Déclaration conjointe OIE-CSI concernant les négociations pour une transition juste à la COP28

Les organisations patronales et syndicales participant aux négociations des Nations unies sur le climat s’expriment aujourd’hui d’une seule voix pour s’adresser aux Parties de la COP28.

Les représentants gouvernementaux réunis à Dubaï dans le cadre de la COP28 sur le climat négocient actuellement un « Programme de travail pour une transition juste » visant à officialiser les mesures prises par les gouvernements pour intégrer des politiques de transition juste dans le cadre de leur action climatique. Les discussions ont pour but de combiner la dimension internationale de la transition juste, centrée notamment sur le développement durable et l’éradication de la pauvreté, et les mesures mises en place au niveau national. Il s’agit également d’assurer la cohérence des initiatives gouvernementales pour faire face aux impacts du changement climatique.

Ensemble, la Confédération syndicale internationale (CSI), représentant 210 millions de travailleurs dans 165 pays, et l’Organisation Internationale des employeurs (OIE), représentant 50 millions d’entreprises dans 142 pays, ont rappelé aux gouvernements que, en tant que partenaires sociaux et acteurs de l’économie réelle, leur objectif était de faire pression sur la COP28 pour aboutir à un accord sur une architecture mondiale qui garantisse une transition juste à la fois soutenue et efficace. Employeurs et travailleurs jouent un rôle essentiel dans la construction d’un avenir résilient face au changement climatique et ont des solutions à proposer.

Avant l’accord de Paris négocié en 2015, les employeurs, syndicats et gouvernements de 187 pays se sont réunis en tant que membres de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour établir les « Principes directeurs pour une transition juste vers des économies et des sociétés écologiquement durables pour tous» [1]. Lors de la Conférence internationale du Travail, en juin 2023, les représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs de 187 pays membres de l’OIT ont largement approuvé ces principes directeurs pour une transition juste, considérés à la fois comme une référence centrale pour l’élaboration des politiques et une base pour l’action en faveur de la transition juste, à mettre en œuvre au niveau national. Ces principes directeurs et cette résolution, plus que jamais nécessaires aujourd’hui, stipulent que : « Les transitions nécessitent des efforts concertés et doivent être planifiées et organisées de façon à remédier aux pertes d’emplois, aux déficits de travail décent, aux inégalités, aux déséquilibres sectoriels et au décalage entre l’offre et la demande de compétences. Il faut des politiques cohérentes et équilibrées qui prennent en considération le lien entre le changement climatique, le travail décent et le développement durable. » Il importe d’accorder une place centrale aux travailleurs et aux entreprises, en particulier aux petites et moyennes entreprises (PME) qui ont besoin d’un environnement favorable pour innover, assurer leur durabilité et offrir des emplois décents.

En tant que représentants des employeurs et des travailleurs à la COP28, nous constatons avec inquiétude que les négociations visant à définir un programme de travail pour une transition juste ne reposent en rien sur les principes fondamentaux et le consensus pour une transition juste que ces mêmes gouvernements, avec l’appui des organisations syndicales et patronales, ont adoptés à la Conférence internationale du Travail en juin 2023.

La Résolution [2] de la Conférence internationale du Travail comprend des éléments permettant de définir la transition juste et d’aboutir à une approche commune à cet égard. Ces documents fournissent notamment une politique et un cadre pour informer et proposer des moyens permettant de progresser vers une transition juste qui tienne compte des contextes nationaux et des priorités nationales pour le développement.

Les transitions ont un impact sur les travailleurs et les chefs d’entreprise dans tous les secteurs de l’économie, en particulier les PME, aujourd’hui comme dans le futur. Il importe d’investir dans le dialogue social − qui examine les problèmes liés au travail − pour promouvoir les transformations les plus importantes dont nous avons besoin pour le bien des individus et de la planète.

Ces rappels sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires. Les principes directeurs et la résolution s’appliquent aux politiques macroéconomiques, industrielles et sectorielles, aux politiques actives du marché du travail, aux politiques de renforcement des compétences, à la santé et à la sécurité au travail, aux entreprises durables, à la protection sociale, à la question du genre, à l’inclusion et l’équité, et doivent être basés sur un dialogue social inclusif.

Garantir une transition juste est important pour tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, et pour tous les secteurs économiques (formels et informels), et celle-ci doit être alignée sur les priorités nationales en matière de développement.

Ces éléments devraient être abordés dans les discussions de la COP28 portant sur le programme de travail pour une transition juste. Syndicats et employeurs ne souhaitent pas que la dimension de l’emploi soit diluée dans les discussions importantes sur la transition juste engagées actuellement à Dubaï. Les dimensions nationale et internationale sont toutes deux d’importance égale pour assurer une transition juste qui contribue à la justice sociale et à l’action climatique.

Les négociateurs à la COP28 pourraient envisager la résolution de la Conférence internationale du Travail comme une base solide pour aboutir à une approche commune de la transition juste pour le programme de travail et le cadre politique, afin de proposer des moyens pour progresser vers une transition juste.

L’OIE et la CSI se déclarent prêtes à travailler avec les gouvernements aux niveaux national et mondial pour assurer une transition juste.