Cambodge : la CSI condamne les peines d’emprisonnement prononcées contre des dirigeants syndicaux

La CSI et l’UITA condamnent les peines d’emprisonnement prononcées contre les dirigeants du syndicat Labor Rights Supported Union (LRSU), représentant les employés khmers de NagaWorld.

La présidente du LRSU, Chhim Sithar, compte parmi les membres de la direction reconnus coupables d’« incitation à semer le trouble dans l’ordre public » après avoir participé à une manifestation pacifique organisée en opposition à la répression syndicale qui sévit au casino NagaWorld, à Phnom Penh. Au total, neuf dirigeants du LRSU ont été reconnus coupables lors d’une audience du tribunal qui s’est tenue aujourd’hui. Chhim Sithar a écopé d’une peine de deux ans de prison, dont elle a déjà purgé les huit premiers mois. Cinq autres ont été condamnés à un an d’emprisonnement, les trois derniers à une peine d’un an avec sursis.

Plusieurs actions ont été menées au casino NagaWorld au mois d’avril 2021 à la suite du licenciement par l’entreprise de 1.329 employés, sous prétexte des répercussions économiques de la pandémie de COVID-19. Parmi le personnel licencié figuraient 1.100 membres du LRSU et la totalité de ses dirigeants.

Au cours de la grève qui a suivi, les employés ont respecté toutes les procédures légales et ont tenté à maintes reprises d’engager des négociations de bonne foi avec l’entreprise.

Le secrétaire général par intérim de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Nous demandons à NagaCorp d’exercer son pouvoir d’influence pour convaincre les autorités cambodgiennes de revenir immédiatement sur leurs décisions, de libérer notre collègue Chhim Sithar et d’abandonner toutes les charges retenues contre elle et les autres membres de la direction du LRSU. NagaCorp doit réintégrer les employés licenciés et engager des négociations de bonne foi avec le syndicat. Justice et dialogue social sont les seules voies possibles pour l’entreprise. »

Événements depuis la grève :

  • Au mois de janvier 2022, 29 employés grévistes ont été arrêtés, 9 ont été inculpés.
  • Depuis février 2022, les autorités cambodgiennes se montrent de plus en plus hostiles à l’égard des grévistes, leurs interventions ayant déjà occasionné des blessures graves, notamment au visage, des fractures et même une fausse couche.
  • Le 3 avril 2022, Chhim Sithar et d’autres dirigeants du LRSU ont été menacés de mort. Le LRSU a signalé cette menace au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et à plusieurs ambassades.
  • Le 26 novembre 2022, Chhim Sithar a été arrêtée à l’aéroport de Phnom Penh à son retour du Congrès de la CSI organisé à Melbourne, en Australie. Selon les autorités, elle n’aurait pas respecté les conditions de sa libération sous caution en voyageant à l’étranger et a donc été incarcérée. Elle n’a cependant jamais eu l’occasion de connaître les conditions de sa libération sous caution et s’était déjà rendue à l’étranger sans problème.

En mars 2023, à la suite d’une plainte déposée par l’UITA auprès du Comité de la liberté syndicale de l’OIT pour violation des conventions 87 et 98, l’OIT a publié une décision formelle demandant instamment au gouvernement cambodgien de s’assurer que NagaCorp respecte les droits syndicaux et les droits du travail.

En avril 2023, l’UITA a également soumis une plainte auprès de l’OCDE contre les principaux détenteurs d’obligations de NagaCorp pour leur manque de diligence, au titre des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales.

La déclaration conjointe CSI/UITA est disponible à l’adresse https://www.ituc-csi.org/iuf-ituc-statement-cambodia.

Site de la campagne Nagaworld de l’UITA : https://www.iuf.org/campaigns/nagaworld/