Syndicalisation des travailleurs des bananeraies du Guatemala

TUC Aid et BananaLink travaillent coude à coude dans une initiative visant à étendre la portée et les effets de la négociation collective dans le secteur bananier au Guatemala, en dispensant des formations pour hommes ou femmes délégués syndicaux. Lancé en début d’année, ce projet entend promouvoir la syndicalisation dans les plantations bananières tant de la province d’Izabál du côté Caraïbe, que du sud du pays, du côté Pacifique, en organisant des campagnes de syndicalisation et de plaidoyer et en encourageant le dialogue social. L’on s’attend à un renforcement des capacités des syndicats qui représentent les travailleurs/euses du secteur bananier, permettant ainsi d’étendre la couverture et d’accroître l’efficacité des conventions collectives.

Activités menées et répercussions constatées

Le programme de formation est bien engagé. Au total 69 personnes, membres de comités exécutifs de SITRABP, SITRABAT, SITRAFTSA, SITRAGSA et SITRABI, ont jusqu’à présent suivi des stages de formation sur le thème « Droits et responsabilités des travailleurs/euses ». Presque tous les stagiaires avaient entre 25 et 40 ans, et dix étaient des femmes. Outre les stages, des activités de syndicalisation sont en cours dans sept plantations du district de Bobos où les effectifs syndicaux sont faibles. Pour l’heure, avant de démarrer la syndicalisation des travailleurs/euses du sud du pays, la stratégie est d’approfondir le travail en cours et de consolider les avancées obtenues avec les cinq syndicats de ces plantations et ceux des plantations voisines appartenant à Chiquita.
Les premiers participants au programme de formation venaient de quatre syndicats présents sur des plantations d’État qui vendent leur production à Del Monte. SITRABI observe que pour la première fois, ces quatre syndicats de petite taille commencent à ressentir qu’ils ont un destin commun et à reconnaître qu’une approche unitaire concertée avec SITRABI serait avantageuse pour tous.
Grâce à l’aide de facilitateurs externes expérimentés choisis par SITRABI, les stages ont contribué à améliorer les compétences de dialogue et de formulation de propositions au nom des travailleurs. « À présent nous avons l’impression d’être nettement plus proches que par le passé, de davantage nous faire confiance les uns aux autres et de vraiment procéder à un partage d’expériences. Ce que les gens ont appris est déjà en train de se traduire par une amélioration des prestations sociales et économique grâce aux processus de négociation collective qui auparavant étaient bloqués. » Tel est le témoignage de Noé Ramirez, secrétaire général de SITRABI, dans le dernier rapport du syndicat à BananaLink.

Réunion intersyndicale

La toute première réunion regroupant les représentants des 12 syndicats de travailleurs/euses des bananeraies d’Izabál s’est tenue le 6 mai au siège de SITRABI. Les syndicats ont pu procéder à l’évaluation du conflit dans le district de Bobos, où les producteurs menacent d’abandonner la production bananière. SITRABI a informé les autres syndicats du programme de formation financé par TUC Aid au travers de BananaLink.

Dialogue social élargi

Suite aux rencontres avec le ministre adjoint tenues en 2012 et au début de l’année 2013, SITRABI et des camarades de Colsiba (basé au Honduras) ont rencontré pour la première fois le ministre du Travail et lui ont présenté leur proposition pour un processus de dialogue social tripartite à Izabál et dans la région du Pacifique Sud. Le ministre a mis en avant que les réticences des producteurs du sud à entamer un dialogue social étaient dues aux conflits régnant dans le district de Bobos (Izabál) et que tout processus conduisant au dialogue devrait être extrêmement bien préparé et inclure le règlement du conflit à Izabál. Il a proposé aux syndicats que des réunions hebdomadaires soient organisées afin de préparer le terrain. Le programme de formation, les processus intersyndicaux et les préparatifs du dialogue sectoriel doivent par conséquent être vus comme inextricablement liés et progresser en parallèle.

Quelques obstacles

Dans le district de Bobos (Izabál) le problème des barrages persiste : il s’agit de barrières physiques qui empêchent d’entrer ou de sortir des plantations d’État qui fournissent Del Monte, mises en place par des groupes de travailleurs dès qu’un problème de violation de droits surgit dans une des entreprises.
Le ministre du Travail n’a pas encore convoqué la première table-ronde sectorielle bananière, alors qu’il s’était engagé à le faire avant la conférence de l’OIT de juin 2013.
BANDEGUA (Del Monte) n’a jusqu’à présent pas accepté de se réunir pour aborder les processus en cours qui visent à débloquer le dialogue tripartite et démarrer le renforcement des capacités dans le sud. SITRABI souhaite que cette entreprise se porte « garante des bonnes relations entre SITRABI et les quatre autres syndicats présents sur les plantations qui approvisionnent l’entreprise. »

Article fourni par TUC