Bangladesh : Une législation du travail en mal de réforme

Une mission de la CSI au Bangladesh cette semaine a appelé le gouvernement à rendre sa législation du travail conforme aux normes de l’OIT, afin de permettre aux travailleurs de s’organiser en syndicats et mener des négociations collectives pour des salaires décents et de se protéger sur les lieux de travail dangereux.

« Les changements juridiques proposés par le gouvernement semblent être plus cosmétiques que réels et laisseraient toujours les travailleurs dépourvus de tout recours pour se protéger contre l’exploitation. Nous avons attiré l’attention du gouvernement bangladais sur la nécessité d’un processus tripartite, où le gouvernement, les employeurs et les syndicats seraient engagés dans la tâche essentielle d’élaborer de nouvelles lois.

Le Bangladesh doit absolument redorer sa réputation ternie par les violations des droits des travailleurs s’il tient à garantir un traitement équitable pour ses effectifs, de même que le maintien et la progression de ses exportations », a déclaré le secrétaire général adjoint de la CSI, Wellington Chibebe, qui présidait la mission aux côtés du secrétaire général de la CSI-AP, Noriyuki Suzuki.

L’actuelle législation du travail, bien qu’elle reconnaisse le droit de former un syndicat, demeure néanmoins nettement en-deçà des normes internationales. Dans l’immense industrie de l’habillement, des employeurs parviennent, avec la complicité ou le consentement du gouvernement, à empêcher les travailleuses et travailleurs de former des syndicats ou d’y adhérer, licenciant sommairement et en toute impunité quiconque ose s’organiser pour défendre sa dignité au travail.

Soumis durant des années aux pressions incessantes des sociétés multinationales pour le maintien des coûts de production à des niveaux artificiellement bas, le gouvernement a durant trop longtemps négligé le bien-être et la sécurité des employés. Le fait qu’un grand nombre de propriétaires d’usines détiennent des sièges au parlement a, par ailleurs, entravé toute possibilité de réforme et contribué au bilan désastreux qu’affiche cette industrie au plan de la sécurité La rémunération des effectifs majoritairement féminins, qui travaillent par équipes de jusqu’à 12 heures, est souvent inférieure à deux dollars par jour.

« Le bilan tragique de l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza braque une fois de plus l’attention sur l’industrie de l’habillement du Bangladesh et de nombreuses marques internationales ont adhéré à une initiative commune avec le groupement Global Unions portant sur la sécurité incendie et bâtiment. À présent, c’est au gouvernement de jouer, et cela signifie des lois qui soient conformes aux normes internationales », a conclu Chibebe.