Hong Kong : Les lobbies commerciaux s’opposent aux droits des travailleurs en Chine

Malgré les sérieux problèmes auxquels se trouvent confrontés les travailleuses et travailleurs en Chine, certaines entreprises de Hong Kong se servent de la crise financière comme prétexte pour exiger à la Chine de renouer avec les normes de travail abusives sanctionnées par le modèle « propice aux affaires » de la Région administrative spéciale.

Bruxelles, le 28 novembre 2008 : Malgré les sérieux problèmes auxquels se trouvent confrontés les travailleuses et travailleurs en Chine, certaines entreprises de Hong Kong se servent de la crise financière comme prétexte pour exiger à la Chine de renouer avec les normes de travail abusives sanctionnées par le modèle « propice aux affaires » de la Région administrative spéciale. Guy Ryder, secrétaire général de la CSI a écrit aux autorités de Hong Kong (EN) pour leur enjoindre de soutenir les efforts entrepris par Pékin dans le sens d’une amélioration des conditions de travail, et de ne pas succomber à la tentation d’un retour en arrière.

Hong Kong est la seule économie riche du monde à être dépourvue d’une législation imposant une limite sur les heures de travail ; les semaines de travail de 60 heures et plus ne sont pas inhabituelles et pourtant la part du revenu national qui revient aux travailleurs est parmi les plus faibles si on la compare aux autres pays industrialisés. Même si la législation du travail reste largement inappliquée de l’autre côté de la frontière administrative, la lettre de la loi pourrait, à tout le moins, procurer un degré de protection aux travailleurs – or les propriétaires de petites et moyennes entreprises à Hong Kong ont désormais été rejoints par le principal parti politique pro-gouvernement, l’Alliance démocratique pour l’amélioration et le progrès de Hong Kong (DAB), dans le lobby qui demande au gouvernement de Hong Kong de soutenir la suspension de certaines parties de la loi nouvellement promulguée sur les contrats de travail en Chine.

Dans la période qui a précédé l’adoption de la loi sur les contrats de travail, le lobbying le plus concerté et le plus influent du point de vue politique contre les dispositions favorisant les travailleurs émanait d’associations industrielles de Hong Kong et de la région. Ce lobbying s’est poursuivi tout au long de l’année dernière – jusqu’au moment où les règles d’application ont finalement été émises, en septembre 2008.

Les milieux d’affaires et les politiciens de Hong Kong affirment à présent que la législation du travail –et la crise financière mondiale – sont responsables d’une spirale de faillites alarmante. Or l’évidence du contraire est accablante. De fait, la récente flambée des prix du pétrole, la hausse des prix du transport et des matières premières, outre le cours élevé du Yuan ont conduit un grand nombre d’entreprises au bord du précipice au cours des 12 derniers mois. La situation est susceptible de s’aggraver considérablement avec la baisse vertigineuse de la demande mondiale.

« A l’heure où l’onde de choc de la crise financière mondiale commence à se ressentir dans l’économie réelle, les travailleurs et travailleuses en Chine nécessitent plus de protection que jamais. Les efforts menés par les intérêts corporatifs les plus puissants de Hong Kong et leurs alliés en Chine en vue de la suppression des moyens de protection même les plus modestes sont totalement inacceptables », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. « La croisade menée par de nombreuses entreprises de Hong Kong pour maintenir un sous-prolétariat constitué de travailleuses et travailleurs faiblement rémunérés qu’ils peuvent exploiter et mettre au rebut à leur guise jette le discrédit sur leurs prétentions de « responsabilité sociale d’entreprise » comme une démarche purement rhétorique et nuira plutôt qu’elle ne contribuera au développement économique de la Chine sur le long terme », a-t-il ajouté.


La CSI représente 168 millions de travailleurs au sein de 311 organisations affiliées nationales dans 155 pays.

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