Thaïlande : l’emprisonnement des dirigeants syndicaux des cheminots est une parodie de justice

photo: Shoestring at wts wikivoyage

La condamnation hier par un tribunal thaïlandais à trois ans de prison de treize dirigeants du Syndicat des cheminots thaïlandais (SRUT) est une parodie de justice.

Les membres du SRUT ont fait l’objet de poursuites judiciaires acharnées de la part de la société des chemins de fer d’état thaïlandais pour avoir mené une campagne nationale de sécurité ferroviaire à la suite d’un déraillement meurtrier survenu en octobre 2009 dans la gare de Khao Tao.

Les autorités se sont également livrées à une vendetta contre les travailleurs, notamment par l’intermédiaire de la commission nationale anti-corruption thaïlandaise (National Anti-Corruption Commission, NACC).

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Il est absolument scandaleux que les autorités nationales soient prêtes à aller à l’encontre de l’État de droit pour poursuivre des cheminots qui n’ont fait qu’essayer de protéger les usagers et leurs collègues de la dangereuse incompétence des cadres supérieurs du système ferroviaire. Nous sommes en présence d’une attaque effrontée contre les droits fondamentaux des travailleurs, d’un recours abusif aux tribunaux et d’un comportement malhonnête de la part de l’instance même qui est censée éradiquer la corruption. Nous nous joignons à la Fédération internationale des ouvriers du transport pour exiger la libération immédiate des travailleurs, l’abandon de toutes les charges retenues contre eux et la restitution des salaires qui ont été frauduleusement retirés à sept d’entre eux par les autorités. »

La Commission nationale des droits de l’homme en Thaïlande ainsi qu’une commission d’enquête interne ont conclu que le déraillement était principalement dû au mauvais entretien et au mauvais état de la locomotive.

Suite à une décision de la Cour suprême du travail en 2017, les salaires mensuels de sept dirigeants du SRUT ont été déduits depuis novembre 2018 pour payer à la société nationale des chemins de fer (SRT) des amendes à hauteur de 24 millions de baht (726.116 USD) pour l’initiative qu’ils avaient prise en 2009.

Cette mesure équivaut à une sanction collective à l’encontre des travailleurs et de leurs familles. La SRT doit à présent retirer les amendes et rembourser les sept dirigeants de la SRUT.

Elle doit également veiller à ce que les dirigeants du SRUT soient pleinement indemnisés pour les salaires et les prestations qu’ils n’ont pas reçus depuis leur réintégration. La CSI et l’ITF continueront à soutenir les 13 membres du SRUT et leurs familles alors qu’ils déposent une caution pour faire appel du jugement.