Malgré un taux d’inflation proche des 150 % depuis l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, qui a plongé une grande partie de la population dans la pauvreté et la précarité alimentaire, et en dépit des coupes budgétaires drastiques qui menacent l’avenir des écoles, des universités et des services publics, sans compter la baisse attendue de 2,8 % du PIB cette année, le FMI a déclaré que « les progrès réalisés jusqu’à ce jour ont été vraiment remarquables ».
Contraste saisissant par rapport aux difficultés économiques du pays, les proches collaborateurs de Milei et les membres du conseil d’administration de la compagnie pétrolière nationale ont récemment bénéficié d’augmentations salariales supérieures au taux d’inflation. Les sénateurs ont voté à main levée une augmentation de leurs propres salaires de 170 %, une décision qui a été prise alors que la moitié de leurs compatriotes vivent dans la pauvreté.
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Le FMI salue l’excédent budgétaire en Argentine, mais il est indéfendable d’ignorer le coût humain de cette thérapie de choc pour l’économie. Les allocations de retraite ont été rabotées, plusieurs milliers d’employés du secteur public ont été licenciés, les services publics sont au bord du gouffre, le chômage est en hausse et la pauvreté alimentaire gagne du terrain.
Ces mesures économiques d’extrême droite et malavisées creusent davantage encore le fossé des inégalités et érodent les fondements de la démocratie. Rien d’étonnant à ce que Milei veuille également contourner le Congrès et restreindre les libertés civiles : cette idéologie antidémocratique est au cœur même de son régime politique. L’austérité n’est pas une solution lorsque la vie des citoyens et leurs droits démocratiques sont en jeu.
On ne peut faire l’éloge d’une telle situation, elle doit être condamnée et combattue. C’est pourquoi la communauté syndicale internationale se déclare solidaire des organisations syndicales CGT, CTA-T et CTA-A, qui défendent la justice et la démocratie. Une manifestation est attendue le 23 avril ainsi qu’une grève générale le 9 mai pour soutenir l’enseignement public, la recherche et le développement scientifique en Argentine. »
Réforme du FMI
Luc Triangle poursuit : « Le FMI et les autres institutions financières internationales (IFI) doivent modifier leurs approches. Elles doivent encourager les politiques qui renforcent la démocratie et la justice sociale, au lieu de les fragiliser. Comme le souligne clairement la campagne de la CSI Pour la démocratie, la démocratie va de pair avec les droits des travailleurs sur le lieu de travail et les libertés civiles au sein de la société, ainsi qu’avec des institutions mondiales qui accordent la priorité aux droits humains et syndicaux. »
À l’occasion de la tenue des réunions de printemps des IFI, la CSI et le groupement Global Unions ont publié leurs revendications clés en vue d’une réforme démocratique de l’architecture financière internationale. Plusieurs milliers de personnes ont déjà signé cette pétition mondiale réclamant que les IFI changent leur fusil d’épaule et soutiennent la démocratie au sein de nos sociétés, afin que les gouvernements puissent établir un nouveau contrat social pour les travailleurs et les travailleuses.