Turquie : Appel à la protection des défenseurs des droits humains contre la persécution et les menaces

À ce jour, les violations des droits syndicaux restent très répandues en Turquie. Outre l’absence quasi-totale de progrès en vue de l’établissement d’un cadre juridique garantissant le plein respect de ces droits conformément aux normatives de l’UE et des Conventions de l’OIT, les droits de grève et de négociation collective restent frappés de sévères restrictions. Les employeurs font pression pour contraindre les salariés à se désaffilier des syndicats, cependant que l’ingérence dans les affaires internes des syndicats est pratique courante.

Pendant ce temps, une tendance inquiétante se développe liée au recours de plus en plus fréquent au harcèlement judiciaire contre des syndicats, où des syndicalistes se voient traduire en justice sur des charges de « terrorisme. » Une constante commence à apparaître : Une fois écroués, les syndicalistes sont systématiquement soumis à un traitement abusif, voire maltraités ; les autorités invoquent l’une ou l’autre disposition de la loi pour garder l’affaire « sous-couvert de secret. » Il est alors impossible pour les avocats de la défense d’accéder aux dossiers de leurs clients durant une période initiale – qui peut éventuellement se prolonger à plus d’un mois ; les chefs d’accusation se rapportent toujours à l’une ou l’autre forme d’ « activité terroriste. »

La CSI et une douzaine de représentants de syndicats et de fédérations syndicales internationales de huit pays européens ont assisté les 19 et 20 novembre 2009, à Izmir, au procès de 31 dirigeants et membres de la Confédération syndicale nationale des travailleurs du secteur public (KESK). Accusés d’avoir monté une organisation terroriste, 22 des syndicalistes ont d’ores et déjà écoulé près de six mois en réclusion sans avoir eu droit à un procès équitable. Entre temps, aux chantiers navals Tuzla, des dirigeants du syndicat des dockers Limter-Is, membre de la confédération DISK, elle-même affiliée à la CSI, ont reçu des menaces de mort émanant du patron de l’entreprise pour avoir pris la défense d’un certain nombre de leurs collègues sommairement congédiés.

Protection internationale (PI) a produit un documentaire vidéo d’une durée de 27 minutes qui retrace l’évolution historique des violations continues des droits syndicaux en Turquie, replaçant ainsi dans son contexte la situation qui se vit dans le pays à l’heure actuelle. Ce documentaire sera présenté durant une conférence de presse organisée le jeudi 29 avril à 11 heures à l’International Trade Union House (5, Boulevard du Roi Albert II, salle B, 1er étage), en collaboration avec la CES, la FIJ, Amnesty International et la FIDH. La conférence sera donnée en anglais et en français.

Des témoignages seront apportés par le représentant de Limter-Is, Hakki Demiral. Erol Önderoglu, rédacteur de Bianet.org, site web d’information basé à Istanbul, fera le point sur la situation des défenseurs des droits humains et des journalistes. Seront également présents parmi les conférenciers :
-  Guy Ryder, secrétaire général de la CSI
-  Joël Decaillon, secrétaire général adjoint de la CES
-  Renate Schroeder, FIJ
-  Shane Enright, AI
-  Grégoire Théry, FIDH
-  Pascale Boosten et Eric Juzen, PI, auteurs du documentaire.

La CSI représente 176 millions de travailleurs dans 312 organisations affiliées dans 155 pays et territoires. http://www.youtube.com/ITUCCSI

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse de la CSI au : +32 2 224 0204 ou au +32 476 621 018.