Le 10 décembre, le mouvement syndical international se mobilise pour soutenir les travailleurs philippins. Pour la troisième année consécutive, le Conseil des Global Unions (CGU) organise, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, une journée d’action mondiale pour les Philippines afin de dénoncer les violations des droits humains et syndicaux dans le pays.
Le 30 novembre 2020, les syndicats du monde entier ont demandé au gouvernement des Philippines de mettre fin à l’impunité couvrant les exécutions extrajudiciaires de 43 syndicalistes, de cesser la diffamation des militants syndicaux et de rendre exécutoires les conclusions de la Commission de l’application des normes (CAN) de juin 2019 concernant la liberté syndicale aux Philippines. Le gouvernement utilise la pandémie comme prétexte pour justifier son inaction et a reporté une mission tripartite de haut niveau de l’OIT dans le pays.
884 jours se sont écoulés, combien d’autres encore ?
Depuis 2019, les persécutions de syndicalistes n’ont pas cessé. Durant cette période, sept syndicalistes ont été assassinés, porte ainsi à 50 le nombre d’exécutions extrajudiciaires de syndicalistes commises sous le gouvernement Duterte. Comme le confirme l’échange virtuel de l’OIT concernant les Philippines mené en ligne en septembre de cette année, le gouvernement n’a réalisé aucun progrès tangible et n’a pris aucune mesure institutionnelle pour faire appliquer les conclusions de la CAN de 2019. Les atteintes portées à l’exercice du droit à la liberté syndicale ont été systématiques dans le cadre de la loi anti-terroriste adoptée en 2020, tandis que le Groupe de travail national pour mettre fin aux conflits armés communistes locaux (NTF-ELCAC), aux mains du président Duterte, sert en pratique à faire taire le syndicalisme indépendant.
D’après le CGU Philippines, à ce jour, 17 dirigeants syndicaux ont été catalogués d’insurgés communistes par les agents de sécurité de l’État ou la police nationale pour avoir mené des activités syndicales, 16 ont été condamnés à la suite d’accusations fallacieuses et 12 sont détenus au secret. Beaucoup d’autres militants et enseignants ont été répertoriés pour leurs activités syndicales. La police et les agents de l’État se rendent au domicile des syndicalistes pour les forcer à se désaffilier de leur syndicat. Aucun auteur de ces faits n’a été arrêté, aucun représentant de l’État n’a été tenu responsable.
Alors que la situation des droits humains et syndicaux est déplorable aux Philippines et que la culture de l’impunité y est endémique, le secrétaire du département du travail, Silvestre Bello a été élu au mois de juin de cette année au sein du Groupe gouvernemental du Conseil d’administration de l’OIT. Le secrétaire Bello s’est engagé à réformer l’organe décisionnel de l’OIT en y apportant la voix des Philippines et des petites nations. Mais aux Philippines, les défenseurs des droits des travailleurs et les syndicats courent toujours le risque d’être catalogués d’insurgés communistes. Pour la cinquième année consécutive, l’indice CSI des droits dans le monde 2021 classe les Philippines parmi les 10 pires pays pour les travailleurs en ce qui concerne l’exercice de la liberté syndicale et de la négociation collective, sans crainte et sans ingérence.
Le 10 décembre, le CGU Philippines organisera des manifestations à Manille pour pousser le gouvernement à :
- Consulter immédiatement les syndicats en vue de définir une feuille de route assortie d’un calendrier pour la mise en œuvre des conclusions du rapport d’échange virtuel de l’OIT relatif aux Philippines ;
- Accepter sans délai une mission tripartite de haut niveau de l’OIT aux Philippines, afin de faire appliquer les conclusions de la CAN de 2019 ;
- Accélérer l’enquête concernant les exécutions extrajudiciaires de syndicalistes et mettre fin à l’impunité ; et
- S’engager à définir des politiques et des mesures concrètes pour mettre fin à l’étiquetage des syndicalistes et de leurs activités légitimes.
La CSI et le CGU mobiliseront le mouvement syndical international pour organiser des manifestations et des actions de solidarité. Le même jour, le prix Nobel de la paix 2021 sera attribué à Maria Ressa, PDG de Rappler, et au journaliste russe Dmitry Muratov. Le mouvement syndical international a condamné les multiples accusations de cybercriminalité portées contre Maria Ressa, ainsi que son arrestation pour motif politique le 13 février 2020. Les syndicats philippins célébreront la victoire de Maria Ressa pour la défense du droit à la liberté d’expression, afin de dénoncer les abus de pouvoir, les fake news et le recours à la violence avalisé par le gouvernement Duterte. Ils rendront également hommage au courage des journalistes et des syndicalistes qui s’élèvent contre l’autoritarisme.
#NoToTerrorLawPH
#HandsOffTradeUnionsPH
#StopRedTaggingPH
Ce que vous pouvez faire :
- Organiser une manifestation devant l’ambassade des Philippines dans votre pays ou des actions de solidarité virtuelles le 10 décembre.
- Envoyer une lettre (ici) au secrétaire du département du travail et de l’emploi Silvestre H. Bello III, en mettant en copie l’ambassade des Philippines de votre pays et la CSI ([email protected]).
- Télécharger la bannière (ici) et utiliser les hashtags pour relayer vos actions sur les réseaux sociaux.
- Promouvoir la journée d’action auprès de vos affiliés et sur les réseaux de la société civile.
- Suivre les affiliés de la CSI sur les réseaux sociaux :
- Friends of Free Workers
- KMU International @kilusangmayouno
- Sentro @sentrolabor
- TUCP Labour Centre
- Nagakaisa Labour Coalitions @nagkaisa
- Suivre Maria Ressa et la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix en direct, à 13h00 CET, le 10 décembre 2021.
En savoir plus :
Table ronde, une réponse internationale aux droits humains aux Philippines – Internationale de l’Éducation et Coalition internationale pour les droits humains aux Philippines, le 11 octobre 2021.
Les syndicats internationaux félicitent Maria Ressa, lauréate du prix Nobel de la paix 2021 – Internationale de l’Éducation, IBB, FIJ, 8 octobre 2021.
Les Fédérations syndicales internationales de la région Asie-Pacifique appellent à une action immédiate pour faire cesser la violence contre les syndicalistes aux Philippines et mettre fin au climat de peur, septembre 2021.
Lettre de la CSI au DOLE concernant la poursuite des assassinats de militants et de dirigeants syndicaux, mars 2021.
Justice pour Dandy. Stop aux assassinats. Déclaration d’IndustriALL, mars 2021.
Rapport du HCDH sur la situation des droits humains aux Philippines, 29 juin 2020.
Situation des droits humains aux Philippines en période de pandémie. Commission des droits de l’homme des Philippines, 2021.
Commission d’enquête internationale indépendante sur les violations des droits humains aux Philippines, troisième rapport. INVESTIGATE PH, septembre 2021.
Contacts :
Monina Wong – CSI droits humains et syndicaux ([email protected])
Diana Maggiore – CSI campagnes et communications ([email protected])