La CSI débat de la justice mondiale avec des représentants politiques et de la société civile

La troisième journée de discussions du Congrès de la CSI à Vancouver BC (Canada) a notamment été consacrée à un débat avec trois personnalités bien connues du monde politique et de la société civile à propos d’alliances que les syndicats pourraient renforcer avec d’autres secteurs qui partagent des objectifs communs avec le mouvement syndical.

Poul Nyrup Rasmussen, président du parti des socialistes européens et ancien premier ministre danois, a parlé du travail conjoint que les syndicats et les forces politiques progressistes devraient entreprendre pour parvenir à contrôler concrètement l’avidité des entreprises à l’origine de la crise financière et économique actuelle, la pire crise de ces 80 dernières années. Il a cité l’exemple de la mise en place d’une imposition sur les transactions financières en tant que mesure spécifique à laquelle le mouvement syndical ainsi que diverses autres organisations et différents partis politiques adhèrent. M. Rasmussen a également évoqué l’importance, au vu de l’économie mondialisée d’aujourd’hui, d’apporter une dimension internationale aux activités syndicales nationales et a invité les directions des syndicats à intégrer régulièrement cette dimension à leurs analyses et discours à leurs membres.

Amsatou Sow Sidibé, voix bien connue de la promotion des droits humains dans son pays natal, le Sénégal, mais également dans toute l’Afrique, est la cofondatrice du Réseau africain pour la promotion de la femme travailleuse. Elle s’est adressée à l’assemblée du Congrès en lui parlant de la responsabilité spécifique que les syndicats devraient endosser en vue de la lutte contre les inégalités de genre et l’exploitation des femmes sous toutes ses formes. En répondant aux questions des délégués, Mme Sidibé a déclaré que la contribution des organisations syndicales pourrait être particulièrement utile s’ils déployaient davantage d’efforts à organiser les travailleuses du secteur informel où l’on retrouve au moins 90 pour cent des femmes africaines.

Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace, a expliqué aux délégués au Congrès que le mouvement syndical international a montré un exemple éloquent à toutes les organisations de la société civile en s’unifiant et en créant la CSI en 2006. M. Naidoo, ancien secrétaire général de CIVICUS, une alliance mondiale pour la participation citoyenne, a également affirmé à l’assemblée qu’il est plus facile de parvenir à l’unité d’action lorsque des organisations de différents secteurs soulignent leurs intérêts communs autant que leurs spécificités. Interrogé sur la marée noire actuellement en cours dans le golfe du Mexique, il a fait remarquer que la négligence de la société a tué onze personnes dans l’explosion qui a précédé la marée noire, un fait qui n’a été que brièvement mentionné dans les médias internationaux. Cette catastrophe relève d’un important problème de sécurité des travailleurs et cause d’énormes préoccupations environnementales. Il s’agit dès lors d’un dossier dont les syndicats et les organisations de défense de l’environnement devraient s’emparer ensemble.

Le secrétaire général de la CSI, Guy Ryder, a conclu en déclarant que la crise économique et le besoin de mettre en place un autre modèle économique renforçaient l’importance d’une action commune entre syndicats, organisations de la société civile et forces politiques progressistes et ce, encore plus qu’en 2006, au moment où la CSI a vu le jour.