Gros plan sur Nina Nyembezi (LRS - Afrique du Sud)

« Toucher 10.000 jeunes travailleuses, c’est l’objectif de la campagne « Decisions for Life » en Afrique du Sud »

Lié au projet internet novateur « Decisions for Life »(1), la campagne syndicale « Decisions for Life » couvre 12 pays (Afrique du Sud, Angola, Mozambique, Zambie, Zimbabwe, Brésil, Inde, Indonésie, Azerbaïdjan, Belarus, Kazakhstan, Ukraine). Elle s’intègre dans la campagne syndicale internationale globale « Un travail décent, une vie décente pour les femmes ». Alors que s’ouvre ce lundi à Bruxelles la première Conférence mondiale des femmes de la CSI (2) à laquelle elle participe, Nina Nyembezi (LRS-Labour Research Service) nous expose le succès du lancement de cette campagne en Afrique du Sud. Avec la collaboration étroite de quatre fédérations syndicales sud-africaines (COSATU, FEDUSA, NACTU et CONSAWU) et de trois syndicats du secteur des services (SASBO, SACCAWU et CWU), l’objectif de cette campagne est de toucher 10.000 jeunes travailleuses sud-africaines en deux ans, avec un thème prioritaire : lutter contre le harcèlement sexuel.

En quelques mots, qu’est-ce que « Decisions for Life »?

Le projet « Decisions for Life » (Décisions pour la vie) est axé sur les jeunes femmes qui ont la confiance, la connaissance et le pouvoir de prendre des décisions à propos de la carrière qu’elles ont choisie et sur la façon dont elles relèvent les défis au travail et à la maison, dont elles choisissent leur partenaire, dont elles équilibrent leur vie professionnelle et familiale, et surtout sur la façon dont elles réalisent leurs rêves.

Quelles sont les principales préoccupations des jeunes travailleuses en Afrique du Sud?

• Les possibilités d’étude

• Trouver un emploi qui permette d’évoluer et de progresser

• Être reconnues et valorisées sur le lieu de travail, à la maison et au sein de la communauté

• Avoir une relation épanouissante avec leur partenaire

• Être capable de décider davantage quand elles deviendront mères
• Savoir se protéger du VIH

• Pouvoir contrôler leur corps et ne pas avoir à subir de violences sexuelles

• Pouvoir profiter de leur jeunesse sans subir de pressions découlant d’obligations financières envers des dépendants (par exemple, de jeunes sœurs et frères, des parents, des grands-parents, etc.)

Vous êtes coordinatrice de la campagne. Qu’offrent cette campagne et ce projet syndicaux aux jeunes travailleuses du secteur des services?

• Une chance de partager leur expérience avec d’autres jeunes femmes

• Une possibilité de comprendre la nature du secteur et les défis qu’il présente pour les jeunes femmes

• Une chance de travailler ensemble pour relever certains défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes du secteur

• Une possibilité de renforcer et de construire des syndicats dans le secteur et surtout, une chance de s’assurer que l’opinion des jeunes femmes devienne essentielle pour la syndicalisation dans ce secteur

La campagne syndicale a été lancée le 29 août. Quels ont été les principaux faits marquants de ce lancement ?

• L’intérêt de la part des jeunes femmes pour le secteur des services, pour le mouvement syndical en général et pour ce qu’il y a au-delà du mouvement syndical, par exemple, pour les communautés locales

• Le niveau de participation des jeunes femmes lors du lancement

• Le fait que presque toutes les présentations et discussions avaient été organisées par des jeunes femmes du secteur des services

• Le fait que des jeunes femmes de différents groupes du secteur des services, par exemple, des femmes employées dans des centres d’appel et dans la distribution, des secrétaires et des administratrices du secteur de la fabrication, des jeunes femmes administratrices de syndicats et des jeunes femmes au chômage, ont pu identifier des difficultés et des rêves communs et étaient désireuses de s’organiser ensemble pour relever ces défis et réaliser leurs rêves

• Les types d’activités et de matériels éducatifs mis au point pour le lancement semblent correspondre au public visé

• Le lancement a attiré énormément d’attention de la part des médias et de soutien de la part d’organisations de services qui travaillent avec des femmes

•Le lancement a donné un merveilleux élan pour poursuivre la campagne. En travaillant au lancement, nous sommes parvenus à renforcer les relations de travail entre les différentes fédérations syndicales qui ont souvent des approches différentes de l’organisation

Quels sont les objectifs de la campagne syndicale?

