L’accord de libre-échange Corée du Sud-États-Unis est un faucheur d’emplois

La CSI, soutenue par ses affiliées coréennes et étasuniennes, a averti que le nouvel accord de libre-échange « KORUS » conclu entre les deux pays entraînera la perte de milliers d’emplois. L’accord a été adopté à la sauvette par le parlement sud-coréen, à l’issue d’une session convoquée dans la hâte pour prendre au dépourvu les partis d’opposition et minimiser toute possibilité de réaction publique.

« Cet accord aura des répercussions désastreuses pour des milliers de familles, à l’heure où tous les efforts des gouvernements devraient être axés sur la création d’emplois et non pas sur un nivellement par le bas en matière de travail décent et de niveau de vie. Il ne prévoit pas de mécanismes adéquats pour la protection des droits des personnes au travail et incitera à une spéculation financière accrue, cependant que ses procédures de règlement des différends, qui ont préséance sur la législation nationale, sont, de fait, antidémocratiques », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Selon des estimations indépendantes de l’impact de l’ALE sur l’emploi, pas moins de 130.000 postes pourraient être supprimés dans le secteur agricole en Corée du Sud et plus de 150.000 aux États-Unis. L’International Trade Commission (Commission internationale du commerce) des États-Unis a, elle-même, conclu que l’impact en matière d’emploi serait probablement négligeable, contrairement aux affirmations de la Chambre de commerce des États-Unis selon lesquelles il contribuerait à la création de jusqu’à 280.000 nouveaux postes.

« La Chambre de commerce des États-Unis avait déjà usé de tels prétextes fallacieux de création d’emploi dans le cadre d’accords antérieurs de ce type. L’histoire a démontré qu’ils avaient tort mais la vérité est une fois de plus sacrifiée aux intérêts particuliers du percentile le plus riche. S’il profitera à certaines grosses sociétés, cet accord risque, dans l’ensemble, d’avoir de graves répercussions économiques et sociales », a indiqué Sharan Burrow.

Les confédérations syndicales coréennes FKTU et KCTU ont clairement exprimé leur opposition au KORUS, avec l’organisation par la KCTU d’une manifestation qui a mobilisé près de 40.000 personnes à Séoul le 13 novembre. La KCTU a décrit l’accord de libre-échange comme étant « nuisible pour les travailleurs et les familles de travailleurs, tant aux États-Unis qu’en Corée ». Pour sa part, Rich Trumka, président de l’AFL-CIO, a déclaré que l’accord était contraire au nouveau modèle commercial préconisé par le mouvement syndical et qu’il ne contribuait pas, non plus, à un avenir durable à niveau mondial. D’après Trumka, « Il est essentiel qu’avant de mettre en vigueur l’accord, les deux pays rendent leur législation et leurs pratiques du travail pleinement conformes aux normes internationales. »

« L’entrée en vigueur de l’accord KORUS devrait être reportée jusqu’à ce qu’il ait été remanié de façon à promouvoir le travail décent et le respect des normes du travail fondamentales », a déclaré Sharan Burrow. « Il conviendrait d’en supprimer le Mécanisme Investisseur-État pour le règlement des différends et d’entreprendre une évaluation publique exhaustive de l’impact économique et social de l’ALE sur les travailleurs dans les deux pays. »