La Biélorussie promeut l’investissement étranger mais bafoue les droits des travailleurs

Les violations fréquentes et flagrantes des droits des travailleurs dans lesquelles se trouve impliqué le gouvernement de la Biélorussie n’ont pas empêché celui-ci d’organiser un événement de haut vol avec la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ces 27 et 28 avril 2010 au Palais des Nations, à Genève. L’événement intitulé Journées d’investissement en Biélorussie (Belarus Investment Days) vise à attirer des investisseurs étrangers potentiels en Biélorussie en facilitant à ces derniers des échanges au plus haut niveau avec des responsables biélorusses.

De fait, le document de fond préparé pour la rencontre par la CNUCED reconnaît qu’il y a un manque de respect considérable des normes fondamentales de l’OIT reconnues internationalement, de même qu’un mépris de l’état de droit et des obligations contractuelles en général. Le rapport de la CNUCED souligne que l’économie biélorusse « conserve pour l’essentiel tous les éléments propres à une économie planifiée », s’appuyant, par force, sur des modalités de pouvoir politique, d’institutions et de processus décisionnels centralisées.

« Il ne s’agit pas dans ce cas de simples questions d’ordre technique ou juridique mais bien d’atteintes directes et ciblées aux principes et au respect des droits fondamentaux des travailleurs consacrés dans les normes de l’OIT », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI.

Bien qu’elle ait reconduit, à son indépendance, les ratifications faites par l’Union soviétique en 1956 des conventions-clés de l’OIT, à savoir les Conventions 87 et 98, il n’y pas eu le moindre changement eu égard aux violations continues des droits des travailleurs. La persécution des syndicats indépendants s’est poursuivie quand bien même des processus de surveillance de l’OIT étaient en place. Les signes de bonne volonté occasionnels qui ont émané du gouvernement par le passé n’ont rien fait pour compenser la litanie de violations continues et désormais tristement familières, alors que la position du gouvernement à l’heure actuelle se caractérise avant tout par l’inaction.

Aussi, la CSI ne peut-elle cacher sa profonde inquiétude eu égard à la nature et à l’agencement dans le temps de cette initiative organisée par la CNUCED en association avec les autorités biélorusses, notamment parce qu’elle risque d’affaiblir les pressions faites sur le gouvernement de Biélorussie pour lui faire respecter les recommandations de l’OIT.

« Tant que les recommandations de l’OIT ne seront pas mises en pratique, il conviendra d’observer la plus grande prudence eu égard à l’impact de toute initiative de cette nature sur les travailleuses et les travailleurs de Biélorussie », a conclu Ryder. « La Biélorussie doit en premier lieu respecter les droits des travailleurs et instituer des relations professionnelles effectives avant de pouvoir attirer des investissements étrangers qui soient réellement bénéfiques pour ses travailleuses et travailleurs. »