Un nouveau Forum syndical arabe démocratique : Pour la liberté, la justice sociale et la dignité

Quinze organisations syndicales arabes de dix pays réunies à Amman, en Jordanie, ont aujourd’hui fondé un nouveau Forum ayant pour vocation de promouvoir les valeurs fondamentales du syndicalisme démocratique et indépendant et d’accroître la solidarité et l’unité syndicales régionales. Les organisations fondatrices proviennent du Bahreïn (GFTU), de l’Égypte (EFITU), de l’Irak (GFIW), GFJTU de Jordanie, du Koweït (KTUF), de la Libye (FLWF*), de la Mauritanie (CLTM, CNTM, UTM), du Maroc (CDT, CGTM, UMT), de la Palestine (PGFTU), de la Tunisie (UGTT) et du Yémen (GFYWTU).

« Le processus de transition démocratique et les luttes révolutionnaires toujours en cours nécessitent un meilleur soutien du mouvement syndical arabe. Nos priorités sont d’aboutir à une démocratie réelle et à la justice sociale, pour assurer la dignité de tous dans le monde arabe », a déclaré le dirigeant syndical tunisien Abdessalem Jerad, qui a été élu président du nouveau Forum.

La Déclaration finale de la réunion affirme :
« Protagoniste historique des luttes pour la libération nationale, le mouvement syndical indépendant du monde arabe se bat depuis des décennies au milieu des circonstances les plus adverses pour faire respecter la liberté syndicale et le droit d’organisation, de même que pour défendre les droits fondamentaux au travail et assurer un niveau de vie digne aux familles des travailleurs et à l’ensemble de la société. Les militants du mouvement syndical libre de la région se sont systématiquement vus confrontés à de virulentes campagnes de répression et d’exclusion. Ces pratiques oppressives ont nui aux intérêts des travailleurs et travailleuses, exacerbé les disparités sociales, aggravé le chômage et la pauvreté et étendu l’économie informelle et les formes d’emploi précaires.

« Pour surmonter les défis et les difficultés résultant, à la fois, du capitalisme sauvage globalisé et de l’échec des politiques économiques et sociales, le mouvement syndical indépendant est amené à assumer de nouvelles responsabilités historiques, qui sous-entendent de sa part une plus grande proximité aux bases.
Cela implique un plus grand effort de solidarité et la promotion de l’unité et de l’action commune, notamment à l’endroit des travailleurs et des syndicalistes qui, en ce moment-même, font face à des difficultés extraordinaires, notamment au Bahreïn et en Syrie.

« Attaché à la transparence et à la démocratie dans les affaires internes des syndicats, le mouvement syndical arabe démocratique veut jouer un rôle prééminent et effectif envers la promulgation des lois relatives à la transition démocratique, élaborer les mécanismes y afférents dans les différents pays arabes et veiller à engager des consultations et à conjuguer ses efforts avec les autres acteurs sociaux qui croient en la liberté, au progrès et à l’égalité. »

Parmi les autres points-clés de la Déclaration :
Les membres fondateurs du Forum se sont engagés à défendre et à promouvoir les principes fondamentaux du syndicalisme indépendant. Le droit de tous les travailleurs de former des organisations syndicales indépendantes et représentatives, le droit de négociation collective, le rejet de toute ingérence extérieure dans les affaires syndicales et le respect des libertés publiques et individuelles, y compris la liberté d’expression et la contestation pacifique.

L’égalité entre l’homme et la femme, l’élimination de la discrimination sous toutes ses formes, y compris à l’égard des migrants, le dialogue social véritable, la protection sociale effective pour l’ensemble des travailleurs et travailleuses, y compris ceux et celles travaillant dans l’économie informelle, voilà quelques-unes des priorités essentielles du Forum.

Shaher Sae’d, secrétaire général de la PGFTU (Palestine), a été élu coordinateur du nouveau Forum.

« Nous saluons chaleureusement le lancement du nouveau Forum. Un mouvement syndical arabe plus fort et uni peut jouer un rôle essentiel envers l’avènement d’une démocratie véritable et la lutte contre le chômage, la précarité, la pauvreté et l’inégalité, qui touchent tout particulièrement les jeunes et les femmes, qui forment l’avant-garde de ces combats », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

*Fédération libyenne libre des travailleurs.