En Tunisie, le gouvernement a intensifié les restrictions des libertés civiles et a harcelé et persécuté des dirigeants syndicaux. Les autorités ont adopté le décret n° 54, qui sanctionne la simple expression d’une opposition, d’une protestation ou d’une revendication par une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans, et une amende de 50 244 dinars tunisiens (16 279 dollars É.-U.). Ce décret a été appliqué avec la plus grande rigueur par les autorités. Avec cette sanction qui pèse sur eux, les militants syndicaux qui s’efforcent de mener à bien leurs activités ordinaires risquent à tout moment d’être arrêtés et condamnés à des peines sévères.
Parallèlement, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a examiné des dizaines de pages de médias sociaux consacrées à l’attaque de l’organisation et à la diabolisation du travail syndical et des syndicalistes. Le 3 mai 2023, le ministère public a renvoyé en prison Nasser Ben Amara, le secrétaire général du Syndicat de base des agents et cadres du ministère des affaires culturelles, pour avoir publié sur Facebook un message critiquant le président de la République. Dans le procès qui s’en est suivi, il a été blanchi des allégations d’outrage par un agent public dans l’exercice de ses fonctions.
Arrestation d’un dirigeant syndical
Taher Mezzi, secrétaire général adjoint en charge du secteur privé à l’UGTT, a été arrêté le 29 février 2024. Il s’agit selon l’UGTT « d’une décision purement politique et d’une affaire montée de toutes pièces ». L’UGTT, qui appelle à la libération de Taher Mezzi et à l’abandon des poursuites, considère que l’arrestation, intervenue juste avant le début d’une manifestation prévue à La Kasbah, avait été orchestrée pour fragiliser et menacer le syndicat, et faire obstacle au mouvement syndical indépendant en général.