Le NTUC renforce sa capacité de sensibilisation afin de promouvoir la création de travail décent au Népal

La création de travail décent rencontre de nombreux obstacles au Népal. Toutefois, l’actualité est encourageante : l’emploi est de plus en plus abordé dans le discours public et l’on commence à observer les premiers signes de changement. Le Congrès syndical népalais (« Nepal Trade Union Congress » ou NTUC) se mobilise afin d’assister à la concrétisation de ce changement positif. Cet article présente une analyse de la situation réalisée par le NTUC ainsi que ses plans pour promouvoir et sensibiliser l’opinion en faveur du travail décent.

Par Mahendra Pd. Yadav – Secrétaire général du Congrès syndical du Népal – Photos du NTUC

Le contexte national

Environ 400 000 personnes, des jeunes pour la plupart, intègrent le marché du travail chaque année. À peine plus de 5 % d’entre eux réussissent à décrocher un emploi convenable tandis que les autres se voient contraints de vivre dans une situation de chômage, de sous-emploi ou encore d’accepter des emplois qui ne leur permettent pas d’assurer leur niveau de vie. Comme l’indique le dernier rapport disponible sur l’étude sur la main-d’œuvre népalaise (2008), 2,1 % des jeunes au Népal sont chômeurs et 30 % sont sous-employés. Les zones rurales sont les plus durement touchées.

Le manque d’opportunités de travail décent dans le pays pousse les gens à chercher un emploi à l’étranger. La perspective d’un salaire plus élevé à l’étranger est un facteur important qui attire les travailleurs migrants népalais. De ce fait, la majorité des jeunes finissent par partir à l’étranger. Environ 1500 jeunes hommes et jeunes femmes quittent le Népal chaque jour. Bien que les fonds qu’ils renvoient chez eux constituent une partie importante des recettes du gouvernement, le vide que ces jeunes laissent derrière eux constitue un gouffre en matière de productivité. Parmi ces travailleurs migrants, certains s’impliquent dans des activités dont la précarité est notoire et dont les effets sont dévastateurs pour la société népalaise. Les conditions dans les pays du Golfe sont particulièrement mauvaises et les travailleurs endurent régulièrement des retards de paiement de leurs salaires et des conditions de travail extrêmes. Par ailleurs, ils sont également exposés à du harcèlement et des abus tels que la confiscation de leur passeport par les employeurs. L’augmentation alarmante du nombre de migrants népalais revenant les pieds devant de ces pays a atteint un niveau record.

Les décideurs en matière d’emploi n’ont toujours pas trouvé de solution à ce problème. Des experts affirment que la situation plutôt floue que connaît actuellement l’emploi dans le pays est due à l’impact cumulé d’un gouvernement qui ne réussit pas à encourager le secteur privé et au fait que les emplois productifs dans divers secteurs de l’économie n’ont pas été privilégiés, en particulier dans les secteurs des services et de l’agriculture. Il y a un certain optimisme dans la reconnaissance de l’ampleur de la tâche visant à inverser les tendances de l’emploi par l’intermédiaire de la mise en œuvre de programmes solides.

Au Népal, la nature représente à la fois une source de possibilités et de risques. Le tremblement de terre du mois d’avril 2015 est un exemple de l’impact dévastateur qu’elle peut avoir, détruisant aussi bien les foyers que les lieux de travail. Les différends économiques en cours liés au blocus aux frontières avec l’Inde n’ont fait qu’aggraver la situation. Toutefois, la recherche souligne également le potentiel inexploité des ressources naturelles du Népal. Si nous voulons réussir, nous devons atténuer les risques et exploiter les possibilités d’une manière qui procure les plus grands bénéfices à la population du Népal.

Des premières mesures dans la bonne direction

À travers plusieurs politiques et programmes, le gouvernement a exprimé son engagement pour la promotion des opportunités d’emploi et une meilleure qualité de vie. En réponse à la situation accablante de l’emploi dans le pays au fil des années, il a tenté de prendre des mesures pour créer des emplois. La mise en place en 2016-2017 du Fonds pour l’emploi indépendant des jeunes et des petites entreprises (Youth and Small Entrepreneur Self-Employment Fund – YSEF) est l’une de ces mesures. L’objectif est de créer de l’emploi pour 50 000 jeunes à travers ce fonds. Les résultats initiaux sont mitigés en raison de l’accès limité à ces informations de la part des parties prenantes.

