Les ministres des finances des pays du G20 ne se montrent pas à la hauteur du défi

photo: G20 KSA

La déclaration à l’issue de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 qui s’est tenue le 18 juillet est bien en deçà de ce dont le monde a besoin pour lutter contre l’impact sanitaire et économique dévastateur de la pandémie de COVID-19.

« L’on ne peut que déplorer que les ministres des finances du G20 ne se soient pas encore montrés à la hauteur du défi posé par la pandémie mondiale. Alors que des billions de dollars ont été mobilisés pour des mesures économiques et sanitaires, l’on attend toujours que s’affirme une volonté résolue de s’attaquer de manière globale à la pandémie, qui urge pourtant. Ainsi, une attention insuffisante est accordée à l’emploi et à la protection sociale. En outre, même si des propos encourageantes ciblent l’infrastructure numérique, les ministres des finances semblent faire du sur-place concernant des sujets pourtant essentiels tels que l’allègement de la dette, la création d’un fonds de protection sociale à l’intention des pays les plus pauvres, les investissements dans la santé et l’économie des soins, et l’accès universel aux traitements et, lorsqu’ils existeront, aux vaccins. Aucun nouvel engagement de ressources ne vient financer de manière adéquate les institutions financières internationales ou permettre de les réformer pour tenir compte des Objectifs de développement durable », a dit Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Avant la réunion du G20, les représentants des travailleurs et des entreprises ont lancé un appel commun en faveur d’une action résolue concernant la dette, y compris un pardon de la dette souscrite auprès de banques multilatérales de développement et la participation de créanciers privés aux moratoires sur les remboursements. L’allègement de la dette, y compris le pardon, ainsi que la plus grande envergure des nouveaux prêts et subventions octroyés par la Banque mondiale et autres banques de développement, exigent un nouvel apport de capitaux des pays du G20. Il convient de faire en sorte que les créanciers privés soient tenus de prendre part à un moratoire sur la dette. Ils ne devraient plus avoir la possibilité de se cacher derrière des questions de compétence juridique dans des lieux tels que Londres ou New York ; au contraire, il faudrait mettre sur pied une procédure contraignante en vue de résoudre les défauts souverains et de renégocier les dettes non viables.

La déclaration prévoit une éventuelle extension des reports de paiement en cours d’année, alors que c’est maintenant qu’il faudrait prendre cet engagement, afin que les pays soient en mesure de faire des prévisions dans un environnement plus certain. Force est de constater que moins de la moitié des 11,5 milliards de dollars d’allégement de la dette bilatérale de la part de pays du G20 à l’intention des pays les plus pauvres a été réalisée dans les fait aujourd’hui. La seule conditionnalité admise pour l’allègement ou le pardon de la dette devrait être la présence d’investissements nationaux alignés sur les ODD les plus pertinents pour la reprise et la résilience économiques. Le Plan d’action du G20 ne fournit pas de stratégie claire visant à favoriser les investissements dans une reprise génératrice d’emplois et des infrastructures durables. Une fois de plus, la réunion des ministres des finances s’est terminée sans qu’un accord n’ait été conclu sur l’émission de nouveaux droits de tirage spéciaux du FMI. Or, cette mesure fournirait aux pays en développement des ressources essentielles pour se protéger contre l’effondrement de leur économie et de l’emploi.

En revanche, on peut se réjouir de l’initiative de faire le suivi des progrès réalisés par rapport aux engagements financiers du G20 en début d’année. Si ce suivi fournit un cadre de reddition de comptes utile, il ne saurait remplacer la nécessaire ambition qui fait encore défaut.

La déclaration mentionne bien le travail d’harmonisation des règles fiscales qui est en cours au niveau mondial, mais rien ne vient indiquer un nouvel élan visant à mettre un terme aux préjudices fiscaux entraînées par l’évitement fiscal et la fraude fiscale, ou l’adoption de nouvelles mesures pour contenir le pouvoir monopolistique des principales sociétés du secteur technologique et pour en partager les bénéfices au moyen d’un taxe sur le numérique.

L’ampleur considérable de la pandémie exige une action ambitieuse et concertée, ce que les ministres des finances des pays du G20 sont loin de proposer. La poursuite de cette inaction risque d’avoir des conséquences catastrophiques sur la santé, les emplois, les revenus et le climat », a dit Sharan Burrow.