Conférence internationale du Travail 2023

photo: ILO

Cette année, la Conférence internationale du Travail a adressé un sévère avertissement aux autorités du Bélarus.

Cette année, la Conférence internationale du Travail a adressé un sévère avertissement aux autorités du Bélarus, les gouvernements et les employeurs soutenant largement une proposition syndicale d’invoquer l’article 33 de la Constitution de l’OIT à la suite des violations de la liberté d’association commises par le régime de Loukachenko, notamment l’emprisonnement de dirigeants et membres du personnel de syndicats. Le vote exprimé au cours de la plénière de l’OIT la semaine dernière exige que les autorités du Bélarus appliquent les recommandations qui leur ont été adressées il y a 18 ans par une Commission d’enquête de l’OIT et leur demande d’accepter l’envoi d’une mission tripartite de haut niveau chargée de rendre visite aux responsables syndicaux incarcérés.

Luc Triangle, secrétaire général par intérim de la CSI, a déclaré : « C’est la première fois que ce puissant article de la Constitution de l’OIT est invoqué à propos de la liberté d’association pour souligner l’ampleur des violations flagrantes des droits des travailleurs auxquelles se livrent les autorités du Bélarus. Les gouvernements doivent à présent exercer un maximum de pressions sur ce régime et notamment revoir les relations commerciales qu’ils entretiennent encore avec le Bélarus. »

Les autres pays dans le viseur de la Commission de l’application des normes de la Conférence, chargée d’examiner le respect des conventions de l’OIT, sont les suivants :

  • Costa Rica : le pays n’a toujours pas élaboré de politique nationale pour l’emploi, comme l’a instamment demandé l’OIT en 2017.
  • Guinée-Bissau : le pays n’a plus relevé le salaire minimum dans le secteur privé depuis 1988 et commet des ingérences flagrantes dans l’indépendance des syndicats.
  • Indonésie : le gouvernement est responsable de manquements majeurs concernant la loi portant sur la création d’emplois et la protection contre la discrimination antisyndicale.
  • Royaume-Uni : plusieurs lois actuelles et futures constituent une violation de la liberté d’association des travailleurs, notamment le droit de mener des actions syndicales, et aucune mesure n’a été prise pour mettre fin à la surveillance des syndicalistes.

La Commission de l’application des normes a également examiné unrapport sur l’égalité des genres au travail, mettant en avant le besoin urgent d’éliminer toutes les formes de discrimination (directes, indirectes et croisées) dans les environnements professionnels, d’assurer une protection complète et efficace de la maternité et de garantir le droit des travailleurs et travailleuses ayant des responsabilités familiales d’exercer un emploi.

Les délégations de travailleurs présentes à la conférence ont également engagé un processus formel en vue de solliciter une Commission d’enquête de l’OIT pour le Guatemala, concernant la liberté d’association et le droit de négociation collective. Durant de nombreuses années, des centaines de syndicalistes ont été tués, tandis que les responsables agissent en toute impunité.

Un des temps forts de l’événement de cette année est le Sommet sur le monde du travail : la justice sociale pour tous, organisé par le directeur général de l’OIT, Gilbert Houngbo. Les chefs d’État ou de gouvernements, ainsi que les représentants des travailleurs et des employeurs, se sont déclarés pleinement favorables à la création d’une Coalition mondiale pour la justice sociale.

Une recommandation sur les apprentissages de qualité, reprenant un point clé de la Déclaration du centenaire de l’OIT relatif à l’apprentissage tout au long de la vie, demande à ce que les gouvernements impliquent les syndicats et les groupes d’employeurs dans la mise en œuvre de cadres nationaux pour les apprentissages. Cette recommandation prévoit également des dispositions importantes concernant la rémunération, la santé et la sécurité des apprentis et leur droit de rejoindre des syndicats et de participer à la négociation collective.

Une discussion générale de la Conférence sur une transition juste a mis en évidence l’urgence d’agir face à la dégradation du climat et de l’environnement, soulignant le rôle central des syndicats dans la transformation des relations industrielles et la protection intégrale des droits des travailleurs en matière de syndicalisation et de négociation collective.

La protection des travailleurs était également au centre des travaux de la Conférence, comme en témoignent la Résolution proposée et les conclusions concernant la deuxième discussion récurrente sur la protection des travailleurs, également alignées sur les principaux points de la Déclaration du centenaire de l’OIT, notamment les salaires de subsistance et la limitation du temps de travail dans le monde professionnel actuel.

Les réticences de certains pays à adopter le programme et le budget 2024-2025 de l’OIT, en raison de leur objection aux activités de l’organisation en faveur des travailleurs et travailleuses LGBTIQ+, ont finalement pu être surmontées et le programme et le budget ont été approuvés.

Comme le souligne Luc Triangle : « La Conférence de l’OIT de cette année a donné lieu à d’importantes victoires pour les travailleurs, grâce aux efforts des délégués du groupe des travailleurs et à une présence syndicale à Genève, soutenue par un travail au niveau national au cours des mois qui ont précédé cet événement. D’autre part, les intérêts de certains des pays qui ont tenté d’empêcher l’adoption du programme et du budget vont au-delà de leur intolérance vis-à-vis des personnes LGBTIQ+. Il nous faudra rester vigilants et lutter contre toute nouvelle tentative d’affaiblir le rôle primordial de l’OIT qui consiste à défendre les travailleurs et à promouvoir le travail décent et la justice sociale partout dans le monde. »