Djibouti : la CSI exige la fin de la répression des enseignants et des travailleurs du rail

photo: Gare du chemin de fer Djibouti-Ethiopie à Dire Dawa. Photo: Bamse

La CSI demande de mettre un terme à la détention et à la suspension des travailleurs des secteurs de l’éducation et du rail à Djibouti, à la suite de l’arrestation et de l’incarcération de six enseignants et de la suspension de 37 cheminots.

Six enseignants, membres du syndicat national de l’éducation, ont été placés en détention le mois dernier, après avoir été arrêtés et accusés prétendument d’avoir divulgué le contenu d’un examen de baccalauréat 2019. Malgré une décision judiciaire provisoire ordonnant leur libération, les six enseignants sont toujours en détention. Une autre enseignante a été condamnée à trois mois de prison pour diffamation, après avoir exprimé son soutien à ses collègues sur les réseaux sociaux. La peine a été suspendue, l’enseignante étant enceinte de six mois.

Les travailleurs du rail, employés par la société China Civil Engineering Construction Company (CCECC), ont été suspendus durant plusieurs semaines pour avoir protesté contre leurs bas salaires, leurs emplois précaires et leurs conditions de travail médiocres (absence d’eau potable, de toilettes et de logements). L’entreprise d’État chinoise refuse de respecter le code du travail de Djibouti et n’a pas répondu à la demande formulée par la centrale syndicale nationale UDT, souhaitant engager le dialogue et résoudre les problèmes. La Chine réalise actuellement des investissements de plusieurs millions de dollars à Djibouti, notamment dans le cadre de la construction de l’un des plus grands ports du monde, d’un nouvel aéroport et d’une base militaire. Djibouti abrite déjà des bases militaires américaine et japonaise.

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a déclaré : « Djibouti n’a pas la réputation de respecter les droits du travail. Les travailleurs qui cherchent à se faire représenter par les syndicats sont souvent victimes de violations de leurs droits. On déplore également une répression systématique des dirigeants des centrales syndicales UDT et UGDT. La CSI demande instamment au gouvernement la libération immédiate des enseignants détenus, ainsi que l’abandon de toutes les charges fallacieuses retenues contre eux. Les autorités doivent également faire en sorte que les travailleurs du rail puissent réintégrer leurs fonctions en étant indemnisés et que la société chinoise qui les emploie leur garantisse des salaires équitables et des conditions de travail décentes. La Chine, à l’instar de tout autre pays investisseur, doit également veiller à respecter les droits du travail et les droits humains, de même que les normes environnementales. »
Les représentants syndicaux régionaux et internationaux ont été informés de la situation à Djibouti, à l’occasion d’une conférence ayant pour thème le rôle des syndicats dans la construction de la paix et de la démocratie, organisée conjointement par la CSI, la CSI-Afrique et la Confédération des syndicats de la Corne de l’Afrique, la semaine dernière à Addis-Abeba.

Sharan Burrow a ajouté : « Le déni des droits fondamentaux des travailleurs représente une lourde menace pour la paix et la démocratie. Garantir le respect de ces droits est d’autant plus important dans une région telle que la Corne de l’Afrique, déchirée par les conflits depuis plusieurs années. »

Indice CSI des droits dans le monde : 4 - Violations systématiques des droits

Déclaration sur la situation syndicale à Djibouti