« Nous réaffirmons que les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont les bienvenus. Les syndicats aux quatre coins du monde réclament un lieu sûr, le droit au travail et l’égalité de traitement pour tous et insistent pour que personne ne soit contraint de migrer », a déclaré Owen Tudor, secrétaire général adjoint de la CSI.
Le nombre de migrants dans le monde a atteint les 281 millions en 2020, soit 3,6 % de la population mondiale, y compris les nombreuses personnes contraintes d’abandonner leur foyer en raison des effets du changement climatique. En 2019, l’OIT estimait à 169 millions le nombre de travailleurs migrants internationaux.
Les travailleurs/euses migrants ont davantage tendance à occuper des emplois faiblement rémunérés, précaires et informels, étant dès lors dépourvus de toute protection sociale. C’est notamment le cas des femmes migrantes, qui sont surreprésentées dans l’économie informelle, en particulier dans le secteur des soins et le travail domestique.
« Nous avons besoin d’une approche de la migration fondée sur les droits qui offre aux travailleuses et travailleurs migrants des possibilités de travail décent et un accès effectif à tous leurs droits, élaborée et mise en oeuvre par le biais du dialogue social et plaçant les normes du travail au premier plan », a ajouté Owen Tudor.
Les syndicats réaffirment que les travailleurs sont des travailleurs, indépendamment de leur statut de migrant, et appellent à un nouveau contrat social reposant sur six revendications essentielles qui accordent une place centrale aux personnes et à l’environnement:
- La création d’emplois respectueux du climat, garantissant une transition juste. La CSI réclame la création de 575 millions d’emplois décents d’ici à 2030 et la formalisation d’au moins un milliard d’emplois informels. Les investissements dans l’économie des soins sont la pierre angulaire des demandes de création d’emplois et de formalisation, dans la mesure où les travailleurs/euses migrants sont surreprésentés dans ce secteur.
- Des droits pour tous les travailleurs et travailleuses indépendamment de leur situation professionnelle ou de leur statut de migrant, y compris la limite à la durée du travail et la santé et sécurité au travail.
- Une justice salariale, notamment un salaire minimum vital pour tous les travailleurs et travailleuses.
- Une protection sociale universelle, notamment la création d’un Fonds mondial pour la protection sociale pour les pays les moins riches.
- L’égalité en ce qui concerne la race, le genre et le statut de migrant pour mettre fin à toutes les formes de discrimination.
- L’inclusion moyennant un modèle de développement fondé sur les droits avec la promesse de la réalisation des ODD.
« Parmi les violations systématiques des droits des travailleurs migrants figure la pratique courante du vol salarial. Des salaires minimums vitaux sont essentiels pour tous les travailleurs et travailleuses, et en particulier les migrants. Un travail décent ne pourra pas être assuré aux travailleurs migrants sans cela, tout comme une protection sociale universelle et le droit fondamental à la santé et à la sécurité au travail », a déclaré Owen Tudor.
Les permis de travail à durée déterminée, les programmes de migration circulaire – temporaire et saisonnière – et les agences de recrutement non réglementées rendent les migrants vulnérables à l’exploitation. Ces pratiques empêchent également leur intégration sociale et économique à long terme.
Afin de contribuer à protéger les travailleuses et les travailleurs migrants des pratiques d’emploi abusives, la CSI soutient le site web Recruitment Advisor (Consultation en recrutement pour les migrants), qui fournit des informations sur les agences de recrutement et les droits des travailleurs.
Les gouvernements doivent accroître les possibilités offertes aux travailleurs/euses migrants de régulariser leur statut, tout en investissant dans des voies de migration régulière, assurant l’intégralité des droits des travailleurs et la non-discrimination. Plus que tout, les gouvernements doivent garantir la liberté syndicale, le droit d’organisation et de négociation collective, fondements indispensables pour garantir le travail décent pour tous et toutes.