Forum mondial sur la migration : Les syndicats réclament des droits pour les travailleurs migrants

Les représentants syndicaux présents à la réunion du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD) qui s’est tenue à Puerto Vallarta, Mexique, ces 8 et 9 novembre ont été rejoints par diverses organisations de défense des droits des migrants dans leur appel en faveur d’une approche fondée sur les droits pour aborder les migrations de main-d’œuvre et de mesures plus efficaces pour combattre le racisme et la discrimination.

Avant la rencontre intergouvernementale, une délégation de 30 syndicalistes sous l’égide du groupement Global Unions a assisté aux « Journées de la société civile » organisées dans le cadre du FMMD à Puerto Vallarta, Mexique. Les représentants des syndicats et autres participants de la société civile se sont déclarés préoccupés du fait que malgré certaines améliorations intervenues cette année, les possibilités qu’ils ont de faire entendre leur voix dans les processus intergouvernementaux sur les migrations restent insuffisantes.

Relevant les propos du président mexicain Felipe Calderon Hinojosa, qui a souligné la primauté des lois humanitaires au regard des politiques migratoires, outre le fait que la puissance des États-Unis n’aurait pas été possible sans l’apport constant de main-d’œuvre mexicaine, plusieurs représentants de la société civile mexicaine ont exprimé des réserves quant à la probité de l’engagement du gouvernement mexicain en faveur des droits humains des migrants. Ils ont indiqué qu’à maintes reprises, les autorités s’étaient tout simplement abstenues d’enquêter sur des cas de violation.

Dans leurs interventions, les représentants du groupement Global Unions ont souligné le fait qu’à l’heure actuelle, les travailleuses et travailleurs migrants subissent de plein fouet la détérioration des marchés de l’emploi. Ils ont insisté sur l’urgence d’une approche fondée sur les droits à l’heure d’aborder les migrations. Ils ont appelé les gouvernements à assurer aux migrants une protection adéquate contre le racisme et la xénophobie, clairement à la hausse dans plusieurs pays. La délégation syndicale a salué l’événement parallèle organisé conjointement par l’OIT et le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme pour marquer le 20e Anniversaire de la Convention de l’ONU sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles. A ce propos, ils ont signifié leur plein soutien à la Convention qui doit encore être ratifiée par un grand nombre de « pays récepteurs » de main-d’œuvre migrante.

Au cours des discussions, les organisations de défense des droits des migrants et le groupement Global Unions ont mis en exergue les contradictions qui peuvent exister au niveau des pays de destination, comme les États-Unis ou l’UE, qui dépendent fortement de la main-d’œuvre migrante bon marché pour la croissance de leur développement économique mais négligent de protéger les droits des migrants. « Bien qu’ils contribuent au développement économique et social, les travailleurs et travailleuses migrants sont systématiquement marginalisés, exploités et maltraités. Il est de la responsabilité fondamentale de tous les gouvernements de protéger les droits des travailleuses et travailleurs migrants », a indiqué Ambet Yuson, secrétaire général de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB).

Dans sa déclaration, le groupement Global Unions met en garde contre les dangers d’une surestimation de la contribution des migrations au développement et de la promotion des envois d’argent comme substitut à une stratégie de développement. « L’embauche de travailleurs qualifiés tels les personnels infirmiers et les médecins prive les pays en développement d’un capital humain. D’après Peter Waldorf, secrétaire général de l’Internationale des services publics (ISP), « Cette fuite des cerveaux a un impact dévastateur sur les économies les plus pauvres, notamment en Afrique. »

D’autre part, les représentants du groupement Global Unions ont exprimé des réserves eu égard aux réunions intergouvernementales du FMMD, qui sont volontaires, non contraignantes et tendent à être centrées exclusivement sur la migration temporaire. Il convient de nuancer la promotion de programmes de migration temporaire de main-d’œuvre en tant que solution aux pénuries de main-d’œuvre dans les pays de destination et aux déficits de développement dans les pays d’origine. « Dans beaucoup de cas, des suppositions réductrices de la sorte se sont avérées erronées et les programmes se rapportant aux travailleurs étrangers temporaires convenus d’un commun accord entre les pays émetteurs et récepteurs dans le cadre du FMMD sont, de plus en plus souvent, utilisés pour contourner la législation et les normes du travail », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Quant à l’examen du FMMD prévu courant 2013 dans le cadre de Dialogue de haut niveau de l’ONU sur les migrations, le groupement Global Unions appelle à un engagement plus résolu de l’ONU et, plus particulièrement, de l’OIT. Le fait de recentrer le processus du FMMD autour des Nations unies aiderait à assurer que les discussions sur les migrations internationales se déroulent à l’intérieur du cadre normatif de l’ONU et contribuerait, par là, à garantir une meilleure protection des travailleurs migrants.

Lire la déclaration du groupement Global Unions