Appel à l’action pour la collecte de pétitions citoyennes dans le cadre de la campagne «Travail décent pour une vie décente»

Il est estimé qu’environ la moitié des travailleurs du monde touche un salaire inférieur à 2 dollars par jour. 12,3 millions de femmes et d’hommes travaillent en servitude. 200 millions d’enfants de moins de 15 ans travaillent au lieu d’aller à l’école. Chaque année, 2,2 millions de personnes perdent la vie dans des accidents du travail ou des suites de maladies professionnelles. Si l’on ajoute à cela le chômage galopant à l’échelle mondiale, l’absence de protection sociale pour la majorité des travailleurs employés dans l’ « économie informelle » et la violation systématique des droits syndicaux dans le monde, les conséquences de l’absence de travail décent sont criantes.

Le besoin d’une action urgente pour remédier à cette situation sera mis en exergue aujourd’hui à l’occasion du lancement de l’Appel à l’action pour le travail décent. Sous ce mot d’ordre, les partenaires de la campagne Travail décent pour une vie décente* appelleront les gouvernements et les leaders mondiaux à honorer les promesses de la Déclaration ministérielle de l’ONU de juin 2006, à savoir «instaurer aux échelons national et international un climat qui favorise la réalisation de l’objectif de plein emploi et de travail productif et décent pour tous.

En lançant cet Appel à l’action en présence d’un public composé de chefs de gouvernement, de dirigeants de syndicats et de la société civile des quatre coins du monde, Guy Ryder, secrétaire général de la CSI, appellera les institutions mondiales à redéfinir leurs politiques de manière à accorder la priorité à la concrétisation du travail décent.

« A l’heure actuelle, l’architecture financière mondiale est plus fragile que jamais – la déréglementation des marchés financiers est à l’origine d’un mouvement de panique à l’échelon mondial, assorti d’un risque de récession de l’économie réelle, qui se traduit, concrètement, par le risque de voir des milliers de personnes expropriées de leur logement. Dans le même temps, des sociétés de capital-risque brassent des milliards de dollars provenant de transactions suspectes, lesquelles sont rendues possibles par des régimes fiscaux laxistes, tandis que les travailleurs, eux, sont laissés pour compte. Si les négociations de l’OMC ont échoué c’est en partie parce que les gens ont cessé de croire que la mondialisation agit à leur avantage. Les gouvernements ont convenu de faire du travail décent un objectif et il revient désormais à ces mêmes gouvernements de prendre les dispositions qui s’imposent pour faire en sorte que le travail décent constitue la norme au sein des institutions internationales », a souligné Ryder.

« Il est impératif d’atteindre l’objectif de travail décent si nous tenons à convaincre les gens que la mondialisation peut agir à leur profit. Alors que le débat sur le mini-traité bat son plein en Europe, que les citoyens européens ont de plus en plus le sentiment d’être privés de leur part du gâteau, que leurs vies sont moins stables et à l’heure où l’on voit des courants nationalistes s’approcher de nous à pas de loup, le temps est venu de les rassurer en planchant sur la qualité de l’emploi pour les travailleurs, aussi bien en Europe qu’ailleurs, de même qu’à l’établissement d’un système commercial équitable qui garantisse une répartition égale des bénéfices », a déclaré Josep Borrell, président du Forum progressiste mondial et président du Comité du développement du Parlement européen.

Rabiatou Diallo, membre du Conseil d’administration de l’OIT et secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), qui se ralliera elle aussi à l’action mondiale, a mis en exergue l’importance de veiller à la protection de la main-d’œuvre de l’ « économie informelle », majoritairement féminine, actuellement spoliée de l’accès à la pension, aux droits de maternité et aux soins de santé.

« Nous savons que pour un investissement modique, les gouvernements pourraient étendre la protection sociale à l’ensemble de la main-d’œuvre et que les bienfaits d’une telle démarche en termes d’éducation, de santé et de bien-être de la population seraient exponentiels. La prochaine conférence des gouvernements sur les finances pour le développement, qui se tiendra dans le courant de 2008 à Doha devra s’attacher à définir des approches pour étendre ces droits humains fondamentaux à toutes les personnes sans exception », a-t-elle dit.

