Appel au G20 en faveur de l’emploi, de la régulation et d’une taxe sur les transactions financières

Le mouvement syndical international appelle les ministres des Finances du G20 réunis à Paris les 18 et 19 février à intervenir pour éviter tout risque d’une reprise sans emploi ou pire, un retour à la récession, alors que l’effet des mesures d’austérité commence à se faire ressentir. Les ministres ont également été appelés instamment à présenter un agenda progressif en matière de régulation financière et de fiscalité, notamment moyennant l’introduction d’une Taxe sur les transactions financières (TTF). Les syndicats et leurs alliés de la société civile prendront part à une Journée internationale d’action aujourd’hui pour rallier le soutien en faveur d’une Taxe sur les transactions financières

« L’introduction d’une TTF relève d’un impératif à la fois économique et moral. Le secteur financier accapare de plus belle des profits et des bonus colossaux alors que l’économie réelle demeure largement au point mort. Une TTF permettrait d’éviter que l’argent ne serve à alimenter une spéculation futile et de consacrer, à la place, cet argent à la génération de ressources pour la création d’emplois décents, le développement et la lutte contre le changement climatique. Les gouvernements sont appelés à tenir tête aux intérêts personnels du secteur financier et à gouverner dans l’intérêt des peuples qu’ils représentent », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

La France, qui occupe actuellement la présidence du G20, a indiqué qu’elle entendait faire avancer le projet de TTF et presse les autres gouvernements à soutenir son plan. « Nous pensons que le président Sarkozy devrait convoquer une conférence internationale sur cette question durant sa présidence au G20, pour consolider le soutien et travailler à la formulation concrète de la TTF envisagée. Les gouvernements doivent, eux aussi, agir au lieu de se contenter de déclarations et faire en sorte que le secteur financier revienne à son rôle qui est de soutenir l’économie réelle et l’emploi » a dit John Evans, secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE (TUAC).

Depuis le Sommet de Londres 2009, où les dirigeants du G20 s’étaient engagés à agir sur le chapitre de la régulation financière, le secteur banquier et financier n’a pas lésiné sur les moyens pour se livrer à un combat d’arrière-garde sophistiqué visant à affaiblir les mesures prises aux niveaux national et européen en vue d’une régulation qui réduirait le risque d’une nouvelle crise et centrerait l’activité financière sur la génération d’une croissance réelle de l’économie et de l’emploi.

« Trop nombreux sont les gouvernements qui font une fixation sur la réduction des dépenses pour restaurer leur position fiscale, au lieu de se préoccuper du côté revenus également. Des mesures plus déterminées doivent être prises contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale par les entreprises et devront s’accompagner d’une croissance réelle de l’emploi et des revenus et l’introduction d’une TTF. Le chômage et les inégalités ont été le moteur des mouvements de contestation auxquels on a assisté en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En attendant, les démocraties authentiques doivent, elles aussi, tenir compte du mécontentement croissant à l’heure où une génération entière de jeunes est amenée à envisager un futur sans emplois décents », a dit Burrow.