Bangladesh: de nouvelles preuves de violations systématiques des droits des travailleurs attestent de l’inaction du gouvernement

photo: AFP

De nouvelles preuves de violations des droits des travailleurs au Bangladesh dans trois grands secteurs économiques – le prêt-à-porter, le démantèlement des navires et le cuir – révèlent l’impact de l’inaction du gouvernement sur la vie des travailleurs et des travailleuses.

Le rapport, publié avant la présentation, au Conseil d’administration du BIT la semaine prochaine, du dernier rapport du gouvernement sur les progrès accomplis, dévoile le visage humain de l’incapacité du gouvernement à mettre en place des systèmes de protection des travailleurs.

Les entretiens réalisés en octobre et novembre 2021 avec des travailleurs font apparaître des violations systématiques des droits:

  • pratiques de travail injustes;
  • discrimination antisyndicale;
  • lieux de travail dangereux;
  • violence contre les travailleurs; et
  • non-paiement des salaires et des prestations.

Étant donné que les travailleurs/euses ne disposent pas d’un mécanisme de gestion des plaintes fiable, les demandes de règlement des griefs se traduisent souvent par des violences verbales et physiques de la part de l’employeur, et par le licenciement des travailleurs/euses.

« L’obstruction de la part du gouvernement du Bangladesh et son refus d’améliorer les conditions mettent en péril la vie des travailleurs et des travailleuses. Chaque jour, il retarde son engagement à réformer, tandis que les travailleurs et leur famille ressentent les conséquences de l’inaction.

« À l’heure où le gouvernement du Bangladesh s’apprête à informer le Conseil d’administration de l’OIT de l’avancement des réformes, des cas de discrimination antisyndicale et salariale, ainsi que des mauvaises conditions de travail, continuent d’être signalés dans trois des plus grands secteurs d’emploi du pays – le prêt-à-porter, le démantèlement des navires et le travail du cuir (tannerie) », a déclaré Sharan Burrow.

Biplob, un travailleur âgé de 40 ans dans l’industrie du prêt-à-porter, était l’un des onze membres syndicaux qui ont été enlevés, les yeux bandés, après avoir obtenu l’enregistrement de leur syndicat; leur enlèvement visait à intimider les travailleurs/euses dans le syndicat nouvellement formé.

Shampa, âgée de 27 ans, a été menacée de licenciement lorsqu’elle a demandé les prestations de maternité qui lui avaient été promises.

Zaman, un travailleur de 49 ans dans le secteur du cuir, a indiqué que les travailleurs licenciés durant la pandémie ont retrouvé leur emploi, mais ils n’ont plus de contrat à durée indéterminée.

La CSI exhorte le gouvernement du Bangladesh à:

  • améliorer la sécurité des emplois;
  • soutenir le droit de liberté syndicale et de négociation collective;
  • instaurer un salaire minimum national;
  • sécuriser les lieux de travail; et
  • éliminer le harcèlement, la discrimination et les violences contre les femmes qui travaillent.

« Le gouvernement du Bangladesh doit immédiatement mettre en place un mécanisme de contrôle transparent et efficace pour la mise en œuvre de la feuille de route de l’OIT et mener de véritables consultations avec les mandants tripartites pour tous les points d’action », a indiqué Sharan Burrow.

La CSI a identifié dix domaines d’inaction de la part du gouvernement du Bangladesh, pour lesquels il devra rendre compte des progrès accomplis, au mois de mars 2022.

  1. Là où des comités tripartites de suivi ou consultatifs devaient être mis en place, les conditions préalables à des consultations pertinentes et constructives ou les procédures de suivi efficaces étaient inexistantes, notamment la publication d’un calendrier de réunions, de convocations, de la liste des problèmes et de documents d’information pertinents.
  2. Les mesures relatives à la santé et à la sécurité au travail pour les zones franches d’exportation n’ont pas été adoptées, tandis que les autorités de ce secteur détiennent toujours le pouvoir sur les inspecteurs du travail et les représentants de la SST, contrairement à la Convention n° 81 de l’OIT et malgré les rapports faisant état de décès liés au travail et d’accidents professionnels.
  3. Les systèmes d’inspection du travail ne disposent pas de ressources suffisantes et les effectifs n’ont pas été recrutés en nombre suffisant.
  4. Les syndicats indépendants se voient toujours refuser leur enregistrement et sont victimes de discrimination.
  5. Aucune mesure n’a été prise pour lutter contre la discrimination antisyndicale, les pratiques de travail inéquitables et la violence dont sont victimes les travailleurs/euses.
  6. Il n’existe aucune base de données répertoriant les plaintes pour discrimination antisyndicale, les pratiques de travail inéquitables et les attaques contre les syndicats.
  7. La liste des conflits du travail en attente est longue, tandis que le nombre de plaintes pour corruption et injustice de la part des autorités judiciaires ne cesse d’augmenter.
  8. Les forces de sécurité se montrent de plus en plus intolérantes à l’égard de l’exercice des activités et des droits syndicaux.
  9. Les forces de police et de sécurité n’ont pas été tenues responsables des attaques durant les manifestations d’Ashulia en 2016 et 2019, et le gouvernement n’a pas demandé l’ouverture d’une enquête indépendante, comme l’a recommandé le Comité de la liberté syndicale de l’OIT.
  10. Aucun mécanisme n’a été mis en place pour informer régulièrement les travailleurs/euses de leurs droits et leur expliquer comment introduire des plaintes et faire appel à une assistance juridique en cas de violation.

FIN

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