L’appel à l’action sera lancé à 12h15 précises dans l’Auditorium VIII du Palais des Congrès AIP à Lisbonne.

Dans le cadre de cet Appel à l’action, les demandes suivantes sont faites aux gouvernements :

1. Travail décent : Réaffirmer le rôle d’un emploi stable et de qualité envers une économie prospère et des communautés justes et équitables à travers l’application de stratégies visant à atteindre l’objectif de plein emploi productif, y compris pour les personnes qui travaillent, à l’heure actuelle, dans l’économie dite informelle, et qui ont besoin de droits et de justice pour défendre leurs intérêts. Toutes les personnes sans distinction ont droit à un emploi, à des conditions de travail honorables et à un revenu suffisant pour couvrir leurs besoins essentiels, y compris leurs besoins économiques et sociaux, ainsi que ceux des membres de leur famille ; il convient de renforcer ce droit en garantissant à tout le monde un salaire vital adéquat.

2. Droits : Le droit des travailleuses et des travailleurs de former des syndicats et d’y adhérer et de mener des négociations collectives avec leur employeur est d’une importance fondamentale pour atteindre l’objectif du travail décent et il revient à l’ensemble des organisations internationales, des gouvernements et des entreprises de remplir leurs responsabilités pour garantir le respect des droits humains des travailleurs.

3. Protection sociale : Renforcer et élargir la portée de la protection sociale en garantissant l’accès à la sécurité sociale, à la pension, aux allocations chômage, à la protection de la maternité et à des soins de santé de qualité pour tous. Ces prestations doivent être accessibles pour toutes et tous, y compris pour les travailleuses et les travailleurs de l’économie dite informelle.

4. Commerce : Réformer les règles commerciales inéquitables de manière à ce que les accords commerciaux fassent office d’instrument favorisant le travail décent, le développement durable et l’autonomisation des travailleuses et des travailleurs, des sans emploi et des pauvres dans le monde entier, Veiller à inclure aux termes des accords commerciaux des mécanismes contraignants pour la promotion et la mise en pratique du travail décent, y compris les normes fondamentales du travail. Les gouvernements doivent s’abstenir de conclure des accords commerciaux susceptibles de nuire aux intérêts des pauvres, d’engendrer le chômage ou de conduire à l’exploitation. Les demandes des organisations de travailleurs et des autres acteurs de la société civile devront être prises en considération.

5. Dette : Veiller à ce que les priorités des institutions financières internationales tiennent compte des enjeux sociaux et environnementaux. En particulier, il convient d’abolir toutes conditions de prêt et d’endettement en vertu desquelles des pays se verraient obligés de déréguler leurs marchés du travail, de réduire les dépenses publiques et de privatiser des services publics au détriment de l’accès et de la qualité de ces services. La mise en pratique de l’ensemble des projets financés par ces institutions doit se faire dans le plein respect des normes fondamentales du travail.

6. Coopération : Veiller à ce que les gouvernements remplissent leur promesse d’augmenter le niveau de coopération officielle au développement dévolue par les pays riches à au moins 0,7% du PIB. Un niveau de coopération au développement adéquat est impératif si l’on tient à ce que les Objectifs du Millénaire pour le développement soient atteints.

7. Migration : Veiller à ce que la main-d’œuvre migrante ne soit pas exploitée et jouisse des mêmes droits que les autres travailleurs en ratifiant les conventions pertinentes de l’OIT et la Convention de l’ONU de 1990 relative à la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.

L’appel à l’action sera diffusé dans le monde entier et les signatures recueillies seront présentées aux décisionnaires lors d’événements phares. Tout le monde est encouragé à se rallier à la mobilisation en faveur du travail décent en se rendant sur www.decentwork.org.


(*) La campagne Travail décent pour une vie décente est menée conjointement par la Confédération syndicale internationale, Solidar, le Forum progressiste mondial, Social Alert International et la Confédération européenne des syndicats.

Pour toutes demandes d’informations et d’interviews, prière de contacter Kristin Blom, au 0032 487 38 44 91 – Courriel : [email protected]

www.ituc-csi.org

www.solidar.org

www.gpf.org

www.socialalert.org

www.etuc.org