Dans l’avis préliminaire, qui fait à présent l’objet d’un débat par le Réseau syndical de coopération au développement, plusieurs aspects particuliers sont au cœur de nos préoccupations, en tant que travailleurs/euses et syndicats: le travail décent, la protection sociale, le dialogue social et l’appropriation démocratique. D’autres mouvements ont exprimé des points de vue similaires et ont fait part d’autres préoccupations particulières que nous partageons (notamment the Women Major Group et autres).
Dans l’ensemble, la « main invisible » du secteur privé a clairement influé sur les recommandations dans la mesure où le rapport comporte des objectifs axés sur les entreprises et favorables au marché. Comme bien d’autres, nous sommes préoccupés par la marchandisation manifeste des biens mondiaux et la place des citoyens comme simples facteurs de production et/ou de consommation.
En outre, nous sommes extrêmement préoccupés par la distorsion des approches fondées sur les droits, consacrés par les nombreuses conventions et déclarations en matière de droits humains, à travers la promotion d’objectifs volontaires, non contraignants et non engagés et, par conséquent, l’absence de responsabilisation au sein du système proposé.
L’Agenda pour le travail décent est sacrifié en faveur de « bons emplois », la protection sociale devient l’assistance sociale et un appel est lancé aux entreprises pour qu’elles contribuent au développement à travers l’autoréglementation et le partage charitable des bénéficies/profits. Ce nouveau paternalisme est, en réalité, la principale approche du nouveau cadre proposé.
Outre la marchandisation supplémentaire du modèle de développement mondial et la nouvelle approche paternaliste, nous sommes également préoccupés par le déficit démocratique croissant qui affaiblit la légitimité du processus du Groupe de personnalités de haut niveau. Il est évident que le système de « consultation » souple et la représentation partielle de la société civile (seulement les entreprises privées) ont permis dans une grande mesure que la « main invisible » adapte le rapport à ses souhaits. La nouvelle architecture du développement doit faire face au déficit démocratique en garantissant un processus participatif dès le début. Le processus doit être fondé sur les droits et être normatif afin de permettre des mesures appropriées et cohérentes à l’échelle nationale ainsi qu’une supervision et une évaluation significatives à l’échelle mondiale et régionale, à nouveau faisant intervenir diverses parties prenantes. L’approche de « l’appropriation démocratique » devrait être fondée sur les droits et éliminer l’approche de « consultations » superficielles. Une « nouvelle » stratégie de développement durant les mois à venir ne peut être élaborée comme si de rien n’était…
Article par Jan Dereymaeker, CSI/RSCD
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