Enquête mondiale de la CSI sur la COVID-19 : disparités régionales dans la riposte des gouvernements à la pandémie de COVID-19. Des millions de travailleurs sont au bord de la catastrophe économique en Afrique, en Asie-Pacifique et sur le continent américain

The impact of Covid-19 on jobs and employment has increased as more countries are responding to the pandemic with national lockdown measures including the closure of schools and non-essential business. While wage protection and income support are provided in many G20 and OECD countries, working people in Africa, Asia-Pacific and the Americas have lost jobs and incomes and could face widespread famine unless there is urgent global co-ordination and fiscal stimulus measures.

Les effets de la COVID-19 sur le monde du travail s’accentuent alors que de plus en plus de pays ripostent à la pandémie en adoptant des mesures nationales de confinement, dont des fermetures d’écoles et d’entreprises non essentielles. Si de nombreux pays membres du G20 ou de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoient des mesures de protection des salaires ou de soutien au revenu, en Afrique, en Asie-Pacifique et sur le continent américain, nombre de travailleurs ont perdu leur emploi et leurs revenus, et pourraient être confrontés à une famine de grande ampleur si aucune coordination mondiale ni mesure de relance budgétaire ne sont adoptées de toute urgence.

La deuxième enquête mondiale sur la COVID-19, que la CSI a menée du 30 mars au 2 avril 2020 auprès de 116 organisations syndicales de 94 pays, dont 17 pays du G20 et 32 pays de l’OCDE, révèle ces disparités régionales.

La dernière analyse de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les effets catastrophiques de la COVID-19 sur les heures de travail et les revenus montre que l’Afrique pourrait perdre 22 millions d’emplois équivalents plein temps (sur la base d’une semaine de travail de 40 heures), l’Asie-Pacifique pourrait en perdre 150 millions et les Amériques, 29 millions.

« Même si les pays du G20 ont promis une mesure de relance record de 5 000 milliards de dollars US, elle risque de ne pas englober des pays émergents et en développement.

La grande majorité des gouvernements (72 %) adoptent des mesures pour protéger les salaires ou soutenir les revenus, mais de grandes différences régionales apparaissent. Dans 41 % des pays, de telles mesures ne suffisent pas pour couvrir les besoins essentiels – une situation que l’on retrouve majoritairement dans les pays d’Asie-Pacifique (64 %) et sur le continent américain (45 %).

Nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre que la pandémie frappe les pays d’Afrique et d’Amérique latine avec la même férocité qu’ailleurs sans un plan d’action. En Afrique, 57 % des gouvernements des pays qui ont répondu à l’enquête ne prévoient aucune mesure de protection des salaires ni de soutien au revenu pour les travailleurs ; sur le continent américain, 35 % des gouvernements ont adopté la même position. Nous devons nous préparer avec tous les outils à notre disposition à soutenir ces pays sur lesquels de nombreuses autres nations du monde, y compris des économies avancées, comptent pour s’approvisionner en denrées et matériaux au travers des chaînes d’approvisionnement mondiales », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

La CSI appelle à appuyer la création d’un Fonds mondial pour une protection sociale universelle en faveur des pays les plus pauvres pour soutenir les soins de santé et des mesures de soutien au revenu, et demande que le Fonds monétaire international (FMI) coordonne les mesures de relance budgétaire, émette des droits de tirage spéciaux, mette en place un fonds fiduciaire permettant aux économies avancées de réallouer leurs avoirs en droits de tirage spéciaux et consacre ce fonds à la santé publique, à la protection sociale et aux emplois.

Voici quelques-unes des conclusions de l’enquête mondiale de la CSI sur la COVID-19, qui inclut des données de suivi pour les pays qui ont répondu aux deux sondages, menés respectivement la semaine du 17 et du 30 mars 2020 :

  • 62 % des 67 pays ayant répondu aux deux enquêtes ont aujourd’hui adopté des mesures de confinement, en progression par rapport au premier sondage où la proportion était de 54 %.
  • La majorité des pays d’Europe (75 %) sont confinés ; suivent ensuite ceux du continent américain (71 %) et enfin les pays d’Asie-Pacifique (61 %).
  • Au Brésil, le gouvernement de Bolsonaro est le seul des 94 pays de l’enquête à continuer de prétendre que le coronavirus n’est une menace grave ni pour la santé publique ni pour l’économie nationale.

Dans bien des pays, gouvernement, employeurs et syndicats travaillent ensemble pour gérer les répercussions sociales et économiques de la COVID-19, esquissant ainsi un nouveau contrat social. Dans 64 % des pays, les autorités répondent correctement aux besoins des travailleurs. Tel est le sentiment dans toutes les régions, à l’exception des Amériques où la réaction des gouvernements est considérée comme mauvaise dans 65 % des pays.

S’il existe des exemples de bons employeurs qui garantissent les emplois et les revenus pendant 90 jours, soutiennent les chaînes d’approvisionnement et reversent à la société, trop d’employeurs abandonnent les travailleurs. Dans 56 % des pays, le sentiment est que les employeurs ne répondent pas comme il se doit aux besoins des travailleurs. C’est sur le continent américain et dans la région Asie-Pacifique que la réponse des employeurs face aux attentes de la main-d’œuvre est la moins bien adaptée. Sur les 67 pays qui ont répondu aux deux enquêtes, 51 % estimaient que les employeurs ne réagissaient pas correctement lors du premier sondage, alors qu’ils sont désormais 61 % à partager ce sentiment.

« Aujourd’hui, l’avertissement de l’OIT est grave, prévoyant une baisse des heures de travail (sur la base d’une semaine de travail à temps plein de 40 heures) équivalente à une perte de 230 millions d’emplois à temps plein dans le monde. L’avenir s’annonce difficile. Ce n’est qu’en travaillant ensemble, grâce au dialogue social entre syndicats, employeurs et gouvernements, et en s’engageant en faveur d’une coordination mondiale que les gouvernements regagneront la confiance de la population. Telle est le chemin à suivre après la pandémie pour ne laisser personne de côté », a conclu Sharan Burrow.

ENDS

Consultez les principales conclusions de l’enquête mondiale de la CSI sur la COVID-19.