Des enfants burkinabés échappent à l’esclavage... un travail syndical

Décembre 2013 : 12 enfants burkinabés vont retrouver leurs familles... L’Union des Chauffeurs Routiers du Burkina Faso (UCRB) a intercepté un "chargement" de jeunes enfants destinés à travailler en Côte d’Ivoire et les a pris en charge pour les rendre à leurs familles. Comment des syndicats ivoirien, burkinabé et belge se sont retrouvés mêlés à ce sauvetage?

Depuis 2011, la FGTB et sa centrale de l’alimentation HORVAL mènent un projet syndical de lutte contre le travail et la traite des enfants dans ces deux pays avec le SYNA-CNRA, syndicat ivoirien de l’agro-alimentaire et l’UCRB, le syndicat burkinabé du transport. La stratégie du projet repose sur deux secteurs-clés: les plantations de cacao en Côte d’ivoire et le transport routier au Burkina Faso.
Ensemble, la FGTB, HORVAL, le SYNA-CNRA et l’UCRB constitueront un réseau syndical pour lutter contre le travail des enfants dans toute la chaîne du cacao, depuis la Côte d’Ivoire jusqu’à la transformation du chocolat en Belgique. Les Belges consomment beaucoup de chocolat, plus de 10 kg par personne et par an... La Belgique produit 172 000 tonnes annuelles de chocolat. Les fèves de cacao proviennent majoritairement de plantations de Côte d’Ivoire où travaillent surtout des enfants burkinabés. Situation que les syndicats dénoncent.
Les conditions de travail des enfants sont très pénibles : ils sont exposés à tous les risques dans les plantations car ils effectuent des tâches dangereuses telles que le transport de fardeaux lourds, le débroussaillage à la machette et l’application de pesticides nocifs. Ces enfants sont peu payés et souvent juste logés et mal nourris. Ils travaillent souvent en dehors du domicile et font un nombre d’heures très élevé le jour et la nuit. Près de 43 % d’entre eux travaillent sans la supervision d’un adulte.

Le projet de la FGTB-HORVAL vise à renforcer la structure et les capacités des deux organisations partenaires ivoirienne, le SYNA-CNRA et burkinabé, l’UCRB, pour leur permettre de faire un réel travail de terrain au niveau de la lutte contre le travail et le trafic des enfants. En Côte d’Ivoire, il s’agira de rendre les agriculteurs des plantations de cacao plus conscients des risques liés à l’usage de la main d’oeuvre infantile, du besoin de scolariser les enfants et des dangers du trafic d’enfants. Le public cible se compose aussi des ouvriers des usines de transformation de cacao (entre autres, Barry Callebaut et Nestlé) et des autorités politiques. Au Burkina Faso, le projet a pour objectif de renforcer la connaissance des chauffeurs routiers sur le phénomène, leur vigilance mais aussi leur prise de responsabilité, faire en sorte également que les parents soient conscients des dangers du trafic et faire pression sur les autorités politiques pour qu’elles concrétisent leurs engagements politiques.

Pour lutter contre ce fléau, un travail syndical est effectué aux deux bouts de la chaîne d’approvisionnement du cacao. Au Sud, nos partenaires sensibilisent, forment et organisent les agriculteurs ivoiriens et transporteurs burkinabés. Au Nord, HORVAL et la FGTB organisent la solidarité internationale. Il s’agit ainsi d’édifier, via le projet, une mise en réseau « Sud-Sud » et « Nord-Sud » dans le but de reconstituer une chaine de cacao durable et décente, à savoir, sans travail ni trafic des enfants.
En juin 2014, la FGTB sera présente à la conférence annuelle de l’OIT qui orientera une de ses commissions sur le travail forcé. Au même moment, HORVAL et ses partenaires participeront du 9 au 13 juin 2014 à la Conférence Mondiale du Cacao à Amsterdam pour mettre une série de préoccupations syndicales en avant.
Le 17 octobre 2013, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont signé un accord bilatéral de lutte contre le trafic d’enfants entre leurs pays. La FGTB s’est réjouie de cette avancée historique. Il faudra maintenant veiller à le faire respecter.

La FGTB développe un programme de coopération syndicale cofinancé par l’Etat belge (DGD, Direction générale de coopération au développement). Ces projets se développent principalement en Afrique mais également en Palestine et en Amérique latine. Ils traitent, entre autres, de santé et sécurité sur le lieu de travail, de formations syndicales, ... Un seul projet s’attaque à lutter contre le travail des enfants et le trafic d’enfants-esclaves.

FGTB/ABVV (Yolanda Lamas et Leticia Beresi).