Par ailleurs, le Gouvernement népalais a adopté une Politique nationale pour l’emploi en 2015, mais a malheureusement démontré un manque d’engagement pour sa mise en œuvre au niveau des programmes. L’agriculture, la manufacture, la construction et le tourisme ont été identifiés comme étant les principaux secteurs de création d’emplois au Népal. Presque 80 % des travailleurs du Népal travaillent dans l’agriculture. En raison de la saisonnalité de ce secteur, nombreux sont les travailleurs sous-employés pendant la morte-saison. La productivité du travail est faible en raison de l’insuffisance en matière de technologies, d’informations et de finances. Il n’y a pas de sécurité sociale pour ces travailleurs et leurs revenus sont très faibles. De nombreux secteurs informels ne font partie d’aucune organisation et les travailleurs ne bénéficient donc d’aucune protection. De surcroît, l’énorme potentiel de création d’emplois dans le cadre des infrastructures publiques n’est pas pleinement exploité. Parmi ses voisins de l’Asie du Sud, le Népal dispose d’un avantage comparatif pour développer son secteur du tourisme. Le faible développement du secteur du tourisme est imputé à l’insuffisance des infrastructures combinée à l’instabilité politique.

Engagement syndical

Le NTUC estime que les cadres juridique et politique actuels permettent la création d’emplois dans le pays. Toutefois, l’engagement en matière d’application active de ces lois et de mise en œuvre de ces politiques est considéré comme insuffisant. Cela est dû en partie à un manque d’informations des décideurs et des planificateurs politiques et un manque de responsabilisation dans le cadre de la mise en œuvre de la législation et des politiques. Le NTUC, en qualité de centrale syndicale nationale, a pour mandat de sensibiliser à différents niveaux et d’attirer l’attention sur la mise en œuvre des politiques et de la législation afin de créer de nouveaux emplois et améliorer les emplois existants dans le pays. Avec le soutien de l’OIT, le NTUC a lancé un projet visant à renforcer ses activités de sensibilisation auprès des décideurs et des planificateurs afin de les aider à comprendre la situation et prendre les décisions touchant les programmes et les politiques de création de travail décent.

Le projet se focalise sur la prise de conscience et le développement des capacités à renforcer les efforts de sensibilisation pour la promotion de l’emploi. Des activités sont prévues à la fois aussi bien au niveau national que provincial. Le dialogue social servira de stratégie principale de sensibilisation pour s’adresser aux décideurs, politiciens et autres acteurs clés. Dans certaines municipalités spécifiques, un processus ciblé de planification au niveau local sera utilisé afin que les priorités de l’emploi y soient également intégrées. Le NTUC travaillera en étroite collaboration avec les acteurs liés à l’emploi aux niveaux national et local. Les branches des jeunes et des femmes du NTUC seront mobilisées pour une mise en œuvre efficace et une maximalisation de la sensibilisation en matière d’emploi.

Tout au long du projet, le NTUC intégrera soigneusement les questions liées à l’égalité entre les sexes, les groupes défavorisés, les personnes handicapées et les travailleurs migrants. Le dialogue social sera l’outil principal pour faciliter la planification au niveau local et intégrer l’agenda de création d’emploi dans les plans et programmes au niveau local. Le NTUC documentera l’apprentissage continu, les pratiques d’excellence du programme et échangera ces connaissances avec les partenaires pertinents, notamment l’OIT, les organisations de la société civile et à travers le Réseau syndical de coopération au développement.

Le NTUC a lancé les travaux dans les districts népalais suivants : Banke, Kailali, Kaski, Katmandou, Morang, Parsa, Rupandehi et Surkhet. Les groupes cibles du projet sont les jeunes chômeurs, les femmes, les membres, dirigeants et travailleurs des syndicats, les travailleurs migrants de retour, les organisations locales qui travaillent sur les questions de l’emploi, les fonctionnaires du gouvernement local et les fonctionnaires nationaux (y compris le ministère du Travail et de l’Emploi).

Pour plus d’informations sur les travaux du NTUC, veuillez consulter leur site Web ici.