Bangladesh: La réforme de la législation du travail laisse à désirer

Les propositions de réforme de la législation du travail notoirement faible du Bangladesh actuellement débattues au parlement sont inadéquates et laisseront les travailleurs dépourvus d’une garantie de protection en vertu des normes du travail internationales, d’après la Confédération syndicale internationale (CSI).

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI a indiqué : « Après des années d’inaction, le gouvernement cherche à noyer toute critique à l’égard d’un système qui a coûté des milliers de vies et acculé les travailleuses et travailleurs de l’industrie de l’habillement à des salaires d’un dollar par jour, le tout au profit des entreprises. Les changements débattus au parlement ne vont rien changer, ce qui implique de la part des principaux partenaires commerciaux du pays - États-Unis et UE notamment – qu’ils redoublent désormais leurs pressions pour une réforme de substance. »
Les 360 000 travailleuses et travailleurs employés dans les huit zones franches d’exportation du pays demeureront exclus du champ d’application de la législation du travail et se verront reléguer à une législation séparée qui va jusqu’à interdire aux travailleurs de former un syndicat. La garantie de lieux de travail sans syndicats semble faire partie des promesses faites aux investisseurs pour les inciter à s’implanter dans les zones.

« Vu le grand nombre de sièges parlementaires occupés par des propriétaires d’usines, il n’est guère étonnant que les droits des travailleurs continuent d’être réprimés », a dit Sharan Burrow.

L’une des pires dispositions de l’ancienne législation du travail qui exigeait que les noms des employés susceptibles d’adhérer à un syndicat soient communiqués aux propriétaires d’usines devrait, vraisemblablement, être abrogée. Cependant, vu les liens privilégiés qui existent souvent entre les fonctionnaires du gouvernement et les employeurs locaux, les travailleurs qui adhèrent à des syndicats risquent toujours de perdre leur emploi. Malgré la réforme de la législation, divers obstacles administratifs continuent à fortement limiter le droit des travailleurs à former des syndicats, notamment des seuils d’affiliation excessifs pour l’enregistrement de syndicats, des restrictions liées à l’éligibilité aux postes syndicaux, de même que des restrictions liées à la portée des négociations collectives et au droit de grève.

Le non-traitement pur et simple par les fonctionnaires des demandes d’enregistrement des syndicats est une autre tactique antisyndicale courante qui ne semble pas près de s’estomper. Il n’est guère inhabituel que les enregistrements aillent croissant lorsque des accidents industriels braquent l’attention internationale sur le Bangladesh, comme cela a été le cas par le passé, mais l’élan ne tarde pas à s’essouffler à mesure que la pression international se relâche.

« Des mesures partielles ne suffisent pas. Le Bangladesh doit rendre sa législation pleinement conforme aux normes de l’OIT, notamment pour ce qui a trait à la liberté syndicale et la négociation collective. C’est la position que nous défendrons lors du débat à la Conférence de l’OIT demain et nous maintiendrons la pression sur les marques de vêtements internationales et les gouvernements pour convaincre le Bangladesh de faire ce qui est juste pour son propre peuple », a déclaré madame Burrow.