Turquie : Journée internationale d’action

La CSI et ses affiliées en Belgique, l’IE et la CES, ont eu un entretien avec l’ambassadeur de Turquie à Bruxelles ce vendredi 26 février, à l’occasion d’une Journée internationale d’action en solidarité avec les travailleurs de Turquie. La délégation s’est déclarée préoccupée par la situation des droits syndicaux en Turquie et a lancé un appel urgent à la recherche d’une solution négociée – répondant aux revendications des salariés – dans le conflit en cours dans l’entreprise TEKEL.

Une autre délégation composée de représentants du bureau de la CSI à Genève, de l’IBB, de la FIOM, de l’UITA, de l’UNI, de l’ICEM et de l’ISP a été reçue à la mission diplomatique turque à Genève. Des lettres similaires à celle qui ont été transmises par les délégations syndicales à Bruxelles et à Genève ont été adressées aux ambassades turques dans dix pays.

Dans ces lettres, le mouvement syndical international a dénoncé la détérioration des droits syndicaux en Turquie en général, en insistant plus particulièrement sur la situation des travailleurs de l’entreprise TEKEL, ancien monopole d’Etat de l’industrie du tabac et de l’alcool. La récente privatisation de cette entreprise d’Etat a provoqué la perte de pas moins de 12.000 postes, cependant que l’employeur a manqué d’offrir des emplois de remplacement avec paiement des prestations échues aux travailleurs, tel que le prévoit la loi sur les privatisations. ( voir le communiqué antérieur de la CSI concernant l’affaire Tekel )

La délégation syndicale qui s’est rendue à la mission diplomatique turque à Bruxelles a indiqué que la situation des droits syndicaux en Turquie s’était détériorée de façon inquiétante en 2009. La CSI a écrit ou cosigné des lettres de protestation adressées au gouvernement turc à pas moins de neuf occasions. Toutes ces lettres sont restées sans réponse.

Les doléances allaient d’un appel au gouvernement invitant celui-ci à s’abstenir du recours à la répression violente contre des manifestants pacifiques, aux arrestations en masse de membres et dirigeants de syndicats, fréquemment suivies de procès pour « terrorisme », en passant par la tentative d’assassinat contre le président de la confédération syndicale nationale DISK ou encore les maltraitances et la privation de soins médicaux dont ont été victimes des syndicalistes en détention.

La délégation a également attiré l’attention sur la mission bipartite de haut niveau qui partira pour la Turquie la semaine prochaine à la demande de la Commission d’experts de l’OIT (CEACR) pour aider le gouvernement à mettre sa législation et son système judiciaire en conformité avec les normes de l’UE et les Conventions de l’OIT. Elle a également rappelé qu’en novembre, la CSI avait participé aux côtés de nombreuses autres organisations syndicales, à une délégation internationale d’observateurs lors du procès contre le syndicat des travailleurs du secteur public KESK, procès qui avait été marqué par de profondes irrégularités au regard des normes judiciaires nationales et européennes.

Suite au procès, la CSI a dénoncé le fait que plusieurs syndicalistes demeuraient sous les verrous sans même connaître les chefs d’accusation qui pesaient contre eux. Elle a également dénoncé la constante récurrente dans la longue série de procès intentés contre les syndicats turcs. Enfin, la délégation a souligné qu’elle voulait envoyer un signal sans équivoque aux autorités turques, appelant ces dernières à s’abstenir de tout recours à la violence et à plancher à la recherche d’une solution négociée au problème des travailleurs de l’entreprise TEKEL, d’autant plus que le Premier ministre turc Erdogan a annoncé qu’il ne tolérerait plus de nouvelles actions à partir de fin février. En attendant, les travailleurs de TEKEL sont mobilisés depuis 74 jours au milieu de conditions extrêmement difficiles devant les bureaux de la centrale Türk-Is, affiliée à la CSI. La police a déjà effectué plusieurs interventions violentes contre les manifestants.

« La persécution antisyndicale représente un problème grave en Turquie », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. Et d’ajouter : « La Turquie a ratifié la Convention 87 en 1993 et pourtant la situation en Turquie est totalement en contradiction avec cet instrument international. »


La CSI représente 176 millions de travailleurs dans 312 organisations affiliées dans 155 pays et territoires. http://www.youtube.com/ITUCCSI

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photo: Jacky Delorme