Les gouvernements ne tiennent pas les promesses de l’Accord de Paris et mettent en danger la stabilité de la planète

Une analyse réalisée par la Confédération syndicale internationale (CSI) révèle que la plupart des nouvelles mesures pour le climat présentées par les gouvernements, dans le cadre de l’Accord de Paris sur le changement climatique, manquent de plans ambitieux pour le climat, de plans de transition juste et de dialogue social.

Au total, 136 gouvernements devaient rendre leurs contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN), mais seulement 79 les ont effectivement envoyées. La CSI publie iciles résultats pour chacun des critères.

Sur les 79 CPDN remises, l’analyse de la CSI indique que:

  • 20 CPDN (25 %) ont des plans ambitieux pour le climat;
  • 10 CPDN (8 %) ont des plans de transition juste;
  • 16 CPDN (13 %) recourent au dialogue social.

Les dix pays qui affichent les plus mauvais résultats en matière d’ambition et de transition juste sont: l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, la Corée du Sud, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Pologne et la Russie.

Deux des plus grands pays du monde, à savoir les États-Unis et la Chine, pourraient faire part de leurs derniers plans cette semaine.

Sharan Burrow, la secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Six ans après la signature de l’Accord de Paris, et à la veille de la Journée internationale de la Terre, ces résultats sont insuffisants. Les pays les plus riches du monde devraient se trouver en tête, au lieu de rester à la traîne.

« Seulement un pays sur quatre a présenté des plans ambitieux pour le climat, et pratiquement neuf pays sur dix ne font pas usage du dialogue social, ce qui empêche les travailleurs et les communautés de s’exprimer sur leur propre avenir.

« Le changement climatique présente la plus grande menace pour nous tous, et tous les gouvernements doivent désormais renvoyer leurs CPDN, centrées sur de solides plans de transition juste et sur le dialogue social. Concrètement, il s’agit d’offrir aux travailleurs des emplois respectueux du climat qui opèrent une transition entre les domaines dans lesquels l’emploi décline et les nouveaux secteurs en pleine expansion. C’est le moins qu’on puisse faire pour les travailleurs. »

  • Les pays dont les plans pour le climat sont les plus ambitieux sont : le Costa Rica, l’Éthiopie, le Kenya, la Moldavie, le Rwanda, le Suriname.
  • Les pays ayant des plans de transition juste crédibles sont : l’Allemagne, l’Argentine, le Costa Rica, l’Espagne, le Kenya, la Norvège, les Pays-Bas, la République dominicaine, le Suriname, l’Union européenne (UE).
  • Les pays qui recourent au dialogue social sont : l’Allemagne, l’Argentine, le Costa Rica, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Japon, le Kenya, la Norvège, le Panama, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, l’UE.

L’UE franchit une étape importante actuellement avec son programme pour la reprise associé à un Fonds pour une transition juste, qui prévoit de transférer 21 milliards de dollars aux régions à forte intensité de carbone et utilisant des combustibles fossiles, qui sont les plus affectées par la transition énergétique.

Le Kenya fait explicitement référence à la transition juste dans ses CPDN et le gouvernement kenyan consulte les syndicats de travailleurs au sujet de ses plans.

Les CPDN du Costa Rica comportent un plan de transition juste et un engagement à l’égard d’un dialogue social tripartite entre le gouvernement, les travailleurs et les employeurs.

« Ces pays montrent ce qu’il est possible de faire. Il ne suffit pas de mentionner l’expression « transition juste ». Pour être crédibles, les plans doivent privilégier le dialogue avec les syndicats et les parties prenantes. Nos syndicats sont prêts à discuter et à travailler ensemble sur les plans de transition juste.

« La transition juste est le pont qui mène à une économie sans énergies fossiles. Si nous voulons assurer la transition dans tous les secteurs, et nous devons nous y employer, dans le but d’atteindre zéro émission nette, alors nous devons veiller à ce que cette transition soit juste. Pour cela, il faut que les syndicats participent aux discussions visant à établir un plan concerté qui offre aux travailleurs un avenir sûr.

« Rien n’excuse le fait de ne pas envoyer les CPDN répondant à nos trois critères : plans ambitieux pour le climat, plans de transition juste et dialogue social. Nous continuerons de dénoncer les gouvernements qui ne fournissent pas leur part d’effort et de les exhorter à faire mieux dans cette course contre la montre », a ajouté Sharan Burrow.