Le travail en horaires decalés est mauvais pour le cerveau

photo: Graphic: Ned Jolliffe/Hazards

Selon une nouvelle étude, le fait de travailler alternativement en équipe de nuit, du matin et du soir, risque à long terme d’altérer la mémoire et les capacités mentales. L’étude réalisée sur des travailleurs français actifs et retraités révèle qu’après une décennie de travail en équipe, le cerveau a vieilli de plus de six ans.

Selon une nouvelle étude, le fait de travailler alternativement en équipe de nuit, du matin et du soir, risque à long terme d’altérer la mémoire et les capacités mentales. L’étude réalisée sur des travailleurs/euses français actifs et retraités révèle qu’après une décennie de travail en équipe, le cerveau a vieilli de plus de six ans.
Des chercheurs des universités de Toulouse et de Swansea ont établi un lien entre le travail en équipe et une détérioration des fonctions du cerveau, en particulier chez les personnes qui travaillent tour à tour en équipe de nuit, du matin et du soir. À l’issue de l’étude, qui portait sur 3232 travailleurs/euses actifs et retraités vivant en France, les scientifiques ont constaté que les personnes qui travaillaient en équipes alternatives avaient obtenu des résultats nettement moins bons aux tests de mémoire et de rapidité cognitive que les personnes qui travaillaient à des heures régulières.
Le niveau de détérioration mentale découvert chez les personnes travaillant en équipes irrégulières pendant dix ans équivaut à six ans et demi de déclin cognitif naturel lié à l’âge, d’après les chercheurs. L’étude a évalué les participant(e)s en 1996, en 2001 et en 2006. Une personne sur cinq avait travaillé en équipe de nuit, du matin et du soir. Les employé(e)s qui travaillaient ou avaient travaillé en équipe ont obtenu de moins bons résultats aux tests de mémoire et de rapidité que ceux qui effectuaient des horaires de bureaux classiques.
L’équipe de chercheurs a constaté que l’arrêt du travail en équipe entraînait une amélioration des fonctions cognitives – ce qui suggère que les effets néfastes sont réversibles – mais qu’il fallait attendre cinq ans sans travailler en équipe alternative avant d’observer une amélioration.
En publiant leurs résultats dans le journal en ligne Occupational and Environmental Medicine (http://oem.bmj.com/content/early/2014/10/08/oemed-2013-101993.short?g=w_oem_ahead_tab) le 3 novembre dernier, les auteurs, avec à leur tête le Dr Jean-Claude Marquié, de l’université de Toulouse, arrivent à la conclusion suivante: «Les troubles cognitifs observés dans la présente étude peuvent avoir d’importantes conséquences sur la sécurité, non seulement pour les individus concernés mais aussi pour l’ensemble de la société, compte tenu du nombre croissant d’emplois très dangereux exercés de nuit… Ces derniers résultats soulignent l’importance du suivi médical des personnes qui travaillent en équipe, en particulier après dix années consécutives, ou plus».