Les projets de Solidar Suisse sur le travail informel en Afrique du Sud

Par Joachim Merz et Zoltan Doka (Solidar Suisse)

Le Programme 2030 de l’ONU avec ses 17 « objectifs de développement durable » (ODD) a réaffirmé que l’objectif du travail décent pour tous continue de figurer au cœur de l’agenda mondial. Des cibles comme le travail décent pour tous (8.5), l’éradication du travail forcé et de l’esclavage moderne (8.7), la protection des droits des travailleurs et la promotion de la sécurité et de la santé sur les lieux de travail (8.8) ont été adoptées par l’ensemble des membres de l’ONU.

Mais malgré les célébrations qui ont entouré l’adoption de ce programme historique, un nombre incalculable de travailleurs formels et informels peinent à traduire leurs droits humains en une existence meilleure et plus sûre. Ils revendiquent toujours le droit à une protection en matière de santé, le droit à voir leurs besoins de base garantis, de même que le droit à une protection du troisième âge sous forme de pensions de retraite. Ils continuent de se battre contre l’abus et l’exploitation, tant de la part des gouvernements que des milieux d’affaires.

C’est dans ce contexte que Solidar Suisse apporte son soutien aux personnes marginalisées et à leurs organisations, pour que les législations du travail soient dûment appliquées, pour garantir l’accès aux indemnités légales en cas de maladie ou d’accidents, garantir l’hygiène et la sécurité sur les lieux de travail, la protection contre les excès d’heures supplémentaires et aider les travailleurs à faire valoir leurs droits à protester contre des pratiques illégales et abusives. Ce faisant, Solidar Suisse contribue à combler le fossé qui sépare les augustes déclarations et conventions de la dure réalité que les travailleurs vivent au quotidien.

En Afrique du Sud, Solidar Suisse œuvre aux côtés du Casual Workers Advice Office (CWAO) pour aider les travailleurs occasionnels, les travailleurs contractuels et autres travailleurs de l’économie informelle à défendre leurs droits.

Officiellement situé à 25%, le taux de chômage réel en Afrique du Sud est plus proche de 40%. De surcroît, la majorité des personnes qui exercent un emploi sont exploitées. Un pourcentage de plus en plus important de personnes travaillent par intérim. En réalité, elles effectuent le même travail que les employés permanents mais sous des conditions nettement inférieures.

Les salaires de ces intérimaires ou « travailleurs des agences de placement » sont nettement inférieurs. Ils sont, par ailleurs, dépourvus de sécurité sociale et peuvent être licenciés sans préavis. Le CWAO fournit des conseils et une assistance aux travailleurs précaires pour les encourager et les soutenir à former des organisations. L’organisation apporte son soutien aux travailleurs, comme notamment les balayeurs recrutés par le biais d’agences de placement pour nettoyer les rues et les espaces publics. L’organisation apporte également son soutien aux travailleurs de la poste en grève pour revendiquer des emplois permanents et aux employés temporaires d’une chaîne de fastfood congédiés sans préavis après 12 années de service.

Dans la plupart des cas, les travailleurs informels font appel à une aide dans le contexte d’un licenciement déloyal ou illégal, d’un dumping social ou parce que les employeurs n’ont pas payé leurs contributions de sécurité sociale. Chaque année, près de 4000 travailleurs font appel au CWAO et pour cause. Grâce au CWAO, 80% des affaires traitées se soldent par un gain de cause en faveur des travailleurs.

Récemment, le CWAO a activement milité en faveur d’un amendement de la loi sur les relations du travail, aux fins d’accorder plus de droits aux travailleurs intérimaires et contractuels. Conséquemment, un amendement a été apporté à la loi prévoyant qu’au terme de trois mois de travail temporaire ou de travail de durée déterminée, l’employé devient éligible au statut de salarié permanent.