• Pour les jeunes femmes du secteur des services, d’autres secteurs et de la communauté en général, considérer la campagne comme un espace où l’opinion, les idées, les sentiments et les décisions des jeunes femmes sont pris au sérieux

• Un espace où les jeunes femmes sentent qu’elles s’émancipent tant individuellement que collectivement et décident en connaissance de cause

• Une possibilité pour le syndicat de mettre au point des stratégies qui permettent d’attirer de jeunes femmes au sein du mouvement syndical et de renforcer la position de celles déjà présentes au sein d’organisations

• Une chance pour le syndicat de devenir un « refuge » pour les jeunes femmes

• Une possibilité pour le syndicat de renforcer les stratégies visant à mettre un terme aux relations inégales entre les hommes et les femmes, à la fois à l’intérieur de l’organisation et sur le lieu de travail

• Une chance de s’assurer que les revendications lors des négociations collectives reflètent les intérêts des jeunes travailleuses

• Une possibilité pour davantage de jeunes femmes de se révéler en tant que dirigeantes syndicales

Quelles activités de campagne intéressantes et originales allez-vous organiser pour ces jeunes travailleuses?

Mon rôle est d’aider les syndicats à organiser des activités de campagne appropriées, originales et intéressantes qui renforceront la position des jeunes travailleuses et permettront aux syndicats de devenir des « refuges » pour ces jeunes travailleuses, de même qu’une source d’inspiration pour les jeunes femmes de tous les autres secteurs de la société.
Voici quelques exemples d’activités de campagne prévues pour les 4 prochains mois (jusqu’à la fin de 2009):

• Organisation de discussions de suivi avec toutes les personnes ayant participé au lancement par l’intermédiaire de différents syndicats.

• Formation de forums/cercles de discussion, etc. qui rassembleront des jeunes femmes du secteur des services qui ne sont pas encore organisées. Ils offriront ainsi un espace de recrutement aux syndicats.

• Lancement plus restreint de la campagne dans la ville du Cap, coordonné par un groupe de jeunes travailleuses de la distribution et de centres d’appel.

• Groupes de discussion spécialisés avec des travailleuses intéressées d’envisager des façons de participer à la campagne.

• Zones précises (par exemple, certains centres commerciaux) pour mener des campagnes de recrutement publiques. Ces activités seront coordonnées par des personnes de contact déjà présentes au sein des centres commerciaux.

• Organisation d’une campagne médiatique qui se concentrera sur les médias syndicaux et sur les stations de radio communautaires. « Nos visages » joueront un rôle plus important dans la campagne médiatique

• Donner des représentations de la pièce « Decisions for Life ».

• Recrutement d’un groupe de jeunes travailleuses au chômage pour qu’elles prennent le relais des acteurs professionnels.

• Recueil d’histoires spécifiques au « secteur », par exemple de femmes travaillant dans des centres d’appel.

• Formation à l’utilisation des réseaux sociaux en tenant compte du genre.

• Établissement de réseaux de solidarité avec des groupes de femmes.

• Attention particulière au « harcèlement sexuel » dans le cadre de la campagne nationale: 16 jours d’action contre la violence basée sur le sexe.

• Présence de la campagne « Decisions for Life » à tous les congrès des fédérations syndicales.

Combien de jeunes travailleuses désirez-vous contacter et quels objectifs concrets comptez-vous atteindre d’ici deux ans?

Nous avons fixé notre objectif à 10.000 travailleuses d’ici les deux prochaines années.

Quels sont les différents partenaires de la campagne syndicale et comment cette coalition unique entre centrales nationales et syndicats a-t-elle pu voir le jour?

Nous avons 4 fédérations syndicales, COSATU, FEDUSA, NACTU et CONSAWU, en tant que partenaires. Trois organisations affiliées à l’UNI, SASBO, SACCAWU et CWU, participent également. Grâce aux fédérations, de nombreuses jeunes femmes qui travaillent dans des catégories d’emploi du secteur des services, comme des secrétaires, participent à la campagne. Nous mettons également en place un groupe d’organisations de solidarité, comme Sexual Harassment Project (SHEP), International Labour Research and Information Group (ILRIG), People Opposing Women Abuse (POWA), ainsi qu’une série de groupes communautaires de femmes.

Selon vous, qu’est-ce qui rend ce projet unique?

C’est un projet qui traite du pouvoir des jeunes femmes et qui ne les considère pas comme des victimes. Il est en outre formulé avec le langage des jeunes femmes, sans condescendance. Ce projet nous permet de montrer que l’âge est un élément important à prendre en considération au moment de s’attaquer aux inégalités entre hommes et femmes.


(1) Le projet « Decisions for Life »est centré sur les jeunes femmes entre 15 et 29 ans, dans 14 pays.

(2) Venues d’une centaine de pays, 450 femmes syndicalistes participent ce lundi à Bruxelles à l’ouverture de la première Conférence Mondiale des Femmes de la CSI. Plus d’information sur le contenu de cette conférence:ici

- Photos de la Conférence