Le constructeur automobile le plus apprécié du monde n’a pas tardé à devenir un des employeurs les plus belliqueux. Le rapide succès commercial de Tesla n’a d’égal que la chute de ses dirigeants vers une politique antidémocratique et antisyndicale.
En Allemagne, en Suède et aux États-Unis, Tesla a violé le droit syndical de manière agressive, refusé de prendre part à des négociations collectives et provoqué des grèves sans précédent en raison du mépris qu’elle affiche à l’encontre du dialogue social – un pilier de la démocratie industrielle dans de nombreuses économies européennes. L’hostilité de Tesla envers les syndicats lui a valu de figurer sur la liste des pires antisyndicalistes de 2023. Les usines de Tesla ont « signalé dix fois plus de violations de la sécurité que Nissan... bien que Nissan ait construit presque dix fois plus de voitures au cours de la même période. »
Mais Tesla ne se limite pas à affaiblir les normes démocratiques dans les économies hautement industrialisées. Sa chaîne d’approvisionnement repose sur des sociétés d’extraction de nickel qui ne respectent pas les normes de consultation des communautés locales indonésiennes et qui déboisent à une telle vitesse que les inondations et la pollution de l’eau menacent les alentours. La chaîne d’approvisionnement de l’entreprise fait appel à une autre société de notre liste, Glencore, pour l’extraction de cuivre et de cobalt en République démocratique du Congo, où le travail des enfants est apparemment pratiqué.
Derrière les politiques de Tesla, il y a bien sûr son PDG, Elon Musk, un des hommes les plus riches de l’histoire. Elon Musk s’oppose ouvertement aux syndicats, affirmant que la syndicalisation crée « une sorte de situation de seigneur et de paysans. » Il a illégalement menacé les travailleurs californiens de Tesla, qui prévoyaient de se syndiquer, de supprimer leurs options d’achat d’actions de l’entreprise et a qualifié de « fous » les travailleurs suédois qui ont fait grève. Le zèle antisyndical d’Elon Musk se manifeste également dans ses autres activités. SpaceX, dont il est également le PDG et qui dirige les actions mondiales visant à privatiser l’espace, s’est jointe à une autre entreprise de notre liste, Amazon, pour inciter les tribunaux à déclarer inconstitutionnel le National Labor Relations Board (Conseil national des relations de travail). Ce conseil régit les conflits entre les travailleurs américains et leurs employeurs dans le secteur privé depuis les années 1930.
Alors qu’Elon Musk, avec ses entreprises, a versé des millions de dollars pour influencer les décideurs politiques dans le monde entier, il est devenu un héros de l’extrême droite. En qualité de propriétaire de la plateforme de réseau social X (anciennement Twitter), il a répondu aux reproches d’un utilisateur au sujet d’un coup d’État en Bolivie – pays dont les réserves de lithium sont considérées comme très précieuses pour des fabricants de véhicules électriques comme Tesla – en déclarant : » « Nous ferons des coups d’État contre qui nous voulons. Faites avec ! » Il s’est engagé à donner 45 millions de dollars par mois à un comité d’action politique pour soutenir la campagne de réélection de Donald Trump, et a cherché à établir des relations étroites avec d’autres dirigeants d’extrême droite, dont l’Argentin Javier Milei et l’Indien Narendra Modi. Par ailleurs, depuis qu’il est propriétaire de X, Elon Musk a restructuré la plateforme et clairement exprimé son soutien aux comptes X des nationalistes blancs, antisémites et anti-LGBTQ+.