Mise à jour syndicale sur le processus d’établissement des indicateurs des objectifs de développement durable (ODD)

Le Groupe interinstitutions et d’experts sur les indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable (IAEG-ODD) a été créé par les Nations Unies pour élaborer et mettre en œuvre le cadre global des indicateurs du Programme à l’horizon 2030. Il s’est réuni pour la sixième fois du 11 au 14 novembre 2017 à Manama à Bahreïn. Le Réseau syndical de coopération au développement suit ce travail avec beaucoup d’attention.

Selon une pratique devenue courante, l’IAEG s’est réuni pendant deux jours (11 et 12 novembre 2017) lors d’une session à huis clos réservée aux membres de l’IAEG (excluant donc les gouvernements non membres, les agences de l’ONU, la société civile, etc.). Plusieurs décisions concernant différents points de l’ordre du jour ont été prises au cours de cette session.

Ces réunions à huis clos furent suivies d’une réunion ouverte de deux jours (13 et 14 novembre 2017) durant laquelle ces décisions furent communiquées à toute la communauté qui s’investit dans les travaux de l’IAEG. Au cours de la séance entre les parties prenantes et les coprésidents de l’IAEG (Mexique et Tanzanie), des groupes de la société civile ont demandé à ce que ce format soit repensé afin de permettre aux non-membres de l’IAEG d’apporter leur contribution au processus décisionnel.

Bien que certains points de décision notables aient émergé de la réunion, l’ordre du jour général de la sixième réunion de l’IAEG s’articulait autour du partage des bonnes pratiques et de l’apprentissage entre les différentes communautés devant participer au suivi des ODD. Il s’agissait notamment d’exposés sur les efforts visant à développer davantage les orientations méthodologiques pour certains indicateurs, d’études de cas sur la circulation et l’agrégation des données jusqu’au niveau mondial et d’un partage des expériences relatives à l’établissement de rapports concernant la mise en œuvre des ODD aux niveaux national, régional et mondial. Tous les documents et le contexte de la réunion sont disponibles ici.

Les décisions prises au cours de la réunion portaient principalement sur la classification par niveaux du travail. Pour rappel, les classifications par catégories signifient qu’un indicateur est prêt à faire l’objet d’un suivi universel. Les indicateurs de catégorie I sont des indicateurs qui disposent d’une méthodologie établie pour la collecte de données et pour lesquels des données peuvent être collectées dans la majorité des pays membres de l’ONU. Les indicateurs de catégorie II sont des indicateurs dont la méthodologie de collecte des données est établie, mais il existe des lacunes dans la couverture des données dans les pays membres de l’ONU. Les indicateurs de catégorie III sont des indicateurs sans méthodologie établie ou convenue. Même si les classifications par catégories ne devraient représenter qu’un exercice purement objectif, il convient de noter la présence d’un élément politique très fort dont se servent les États membres pour influer sur les classifications. Cela revêt une importance particulière pour les indicateurs de catégorie III, qui risquent d’être entièrement supprimés si aucun progrès ou accord concernant les méthodologies n’est atteint.

L’IAEG a organisé les reclassifications des catégories en deux groupes : celles qui basculent entre les catégories I et II (dans un sens ou dans l’autre) et celles qui quittent la catégorie III (habituellement à la demande de l’organisme responsable). Dans une perspective plus négative, mais sans toutefois être trop préoccupant, un certain nombre d’indicateurs pertinents ont vu leur valeur passer de la catégorie I à la catégorie II en raison de la couverture des données. Il s’agissait notamment des indicateurs relatifs aux enseignants (4.c.1), au travail forcé (8.7.1), à la fréquence des accidents mortels/non mortels sur le lieu de travail (8.8.1) et à la part du travail dans le PIB (10.4.1). Aucun risque important ne pèse sur ces indicateurs et le changement de classification suggère simplement que le ou les organismes responsables doivent appliquer les méthodes convenues dans un plus grand nombre de pays. Tous les indicateurs qui ont été déplacés entre les catégories I et II se trouvent ici.

Plus positivement, on peut cependant constater que l’indicateur pour l’évaluation des libertés fondamentales (16.10.1), auquel la CSI a contribué en collaboration avec le HCDH et l’OIT, est passé de la catégorie III à la catégorie II et que sa diffusion/mise en œuvre peut maintenant commencer. Toutes les reclassifications de catégorie III se trouvent ici.

Les autres décisions ont porté sur trois propositions d’« affinements annuels ». Pour rappel, ces affinements ne peuvent pas fondamentalement modifier l’esprit d’un indicateur, mais sont généralement destinés à apporter une plus grande précision à l’indicateur déjà convenu, par exemple en spécifiant une unité de mesure ou un changement rédactionnel. Les affinements de cette réunion sont disponibles ici.

Comme à l’accoutumée, le plan de travail actuel de l’IAEG a été partagé. Il peut être consulté ici. Certains efforts majeurs que l’IAEG consentira dans ses travaux doivent être soulignés pour les mois et, vraisemblablement, les années à venir. Il s’agit notamment de :

  1. la consultation sur les plans de travail de catégorie III ;
  2. la consultation sur les indicateurs supplémentaires proposés ;
  3. l’amorce d’un examen exhaustif des indicateurs, y compris les affinements et les suppressions ;
  4. la poursuite des travaux visant à améliorer la disponibilité des données relatives aux indicateurs des catégories I et II ;
  5. l’établissement d’un mécanisme de discussion concernant la désagrégation ;
  6. la poursuite des travaux de trois groupes de travail ;
  7. l’élaboration d’un document sur les bonnes pratiques en matière de flux de données ;
  8. l’organisation d’une réunion en mars 2018 et au 4e trimestre 2018.

La CSI continuera de participer à ces travaux à plusieurs niveaux, et ce, depuis l’IAEG lui-même jusqu’aux travaux en cours au niveau des organismes responsables afin de promouvoir et de convenir d’indicateurs pertinents.

Pour des renseignements complémentaires :