Zimbabwe : la police s’en prend à des responsables syndicaux lors d’une répression qui porte atteinte aux droits civils

La CSI a réclamé au gouvernement zimbabwéen la libération immédiate et inconditionnelle du dirigeant syndical Japhet Moyo. Elle l’a par ailleurs prié de rétablir la paix dans le pays en modérant les forces de l’ordre et en réinstaurant un dialogue social.

L’arrestation du responsable syndical fait suite à la violente répression de plusieurs mouvements de protestation au cours desquels des policiers ont tiré à balles réelles sur des civils, tuant 12 d’entre eux. La police aurait également arrêté plus de deux cents personnes. Les manifestations – liées à un arrêt de travail de trois jours décrété par le Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU) – ont été organisées en réaction aux fortes hausses des prix des produits et services essentiels après que le gouvernement a unilatéralement imposé une augmentation de 150 % du prix des carburants.

« Après avoir ouvert le feu sur ses concitoyens, la police s’en prend désormais à des syndicalistes en procédant à des arrestations et en se livrant à des actes d’intimidation et de violence. Le monde a les yeux rivés sur le Zimbabwe et le Président Emmerson Mnangagwa doit agir au plus vite pour rétablir un climat exempt de violence et de crainte », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Le secrétaire général du ZCTU, Japhet Moyo, a été arrêté le 21 janvier, accusé de « tentative de renversement d’un gouvernement constitutionnellement élu ou d’incitation à la violence ». Dans le même temps, le président du ZCTU, Peter Mutasa, a dû se cacher à la suite d’une perquisition de son domicile au cours de laquelle les forces de l’ordre s’en sont violemment pris à deux de ses proches.

« La liberté de réunion et d’association pacifiques est un indicateur d’une démocratie saine. La réaction pernicieuse de la police constitue clairement un abus de pouvoir et va à l’encontre les normes de l’OIT, dont le droit de grève. Ce sont les politiques du gouvernement qui ont provoqué le mécontentement populaire et c’est donc par des politiques que les autorités doivent réagir, non par la violence », a encore ajouté Mme Burrow.

Dans une lettre qu’elle adresse au Président du Zimbabwe, la CSI cite les différentes mesures à adopter pour apaiser la situation en invitant instamment le gouvernement à « rétablir un climat social exempt de violence et de crainte, à garantir la sécurité de tous les manifestants et à procéder à la libération immédiate et inconditionnelle des personnes arrêtées, y compris le secrétaire général du ZCTU, Japhet Moyo ». Elle réclame ensuite qu’une enquête judiciaire indépendante soit menée pour tous les actes de violence perpétrés à l’encontre des manifestants et invite à la reprise de négociations de bonne foi avec la direction du ZCTU après le report du gouvernement de la réunion de janvier du forum tripartite de négociation.

Le Conseil de coordination syndicale d’Afrique australe (SATUCC) invite à l’organisation d’une journée d’action régionale le 1er février pour dénoncer la répression du gouvernement du Zimbabwe et la CSI a décidé de mobiliser des membres syndicaux dans le monde entier pour faire écho à ces mouvements de protestation.

Cliquez ici pour lire la lettre adressée au Président Mnangagwa : www.ituc-csi.org/IMG/pdf/20190121_ituc_protest_letter_following_arrest_zctu_gs_en.pdf

Cliquez ici pour lire l’article précédent sur la situation au Zimbabwe du 15 janvier 2018 : https://www.ituc-csi.org/zimbabwe-la-repression-violente-de