La déclaration finale des dirigeants du G20 ne fait aucune référence substantielle aux droits des travailleurs et au rôle important des syndicats dans la lutte contre les inégalités, la défense de la justice sociale et la transition juste pour endiguer le changement climatique. Malgré quelques références positives à la protection sociale, à l’égalité des genres et aux conditions de travail des travailleurs des plateformes, le texte manque d’ambition pour l’action climatique et ne propose aucun calendrier ou mesure concrète.
Comme le souligne Luc Triangle, secrétaire général par intérim de la CSI : « Le gouvernement Modi a tenté d’écarter la communauté syndicale légitime au profit d’un front syndical nationaliste hindou et a privilégié, en tant que président du sommet, un résultat qui ne tient pas compte de la réalité, à savoir que les richesses excessives détenues par une poignée d’individus sont à l’origine des inégalités croissantes observées dans le reste du monde.
Les gouvernements progressistes ont clairement fait passer les bons messages au G20, mais le gouvernement indien, en tant qu’organisateur de l’événement, a usé de son influence pour trahir les travailleurs, en Inde comme ailleurs. Nous sommes impatients de pouvoir participer à un véritable processus de dialogue et d’inclusion à l’occasion du G20 qui sera organisé l’an prochain par le Brésil. »
Un nouveau contrat social
Le contraste est saisissant avec le Sommet du L20, où les participants représentant les principaux gouvernements ont discuté d’actions concrètes pour les travailleurs, conformément au nouveau contrat social. Parmi les représentants gouvernementaux qui ont participé à cette réunion du L20, citons Kelly Olmos, ministre argentine du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale ; Luiz Marinho, ministre brésilien du Travail et de l’Emploi ; et Thea Lee, sous-secrétaire adjointe aux Affaires internationales du département du Travail des États-Unis. Ont également pris la parole lors de cette réunion Gilbert Houngbo, directeur général de l’OIT, et Nicolas Schmit, commissaire européen en charge de l’emploi et des droits sociaux.
Veronica Nilsson, secrétaire générale de la Commission syndicale consultative (TUAC) auprès de l’OCDE, a ajouté : « Le G20 doit faire beaucoup mieux s’il souhaite rester un acteur sur la scène internationale. Il semble n’avoir aucune conscience des besoins des travailleurs.
Le sommet de Delhi n’a proposé aucune nouvelle mesure pour lutter contre le changement climatique, la pauvreté et les inégalités, pas plus qu’il n’a condamné l’agression russe de l’Ukraine ou évoqué la crise du coût de la vie et la nécessité de revaloriser les salaires.
La décision la plus importante aura été celle d’offrir un siège à l’Union africaine autour de la table des négociations. Bien qu’importante, cette initiative n’aura qu’une utilité limitée si le G20 se montre incapable de prendre des décisions et des mesures pour l’emploi, la protection sociale et le changement climatique. »
« Nous avons déjà commencé à collaborer étroitement avec les syndicats et le gouvernement brésiliens en vue de préparer le programme de l’an prochain et nous espérons que le processus du G20 sera nettement plus positif pour les travailleurs.
Il est clair que le gouvernement du président Lula reconnaît le rôle social et économique positif que jouent les syndicats et que nous pourrons remédier aux préjudices causés par le gouvernement Modi en Inde.
Le G20 doit toutefois comprendre que les travailleurs luttent au quotidien et qu’ils méritent des dirigeants qui s’engagent à les soutenir dès maintenant et qui collaborent étroitement avec les syndicats qui les représentent », a déclaré Luc Triangle.
Les syndicats publieront prochainement un examen détaillé de la déclaration du G20 de cette année.