Turquie: le Comité exécutif de la KESK est acquitté mais la répression antisyndicale se poursuit

Les accusations infondées en matière pénale à l’encontre de l’ensemble du Comité exécutif, composé de sept membres, de la confédération turque KESK, affiliée à la CSI, ont été rejetées par la Haute Cour pénale d’Ankara le 3 mars dans une décision confirmant que l’appel à la paix ne peut être considéré comme un délit par la loi turque.

Dans un communiqué de presse publié en janvier 2018, le Comité de la KESK a lancé un appel en faveur de la paix, mettant en garde contre l’impact de l’incursion de l’armée turque à Afrine, en Syrie, en particulier sur le peuple kurde, et a critiqué le détournement des ressources vitales destinées à répondre aux besoins sociaux et économiques urgents en Turquie.

« Nous sommes heureux de constater que la justice prévaut. Personne ne devrait faire l’objet de poursuites pénales pour avoir lancé un appel en faveur de la paix. Les actions pénales intentées contre les dirigeants de la KESK s’inscrivent dans le cadre d’une action structurée visant à intimider toute forme d’opposition sociale et politique. Le mouvement syndical international se bat pour la paix, contre le terrorisme et pour la résolution des conflits par le dialogue et la négociation, dans le respect de l’État de droit, et souligne que toutes les parties devraient résoudre leurs différends par des moyens pacifiques. L’emploi de la force armée, en particulier contre des civils, notamment les femmes et les enfants, est un affront à l’humanité. Les syndicats aux quatre coins du monde continueront de réclamer un travail décent, la démocratie et la paix », a déclaré la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow.

Des représentants de la CSI et des syndicats du secteur public aux Pays-Bas et en Suède ont assisté à l’audience en qualité d’observateurs.

Dans le cadre d’une autre affaire, dont l’audience est prévue le 9 mars, Arzu Çerkezoglu, présidente de la centrale syndicale DISK, affiliée à la CSI, fait l’objet de poursuites pénales, risquant d’être condamnée à une peine de prison pour avoir critiqué l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie. Plusieurs autres syndicalistes font encore l’objet de poursuites.

« La Turquie demeure l’un des pays les plus hostiles pour les syndicalistes dans le monde. Nous appelons le gouvernement d’Erdogan à mettre un terme à la répression à l’encontre des syndicats et d’autres organisations dans le pays pour avoir simplement exercé leurs droits légitimes, ainsi qu’à retirer l’ensemble des peines et des chefs d’accusation infondés qui ont été prononcés », a indiqué Sharan Burrow.