Mission de la CSI à Conakry en soutien aux syndicats guinéens

Une délégation syndicale internationale composée de hauts représentants syndicaux africains et menée par Guy Ryder, secrétaire général de la CSI, vient d’achever une mission d’urgence en République de Guinée où plus de 90 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre du président Lansana Conte lors d’une grève générale en janvier.

Bruxelles, le 5 février 2007: Une délégation syndicale internationale composée de hauts représentants syndicaux africains et menée par Guy Ryder, secrétaire général de la CSI, vient d’achever une mission d’urgence en République de Guinée où plus de 90 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre du président Lansana Conte lors d’une grève générale en janvier. La grève pacifique avait été convoquée par des organisations syndicales nationales affiliées à la CSI pour protester contre le refus du gouvernement de s’attaquer à la corruption débridée et à la sérieuse détérioration de l’économie nationale. L’intervention personnelle du président Conte pour obtenir la libération de prison de plusieurs personnalités de premier plan accusées de corruption, la non application d’accords conclus avec les syndicats, ainsi que son refus de désigner un premier ministre, étaient parmi les principaux facteurs qui ont motivé le mot d’ordre de grève (cf. http://www.ituc-csi.org/spip.php?article623&lang=fr).

La délégation de la CSI a effectué une visite à la bourse du travail et a pu constater de visu le saccage effectué par les troupes gouvernementales et se rendre compte des circonstances de la tentative d’assassinat alors perpétrée contre le secrétaire général de l’USTG, Ibrahima Fofana, qui n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention de Rabiatou Sérah Diallo, secrétaire générale de la CNTG. Rabiatou s’est en effet dressée en bouclier humain pour protéger son homologue syndical contre l’offensive des soldats. Les deux dirigeants syndicaux ont cependant été grièvement blessés dans la bastonnade qui leur a été infligée par les soldats.

La mission syndicale internationale a également débloqué des fonds de solidarité provisoires pour les victimes des violences et les membres de leurs familles. Une bonne partie des 300 personnes blessées reçoivent des traitements dans l’hôpital central de Conakry, dont les services seraient à présent sur la corde raide en raison de pénuries de matériel médical et de médicaments. Johanna Walgrave, directrice exécutive de l’Organisation internationale du travail, a accompagné la mission de la CSI.

« En compagnie de nos collègues syndicaux guinéens nous avons rendu visite à divers organes officiels du gouvernement et rencontré des personnalités publiques, des représentants d’employeurs, des chefs religieux et des leaders de collectivités pour les appeler à soutenir l’appel des syndicats en faveur de la démocratie, l’élimination de la corruption et le plein respect des droits humains et syndicaux », a déclaré Guy Ryder. « Suite à la signature d’un accord le 27 janvier, les syndicats nationaux ont suspendu la grève. Nous avons cependant clairement laissé entendre au gouvernement que l’accord devra être appliqué à la lettre », a-t-il ajouté.

L’accord prévoit notamment la désignation d’un gouvernement de consensus placé sous la direction d’un premier ministre, le respect de la séparation des pouvoirs conformément à la Constitution nationale, la réduction des prix des denrées de base, outre une série de mesures visant à protéger les revenus et le niveau de vie, la limitation des prix des marchandises essentielles, ainsi que la promotion de l’éducation et de l’emploi. Une Commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les atrocités et de traduire les responsables en justice sera mise sur pied en vertu des dispositions du même accord.

Selon les témoignages recueillis par les blessés interrogés à l’hôpital par la délégation syndicale internationale, les forces de l’ordre auraient ouvert le feu aveuglément, y compris aux domiciles des travailleurs. Selon d’autres témoignages recueillis par la CSI, des grévistes qui s’étaient mis à genoux devant les militaires pour montrer qu’ils étaient de toute bonne foi ont été tués de sang froid par les soldats de Conte.

« Nous surveillons étroitement l’évolution de la situation sur le terrain et n’hésiterons pas à mobiliser une action musclée avec le soutien des gouvernements d’Afrique, d’Union européenne et d’autres pays si le régime n’honore pas les engagements qu’il a souscrits auprès de nos collègues syndicalistes guinéens », a déclaré Guy Ryder.

La CSI coordonne également la fourniture d’une assistance pratique aux syndicats guinéens pour aider les familles des victimes de la violence du gouvernement et pour aider à la reconstruction de l’infrastructure syndicale.
Créée le 1er novembre 2006, la CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 304 organisations affiliées nationales dans 153 pays.

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