Mauritanie : la CSI condamne les violences contre une marche syndicale

La CSI condamne vivement la répression survenue à l’encontre des syndicalistes mauritaniens qui s’étaient mobilisés ce 7 octobre pour participer à la journée mondiale pour le travail décent (JMTD) mais dont la manifestation à Nouakchott a été violemment réprimée par les autorités. Alors qu’il se réjouissait du succès de la mobilisation syndicale planétaire de ce 7 octobre, Guy Ryder, secrétaire général de la CSI a aussitôt exprimé dans un message vidéo sa profonde préoccupation à l’annonce de la répression violente qui s’est abattue le même jour sur les syndicalistes mauritaniens(1).

Six centrales syndicales (UTM, CGTM, CLTM, USLM, UNTM et CNTM), appelant à résister à la dictature militaire en Mauritanie, avaient annoncé qu’elles maintenaient leur appel à manifester pacifiquement mardi après-midi à Nouakchott dans le cadre de la mobilisation internationale de la Journée mondiale pour le travail décent, en dépit de l’interdiction de toutes manifestations par la junte. "On s’attend à être réprimés, mais c’est le prix à payer", déclarait alors à l’Agence France Presse Abdallahi Ould Mohamed dit Nanah, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM)."Si une organisation syndicale ne peut même pas exprimer ses préoccupations librement dans la rue, alors, mieux vaut ‘fermer la baraque’ et partir! Nous rassembler, c’est tout ce qui nous reste", avait ajouté le secrétaire général de la CGTM, relayant l’appel des six centrales syndicales à la défense des libertés fondamentales brimées par le pouvoir militaire. Par ailleurs, au niveau des provinces du pays, les coordinations syndicales régionales avaient prévus des manifestations spécifiques, telles que conférences et meetings, s’inscrivant également dans la journée de mobilisation syndicale mondiale pour le travail décent.

"la manifestation a commencé depuis une heure: ils ont utilisé contre nous les gaz lacrymogènes, les gourdins, avec une grande violence, même les femmes n’ont pas été épargnées", a témoigné à la CSI Samory Ould Beye, secrétaire général de la CLTM . A la tombée de la nuit, le calme semblait être revenu sur les lieux des violences, « mais les sièges des organisations syndicales sont toujours assiégés par la police", a affirmé Samory Ould Beye, ajoutant que la répression avait fait "une vingtaine de blessés légers". (2)

Pour rappel, depuis le coup d’Etat mené il y a deux mois par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a pris la présidence d’un Haut conseil d’Etat(HCE), les centrales syndicales mauritaniennes n’ont cessé de réclamer un retour sans condition à l’’ordre constitutionnel normal par la libération et le rétablissement du Président de la République et de son Premier Ministre dans leurs fonctions légitimes. Pour les centrales syndicales, « l’intérêt suprême du peuple mauritanien réside dans le respect de sa volonté constitutionnelle exprimée durant les élections de mars 2007 qui ont couronné un long processus démocratique qui avait permis l’instauration de véritables institutions démocratiques qui demeurent les seules légitimes et capables de lui assurer un développement durable ».

Depuis le coup d’Etat militaire du 6 août, la CSI n’a cessé d’exprimer sa préoccupation et sa condamnation énergique, tout en appelant, à l’instar de la communauté internationale, à la restauration immédiate de la légalité constitutionnelle dans le pays.



(1) Message video de Guy Ryder à l’issue de la journée de mobilisation syndicale mondiale pour le travail décent

(2) Témoignage vidéo de la répression de la marche syndicale