle le gouvernement jordanien à intensifier ses efforts et à renforcer ses mesures de protection, y compris par des amendements à la législation visant à réduire les inégalités dans les salaires et la profession, en conformité avec les normes de l’OIT. Enfin le rapport recommande l’adoption urgente de mesures adéquates pour réglementer les agences de recrutement de main-d’œuvre migrante et mettre fin aux abus.

Pour accéder au rapport de la CSI

La CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales dans 155 pays. http://www.ituc-csi.org http://www.youtube.com/ITUCCSI

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